HomeA la uneREJET DU NOUVEAU GOUVERNEMENT LIBYEN   Comment sortir de l’imbroglio ?  

REJET DU NOUVEAU GOUVERNEMENT LIBYEN   Comment sortir de l’imbroglio ?  


 

C’est une entrée en scène des plus mouvementées. En effet, l’arrivée du chef du gouvernement libyen mis en place sous l’égide des Nations unies, Fayez el-Sarraj, dans la capitale Tripoli, a suscité des heurts entre ses partisans et les combattants du gouvernement non reconnu des milices, en majorité islamiste. Comme on le sait, il s’agit des miliciens de ce mouvement baptisé Aube de la Libye, qui contrôlent des points stratégiques de la capitale libyenne comme l’aéroport. D’ailleurs, le nouveau Premier ministre n’a eu d’autre choix que d’arriver par la voie navale en raison de l’hostilité des autorités islamistes. Ces dernières n’ont pas manqué de le sommer de quitter Tripoli. Quelques accrochages entre forces loyales à Fayez el-Sarraj et miliciens islamistes, ont été rapportés. Même si on ignore encore l’ampleur des dégâts causés par ces accrochages, il est évident que la situation est vraiment tendue entre les deux groupes. Quant à l’autre gouvernement non reconnu, basé à Tobrouk, il qualifie l’arrivée de Fayez el-Sarraj et son équipe à Tripoli, de « prématurée ». Comme on le voit, ce n’est pas du tout simple pour le Premier ministre issu des concertations entre le Parlement de Tripoli et celui de Tobrouk, tenues au Maroc sous les auspices des Nations unies. Récusé par le gouvernement de l’Aube de la Libye et les milices, et non soutenu, en tout cas pour le moment, par le gouvernement de Tobrouk, le Premier ministre soutenu par la Communauté internationale sait que sa tâche ne sera pas facile. Mais, il a aussi des fidèles, des hommes acquis à sa cause et qui sont prêts à se battre pour l’imposer. Mais son premier soutien provient de la communauté internationale. Les Nations unies et la France n’ont-elles pas déjà indiqué être disposées à apporter le soutien qu’il faut à ce gouvernement ?

La communauté internationale a certainement trouvé qu’il urgeait de trouver une solution

Cette assistance vaut son pesant d’or si elle ne reste pas théorique. Mais, au-delà de cette promesse d’appui, on ne peut s’empêcher de s’interroger sur la pertinence de la procédure utilisée par les Nations unies dans la quête de solution à cette crise libyenne. Au regard des manifestations d’hostilité contre l’arrivée de Fayez el-Sarraj à Tripoli, on se demande si les Nations unies ne sont pas allées trop vite en besogne. N’aurait-il pas été plus utile de prendre un peu plus de temps pour travailler à convaincre certains frondeurs ; histoire de les rallier, patiemment et sans rien brusquer, à la cause avant toute installation du gouvernement reconnu à Tripoli ? Tel n’a pas été, en tout cas, la démarche des Nations unies et des grandes puissances comme la France et les Etats-Unis d’Amérique. La communauté internationale, face au délitement de l’Etat en Libye, a certainement trouvé qu’il urgeait de trouver une solution. Une solution qui, de son point de vue, passe par l’entrée en scène d’un 3e larron. En effet, cet acteur est censé mettre d’accord les deux gouvernements parallèles non reconnus et qui se regardent depuis en chiens de faïence. La communauté internationale se dit certainement que Fayez el-Sarraj devrait pouvoir, à tout le moins, tailler des croupières aux gouvernements autoproclamés, histoire de les affaiblir et de favoriser la montée en force de cette 3e force. Les Nations unies ont donc voulu mettre les Libyens, surtout les deux camps antagonistes majeurs, devant le fait accompli. Il n’est pas exclu qu’elles en viennent à bander les muscles pour donner toutes les chances de réussite à leur solution. On pourrait revoir l’entrée en action des avions de guerre de l’OTAN dans le ciel libyen, dans l’optique de réduire au silence ceux qui voudraient persister à faire régner l’anarchie et le chaos actuel. Cette implication active de la communauté internationale est certainement irréversible. On imagine bien que le Premier ministre désigné n’aurait pas eu le courage de rentrer à Tripoli s’il n’avait pas eu de gages de soutien des grandes puissances, tant du point de vue diplomatique que militaire.

