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REFUS DU PDCI D’ALLER AU PARTI UNIFIE AVANT 2020


La séparation de corps en attendant le divorce

Si le président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara (ADO), pensait pouvoir couper l’herbe sous les pieds de ses alliés en annonçant qu’il n’exclut pas la possibilité de briguer un nouveau mandat, il en a pris pour son grade. Car, au-delà de la clameur qu’a provoquée cette sorite médiatique dans le landerneau politique, le PDCI-RDA vient, coup pour coup, de lui répondre. En effet, réuni à Abidjan, le week-end écoulé, le bureau politique dudit parti se dit disposé à aller au parti unifié qu’appelle de tous ses vœux le président ADO, mais à une seule condition : après l’alternance en 2020. Pour Henri Konan Bédié, cela ne fait l’ombre d’aucun doute. Au nom de l’alternance et du renvoi d’ascenseur, le RDR, parti au pouvoir, doit soutenir le PDCI-RDA qui a accepté de se sacrifier pendant une décennie pour le président Ouattara.

Les alliés d’hier ne parlent plus le même langage

C’est donc clair comme l’eau de roche. La séparation de corps est désormais actée entre les deux conjoints qui, faut-il le rappeler, constituent les poids lourds du RHDP (Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et le progrès), du nom de ce regroupement qui a permis de faire contrepoids à la forfaiture de Laurent Gbagbo, et qui, d’une simple plateforme, était en voie de devenir un parti unifié. Les alliés d’hier ne parlent plus le même langage. Ils ne regardent plus dans la même direction. Pour tout dire, ils ne dorment plus sur la même natte à plus forte raison faire les mêmes rêves.
Et à l’allure où vont les choses, on voit se profiler à l’horizon une guerre fratricide qui, si elle arrive, pourrait profiter au Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo. Ou encore peut-être à un troisième larron comme Guillaume Soro qui, en dépit de sa disgrâce, on le sait, ronge toujours ses freins. En tout cas, si la Côte d’Ivoire en venait à prendre feu de nouveau comme ce fut le cas en 2010-2011, ce serait par la faute du président Ouattara qui ne se sera pas montré bon prince en foulant au pied le pacte tacite mais non moins inestimable, qui le liait à son allié Henri Konan Bédié, au nom duquel le RDR renverrait la politesse au PDCI, en 2020. Et c’est peu dire ! Certes, il est vrai qu’en politique, la bonne foi et la sincérité ne sont pas toujours des valeurs partagées, mais c’est tout de même une grave erreur que de manquer d’égards vis-à-vis de ceux qui ont contribué à vous faire roi.
C’est pourquoi, dans l’intérêt supérieur de la Côte d’Ivoire, ADO gagnerait à revoir sa copie, s’il ne veut pas un jour se retrouver groggy de ses propres turpitudes.

La posture du PDCI est défendable : parti unifié d’accord, mais alternance d’abord

Car, pour paraphraser Jean Jacques Rousseau, on dira que « le plus rusé n’est jamais assez rusé pour être toujours le maître s’il ne transforme pas sa ruse en respect de la parole donnée ». De toute évidence, en décidant d’aligner un candidat pour la présidentielle de 2020, le PDCI-RDA a fait le choix de la raison. Il a assez fait pour le RDR pour continuellement se laisser rouler dans la farine. C’est pourquoi sa posture est somme toute défendable : le parti unifié d’accord, mais l’alternance d’abord. Le verrou limitant l’âge des prétendants à la magistrature suprême étant sauté avec la nouvelle Constitution, on attend maintenant de voir si Henri Konan Bédié fera lui-même acte de candidature ou si son parti portera son choix sur l’un de ces nombreux jeunes loups aux dents acérées qui foisonnent au PDCI.
Et finalement, s’il y a quelqu’un qui s’en trouve aujourd’hui réhabilité par la suite les évènements, c’est bien l’enfant terrible de Lakota, Kouadio Konan Bertin (KKB) qui, depuis 2015, était vent debout contre une candidature unique du RHDP, estimant qu’en l’acceptant, le PDCI se sabordait. Traité d’indiscipliné, il avait été suspendu. Mais aujourd’hui, il est en passe de prendre sa revanche sur l’histoire.

« Le Pays »


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