HomeA la uneREJET D’UNE ENIEME MOTION DE CENSURE CONTRE LE PRESIDENT SUD-AFRICAIN : Zuma peut boire son petit lait

REJET D’UNE ENIEME MOTION DE CENSURE CONTRE LE PRESIDENT SUD-AFRICAIN : Zuma peut boire son petit lait


Pour la 3e fois en moins d’une année, Jacob Zuma, le président sud-africain, a dû faire face à une motion de censure. Comme les fois précédentes, il s’en est tiré à bon compte. Car, le Parlement a rejeté ladite motion. Cela était, somme toute, prévisible. Non seulement le parti au pouvoir, l’African National Congress (ANC) de Zuma, est ultra-majoritaire au Parlement, mais aussi il est resté solidaire du chef de l’Etat. En effet, avec ses 249 élus sur les 400 que compte le Parlement, l’ANC peut faire adopter ou bloquer des motions par la représentation nationale en fonction de ses intérêts. De plus, malgré ses frasques à répétition, le président sud-africain bénéficie encore du soutien des principaux leaders du parti. Du moins, ceux-ci ne lui ont pas encore tourné le dos.

 

Le sort de bien des leaders de son parti est lié au sien

 

Cette attitude de l’ANC s’explique probablement par le passé de Zuma et les calculs  des élus. Certains leaders restent attachés à ce Zuma, chef de la branche armée de l’ANC. Pour ces irréductibles, l’homme mérite encore d’être soutenu. D’autant que l’un des frondeurs n’est autre que Julius Malema, l’un des « produits » du parti qui a, depuis quelques années, rompu les amarres avec l’ANC. Ces cadres ne digèrent pas l’affront que Malema leur fait en dénonçant leur gestion, mais surtout en jurant d’avoir le scalp de leur porte-flambeau, le chef de l’Etat.

Ainsi, pour bien des dirigeants actuels de l’ANC, prendre le risque de se défaire de Jacob Zuma, c’est faire l’affaire de Malema, lui servir la victoire qu’il cherche sur un plateau d’or. Pour l’ANC, c’est donc une affaire d’ego, un combat de personnes, au-delà de la bataille des valeurs et des idées que se livrent pro et anti-Zuma.

Les frasques de Zuma ont, à n’en pas douter, terni l’image du parti cher à Nelson Mandela. Elles lui ont fait perdre du terrain sur le plan électoral. Les récentes élections municipales l’ont démontré. Même la puissante centrale syndicale (la COSATU), alliée traditionnelle de l’ANC, prend de plus en plus ses distances face aux bourdes à répétition du chef de l’Etat et au soutien indéfectible que lui vouent les leaders actuels du parti. Mais, pour beaucoup de leaders de l’ANC,  les choses ne sont plus si simples. Pour ces élus, qui n’ont pas su ou voulu se départir du président Zuma à temps, l’exercice devient difficile. Ils sont allés un peu trop loin pour reculer sans laisser des plumes. Zuma peut donc boire son petit lait. Le sort de bien des leaders de son parti étant lié au sien, ceux-ci réfléchiront par plus d’une fois, avant d’oser lui chercher des noises. Jacob Zuma est devenu comme une plaie puante sur le front de l’ANC. Impossible pour le parti de la lécher ou de la cacher. Son cas crée probablement  des insomnies à certains de ses camarades de parti.

Comment se débarrasser de Zuma sans couler le parti ? Cette question trotte dans la tête de bien des élus de l’ANC.

 

Les Sud-africains risquent d’être obligés de supporter leur président excentrique pendant encore des années

 

Certainement, nombre de cadres du parti font le dos rond dans l’espoir que l’orage finira par passer.

Ainsi, ils pourraient  se refaire une santé par la suite. Pourtant, il vaudra mieux pour ce parti et ses leaders, se résoudre à se regarder dans la glace, à faire une introspection sincère et à prendre ses responsabilités. Ce n’est pas en faisant la politique de l’autruche qu’il sauvera les meubles. D’autant que plus le temps passe, plus les bourdes du président se multiplient et le parti ne fait que perdre en sympathie. Remettre à plus tard la grande toilette qui s’impose, fait courir le risque d’accélérer le recul du parti. Mais ses dirigeants auront-ils le sursaut d’honneur nécessaire pour faire leur mea culpa, pour agir sans se soucier de leurs intérêts personnels et égoïstes ?

 Il faut vivement l’espérer. Mais en attendant, la réalité est têtue : Zuma reste en place. Les Sud-africains risquent d’être obligés de supporter leur président excentrique pendant encore des années. Et l’espoir de compter sur la démission de Zuma pour abréger leur souffrance, paraît bien utopique. S’il avait encore le souci de la dignité et du bien de son parti, il aurait jeté l’éponge depuis longtemps. Mais, visiblement, le successeur de Thabo M’beki à la tête de la Nation arc-en- ciel, n’a cure des conséquences néfastes de ses lubies, tant sur l’image du pays que sur celle de son parti. En bon vivant, il n’a pas réussi à s’élever à la hauteur de la fonction qu’il occupe depuis 2009. Et c’est là, tout le malheur de l’Afrique du Sud.

 

« Le Pays »

 


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