REFUS DES FONDS EUROPEENS POUR LES MIGRANTS PAR KAIS SAIED : Mauvaise nouvelle pour les Occidentaux
Le président tunisien, Kaïs Saïed, vient de refuser les fonds européens pour les migrants. C’est dire si le protocole d’accord signé par l’Union européenne, le 16 juillet dernier, avec la Tunisie, pour armer ce pays au sens figuré comme au propre du terme, contre les migrations illégales en échange de 105 millions d’euros, prend du plomb dans l’aile. Certes, le président tunisien ne s’oppose pas à toute aide, mais à celle qui s’apparente n’est de la charité. Cette attitude de Robocop n’est guère étonnante. En effet, le numéro 1 tunisien avait signifié aux Occidentaux, en des termes clairs, qu’il ne serait pas leur garde-côtes pour empêcher les migrants de rallier l’Europe. En attendant que l’homme politique ne fasse volte-face, on peut dire que ce refus des fonds européens pour les migrants, est une mauvaise nouvelle pour les Occidentaux. C’est d’autant plus vrai que ces derniers avaient consacré, le 23 juillet 2023, un sommet à la migration, lequel sommet avait réuni dans la capitale italienne, les pays riverains de la Méditerranée que sont non seulement les pays européens dits de « première entrée mais aussi les pays d’arrivée, de transit et d’origine des migrants ». Preuve, s’il en est, que les migrations illégales constituent une véritable préoccupation pour les Européens qui sont plus que jamais déterminés à stopper la déferlante de jeunes Africains. Mais l’attitude des Occidentaux ressemble, à bien des égards, à une vaste hypocrisie. En effet, pendant qu’ils donnent l’impression de défendre les droits humains, ils continuent à déverser beaucoup d’argent aux pays de transit pour empêcher, par presque tous les moyens, les migrants d’atteindre leurs côtes. C’est pourquoi des ONG avaient souhaité que le sommet de Rome demande en priorité à la Tunisie qui s’illustre négativement en matière de traitement de migrants, le respect des droits humains. Mais au lieu de cela, les Occidentaux encouragent plutôt des dirigeants autoritaires comme Kaïs Saïed à durcir les mesures contre les migrants, en contrepartie d’espèces sonnantes et trébuchantes.
On ne saurait absoudre à bons comptes la jeunesse africaine
Mais bien que son pays soit au bord de l’asphyxie économique, Kaïs Saïed ne veut pas se laisser dicter une conduite en matière de gestion des migrants. Mais pour combien temps ? L’avenir nous le dira. En vérité, la responsabilité des Occidentaux dans la souffrance des migrants africains, est grande et cela devrait leur donner à réfléchir. Ce d’autant que les mesures parfois drastiques prises, ne semblent pas dissuader les candidats à l’immigration. En tout cas, on fait le constat que ni la soif, ni les tempêtes en haute mer encore moins les naufrages n’émoussent la détermination des jeunes Africains à rejoindre l’Europe. C’est dire si une introspection profonde s’impose aussi bien pour les Occidentaux que pour les dirigeants africains. La responsabilité de ces derniers dans le phénomène migratoire, ne fait aucun doute. La persistance de l’immigration illégale n’est ni plus ni moins que l’expression de l’échec des politiques africaines de développement. En effet, tant que les dirigeants africains ne seront pas capables d’offrir des opportunités à même de garantir l’avenir de la jeunesse africaine, des candidats tenteront toujours de traverser la mer au péril de leur vie et cela, en quête d’un mieux-être. Tant qu’il y aura des guerres et autres conflits sur le continent noir, des jeunes Africains sauteront dans des embarcations de fortune à la recherche d’une terre d’espoir. Cela dit, on ne saurait absoudre à bons comptes la jeunesse africaine dont le premier réflexe est de prendre la mer dès que les conditions de vie deviennent précaires. Elle se doit d’être plus lucide et d’éviter de céder à la tentation de la vie facile qu’on lui fait miroiter à travers des films. Au demeurant, si le continent se vide de ses bras valides, qui viendra le construire à la place des Africains ? Les jeunes ont certes mille raisons de s’offusquer de leur sort au regard de certaines pratiques : achat de matières premières à vil prix donc paupérisation du continent, trucages d’élections, corruption à grande échelle, etc., mais il serait naïf de croire qu’ailleurs, c’est l’eldorado. Il n’y a pas de succès sans souffrance.
Dabadi ZOUMBARA