Aller au besoin vers une fédération ou une mise sous tutelle de la Libye

Il aurait fallu que cette 3e voie soit longuement murie avant d’être implémentée. Car, la solution à la crise devrait venir des Libyens eux-mêmes, de leur dépassement de soi au profit d’une renaissance nationale. Le fait, pour les Nations unies, d’avoir réussi à faire en sorte que le Parlement de Tobrouk et celui de Tripoli se parlent, est déjà un succès de taille et il faut le saluer comme tel. Mais, on a l’impression que l’ampleur de l’urgence a dicté le calendrier de travail à ceux qui jouent aux bons offices en Libye. Tant et si bien que l’on peut croire que la communauté internationale a ficelé les choses à la hâte et n’a pas pu prendre le temps nécessaire pour dénicher une personnalité qui fasse l’unanimité. Encore faut-il que cette personnalité puisse exister dans ce capharnaüm Libyen où chaque milice et son chef autoproclamé entendent imposer leur légitimité aux populations par tous les moyens, notamment par les armes. Pourtant, en raison de la déroute que connaît Daech en Syrie notamment, la Libye, qui était déjà un terreau fertile, peut devenir davantage un sanctuaire pour les hommes de Al Bagdadi. En effet, quoi de plus facile pour des terroristes que d’installer leur quartier général dans un pays où personne ne maîtrise quoi que ce soit. La situation est donc critique et ne devrait laisser aucun pays indifférent. Reste que les Libyens ne sont pas prêts à parler de la même voix. Les milices veulent continuer à faire la pluie et le beau temps et la défiance vis-à-vis de la communauté internationale est palpable. La déliquescence de l’Etat amplifie le risque que le pays devienne la base arrière de Daech, en difficulté au Proche-Orient. Comment faire face à cet imbroglio ? La solution n’est pas aisée. Mais il ne faut pas pour autant baisser les bras. La communauté internationale a déjà le mérite de s’être quelque peu ressaisie et d’avoir inscrit la Libye au rang de ses priorités. Une fois de plus, on peut déplorer le fait que le service après-vente n’a pas été assuré immédiatement après l’intervention militaire occidentale contre le régime de Mouammar Kadhafi. La chienlit actuelle dans laquelle se trouve le pays est, pour beaucoup, due à cette absence de service après-vente.

Il importe à présent que la communauté internationale maintienne et accentue ses efforts. Au besoin, elle pourrait aider les Libyens à aller vers la mise en place d’une fédération à défaut d’une mise sous tutelle de ce pays. Certes, il y a toujours quelque chose de désagréable dans la mise sous tutelle d’un pays. Elle réveille bien des souvenirs douloureux de la colonisation. De plus, on sait que les Arabes ont une sainte horreur de l’idée même d’une occupation étrangère. Les Libyens seront certainement braqués contre tout débarquement de forces étrangères, surtout occidentales sur leur sol. Mais, s’il est vrai que la Libye est en droit d’être jalouse de sa souveraineté, il n’en demeure pas moins que les pays limitrophes ont le droit, voire le devoir, de refuser qu’elle leur impose l’insécurité en servant de base-arrière aux terroristes. Du reste, des pays comme le Libéria sont passés par la case débarquement de troupes étrangères (ECOMOG), pour retrouver la stabilité sans qu’on ait crié à la recolonisation. Comme le dit l’adage, « aux grands maux, les grands remèdes ». Pour la Libye, la mobilisation se doit d’être générale. L’Union africaine, en ce qui la concerne, doit cesser de jouer les seconds rôles. Elle doit mieux s’impliquer pour éviter que le cancer terroriste ne se propage. En tout état de cause, la communauté internationale ne peut pas se payer le luxe de baisser les bras pour laisser pourrir davantage la situation en Libye. C’est une question de sécurité internationale, de survie tout simplement.

« Le Pays »


Comments
  • “……………..Pour la Libye, la mobilisation se doit d’être générale. L’Union africaine, en ce qui la concerne, doit cesser de jouer les seconds rôles. Elle doit mieux s’impliquer pour éviter que le cancer terroriste ne se propage. En tout état de cause, la communauté internationale ne peut pas se payer le luxe de baisser les bras pour laisser pourrir davantage la situation en Libye. C’est une question de sécurité internationale, de survie tout simplement……”
    Le Pays??????????? si la signature est bien du pays, c’est lamentable pour le type d’africain que tu peux être en tant qu’éditorialiste de ce quotidien ;
    la reptation à dépassé le seuil du tolérable; pour vivre, ‘HOMME a besoin de deux choses fondamentales: l’air pur pou l’oxygène qu’il contient; et la conscience humaine pour être digne parmi les autres hommes.
    Mais à présent je réalise que cet éditorialiste ne se rend pas compte qu’il a un devoir d’édification et d’éveil de conscience des africains; il peut se reposer à l’instant présent dans la mesure où le devoir qui lui est dévolu,il n’est pas capable de le remplir comme il se doit.
    ..”Il importe à présent que la communauté internationale maintienne et accentue ses efforts. Au besoin, elle pourrait aider les Libyens à aller vers la mise en place d’une fédération à défaut d’une mise sous tutelle de ce pays. Certes, il y a toujours quelque chose de désagréable dans la mise sous tutelle d’un pays”.
    Je pense que c’est un songe bien loin de la réalité que j’imagine car un bon africain ne pourrait plus parler de la mise sous tutelle d’un état africain quelconque en ce siècle.
    Si tu ne connais pas l’HISTOIRE la vraie HISTORIE de la colonisation de l’Afrique, puisque ell ne t’a pas été enseignée comme il se doit, dans ton métier, pour parler de certains sujets, l’on investigue et profondément

    4 avril 2016

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