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REELECTION D’ANDRY RAJOELINA A MADAGASCAR : Le plus dur commence


Une semaine après le premier tour de la présidentielle à Madagascar, les urnes ont livré leur verdict. Sans surprise, c’est le président sortant qui l’emporte avec 58, 95% des voix, si l’on en croit les résultats rendus publics par  la Commission électorale. Ainsi donc, Andry Rajoelina se succède à lui- même, à l’issue d’un scrutin que dix candidats sur 13, ont boycotté, estimant que le jeu politique était verrouillé. Cela n’a rien de surprenant ; tant on voyait venir les choses. Du reste, pouvait-il en être autrement quand on sait que l’ex-disk-joker devenu président, a violé les règles du jeu en perpétrant un coup d’Etat constitutionnel afin de se donner toutes les chances de rempiler pour un second mandat ? Si fait qu’en lieu et place du président du Sénat qui devait prendre les rênes du pouvoir pour organiser les élections conformément aux lois et textes en vigueur, il y a mis son Premier ministre, connu pour être son homme- lige. L’opposition a beau ruer dans les brancards, rien n’y fît. Tel un  crustacé dans sa carapace, Andry Rajoelina a préféré continuer son  petit bonhomme de chemin, convaincu qu’il finirait par avoir ses contempteurs à l’usure. Et ce n’est pas tout. Car, en plus de la prime au sortant et  du soutien de l’appareil d’Etat dont il bénéficie, Rajoelina a fait montre d’une débauche inégalée de moyens financiers. En effet, non seulement il battait compagne à l’américaine, mais aussi il procédait ostensiblement à la corruption et à des achats de consciences dans un pays où la pauvreté a pignon sur rue.

 

Les poids-lourds de l’opposition qui ont boycotté le scrutin, disent ne pas reconnaître une once de légitimité à Andry Rajoelina

Autant de pratiques malsaines qui interrogent sur la qualité des élections du 16 novembre dernier, et qui ont achevé de convaincre une bonne partie de l’opposition que le président sortant ne joue pas franc-jeu. Maintenant que ce dernier a été réélu pour un nouveau mandat et ce, dans des conditions pour le moins chaotiques, on ne peut s’empêcher de se poser la question suivante : quels lendemains pour la Grande île ? La question reste posée d’autant que les poids-lourds de l’opposition qui ont boycotté le scrutin, disent ne pas reconnaître une once de légitimité à Andry Rajoelina.  Aussi, sitôt après la publication des résultats provisoires par l’organe électoral, un des trois candidats en lice, a saisi la Haute cour constitutionnelle (HC) pour demander non seulement l’annulation du scrutin, mais aussi la disqualification de Andry Rajoelina dont la candidature aurait dû, dit-il, être invalidée du fait de sa double nationalité. Il motive sa requête par le fait qu’en 2014, l’ex-maire d’Antananarivo s’était, en toute discrétion, naturalisé français. Mais quand on sait que la HCC est inféodée au pouvoir en place, on peut, d’ores et déjà, affirmer que celle-ci ne prendra pas le risque de contrarier le président réélu qui a déjà annoncé son investure pour le 9 décembre prochain. Cherche-t-il à couper l’herbe sous les pieds de ses contempteurs ? Tout porte à le croire. Mais la diversion ne saurait tarder. Car, le plus dur  ne fait que commencer pour Andry Rajoelina qui a tout intérêt à résoudre la crise politique qu’il a, par ses propres turpitudes, provoquée dans son pays. Saura-t-il dépasser son ego surdimensionné pour tendre la main à son opposition en vue d’une décrispation de l’atmosphère sociopolitique à Madagascar ? On attend de voir !

 

Boundi OUOBA


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