HomeA la uneREELECTION DE FAURE AU TOGO: Que peut encore Fabre ?

REELECTION DE FAURE AU TOGO: Que peut encore Fabre ?


Sans surprise, la Cour constitutionnelle du Togo a déclaré le président Faure Gnassingbé définitivement vainqueur de la présidentielle du 25 avril dernier, avec 58,77% des voix contre 35,19% pour son principal challenger, Jean-Pierre Fabre. C’était le dimanche 3 mai dernier, au cours d’une cérémonie solennelle en présence de dignitaires du parti au pouvoir, des membres du gouvernement et des diplomates accrédités auprès de la République togolaise.
Mais le candidat de la Convergence pour l’alternance en 2015 (CAP 2015) continue de contester cette victoire de son adversaire, arguant du fait qu’au vu des résultats de 26 commissions électorales locales indépendantes que son parti a compilés, c’est lui qui remporte l’élection avec 52% des suffrages. Toutefois, en refusant de recourir à la Cour constitutionnelle pour introduire ses réclamations suivant les dispositions légales, l’on se demande à quoi Jean-Pierre Fabre veut finalement aboutir. Du reste, que peut-il encore, dès lors que les résultats définitifs ont été proclamés par l’instance suprême, entérinant la victoire de son adversaire ? Tout porte à croire qu’en raison de sa décision de tourner le dos à la Cour constitutionnelle qu’il trouve inféodée au pouvoir, Jean-Pierre Fabre s’est fait hara kiri, en ouvrant un boulevard à son adversaire pour un troisième mandat au palais de la Marina. D’autant plus que le recours à la Cour constitutionnelle était une procédure incontournable en cas de contestation.
C’est pourquoi sa stratégie reste incompréhensible, car c’est en toute connaissance des règles du jeu qu’il a pris part à ce scrutin. Certes, en Afrique, l’on n’organise généralement pas des élections pour les perdre. Et le Togo des Gnassingbé n’est pas un exemple en matière d’organisation d’élections libres et transparentes. La preuve, si l’on en croit certaines observations, les conditions dans lesquelles est intervenue la proclamation des résultats, est elle-même sujette à caution.

Un scénario à la kényane semble inimaginable dans le cas du Togo

Mais tout cela ne saurait justifier l’attitude de Fabre qui, s’il n’y prend garde, risque de donner de lui, l’image d’un mauvais perdant. En effet, en s’engageant à cette présidentielle, Fabre se devait de jouer le jeu jusqu’au bout, en prenant la communauté internationale à témoin. Et comme il semble avoir la conviction profonde de sa victoire, avec des preuves irréfutables, il aurait pu mettre la Cour constitutionnelle en difficulté. Cela aurait donné plus de poids et de crédibilité à son action. Mais en choisissant de s’écarter de la voie légale, Fabre a hypothéqué la légitimité de sa cause. De fait, il a lui-même entériné la victoire de Faure puisqu’en dehors de toute réclamation dans le délai imparti, la Cour constitutionnelle n’avait pas d’autre choix que de confirmer les résultats en sa possession, au regard des chiffres qui lui ont été transmis par la CENI. Fabre ne peut donc que s’en prendre à lui-même. A quoi cela lui servirait-il maintenant de prouver, après coup, « que sa victoire a été volée »? A rien d’autre sinon qu’à mettre le front social en ébullition, avec tous les risques de dérapage et de répression dans un pays qui s’est souvent illustré par des violences à chaque élection. Et dans ce bras de fer, il n’est même pas sûr de bénéficier du soutien du reste de l’opposition dont une certaine partie a opté pour le boycott. A moins que tout ce ramdam ne soit finalement une façon de monter les enchères pour amener Faure à la négociation. Mais a-t-il seulement une chance d’y parvenir ? Rien n’est moins sûr. En tout état de cause, un scénario à la kényane semble inimaginable dans le cas du Togo. Car, l’on ne voit pas comment Faure pourrait s’y résoudre sans que cela ne paraisse suspect, d’autant plus que la crédibilité du scrutin n’a pas été remise en cause par la communauté internationale. En tout cas, Les carottes semblent bien cuites pour Jean-Pierre Fabre d’autant plus que dans la foulée, Faure a prêté serment le lundi 4 mai 2015. Et comme le président Faure avait prévenu qu’il ne tolérerait aucune pagaille après la proclamation des résultats, l’on peut s’attendre à ce que toute contestation par la rue soit désormais durement réprimée, maintenant que la boucle est bouclée. Aussi, est-on en droit de nourrir des inquiétudes pour le Togo, car personne ne sait vraiment ce qui va se passer maintenant. Ni quelle est la marge de manœuvre du candidat de la CAP 2015. Que peut encore Fabre ? Acceptera-t-il de reconnaître sa défaite et de mettre le cap sur une autre échéance ou va-t-il maintenir le bras de fer ? Wait and see.

Outélé KEITA


Comments
  • le palais de lome cest pas le palais de la marina mais plutot lome II je pense non

    5 mai 2015

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