HomeA la uneREMANIEMENT MINISTERIEL AU BURKINA FASO : « La volonté d’opérationnaliser le PNDES », selon Paul Kaba Thiéba

REMANIEMENT MINISTERIEL AU BURKINA FASO : « La volonté d’opérationnaliser le PNDES », selon Paul Kaba Thiéba


Le remaniement ministériel tant attendu et qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive, est enfin tombé. Ce remaniement a eu raison de 2 ministres, en l’occurrence Filiga Michel Sawadogo, ancien ministre en charge de l’enseignement supérieur, et Aminata Sana/Congo, ancienne ministre en charge du développement numérique. Par contre, 5 personnes  ont fait leur entrée, à savoir Jean-Claude Bouda, ministre en charge de la défense nationale,  Alkassoum Maïga, ministre en charge de l’enseignement supérieur, Nicolas Meda, ministre de la Santé, Oumarou Idani, ministre en charge des mines, Hadja Fatimata Ouattara née Sanon, ministre en charge de l’économie numérique. La particularité de ce remaniement se situe dans la création de deux nouveaux ministères : celui de la Décentralisation et celui des Mines. Sans omettre que le ministère de la Défense a enfin eu preneur en ce sens que le Président du Faso s’est déchargé de ce ministère au profit de Jean-Claude Bouda. En somme, le gouvernement Paul Kaba Thiéba II est  composé de 26 ministères pleins, de 2 ministères délégués et  4 secrétariats d’Etat. Au lendemain du remaniement, les ministres, nouveaux comme anciens, se sont retrouvés au palais de Kosyam pour une prise de contact. Après quoi, le Premier ministre Paul Kaba Thiéba  a donné une conférence de presse pour expliquer les raisons de ce remaniement et de certains changements. C’était le 21

février 2017, au palais présidentiel à Ouagadougou.

 

Un ballet de véhicules de ministres, des journalistes qui s’empressent de rejoindre le hall principal du palais présidentiel pour que rien ne leur échappe, une sécurité aux aguets s’assurant que tout se passe bien. Un nouveau jour s’est levé sur Kosyam, avec un nouveau gouvernement. Il est 9h, quand la voiture du Premier ministre Paul Kaba Thiéba se gare devant le bâtiment principal du palais de Kosyam. Il est accueilli au bas des marches par son protocole, pendant que la garde rouge lui fait les honneurs. En un temps deux mouvements, en compagnie de son protocole et de sa garde rapprochée, il s’engouffre dans le bâtiment où l’attendaient déjà les nouveaux et les anciens ministres. Après environ une heure passée ensemble, les membres du nouveau gouvernement ont rejoint le hall situé au rez-de-chaussée pour la photo officielle du nouveau gouvernement. Tous les nouveaux ministres étaient à Kosyam ce 21 février, mais tous les anciens n’ont pas répondu présent. Dans la photo de famille du nouveau gouvernement, on peut s’apercevoir que Filiga Michel Sawadogo, ex-ministre en charge de l’enseignement supérieur, a été remplacé par Alkassoum Maïga et Hadja Fatimata Ouattara née Sanon remplace Aminata Sana/Congo au département en charge du développement numérique. Deux ministères ont été éclatés, à savoir le ministère de Simon Compaoré qui, lui, reste toujours ministre d’Etat, mais va désormais s’occuper essentiellement de la sécurité. La partie Administration territoriale et

décentralisation est confiée à Siméon Sawadogo. L’autre ministère concerné par l’éclatement est celui de Alfa Oumar Dissa qui sera chargé de gérer essentiellement le ministère de l’Energie, tandis que celui des Mines et des carrières sera aux bons soins de Oumarou Idani. L’ancien ministre de la Santé, Smaïla Ouédraogo, s’occupera du département en charge de la Jeunesse, la formation et l’insertion professionnelle, tandis que celui qui s’occupait précédemment de ce ministère, Jean-Claude Bouda, aura à sa charge le ministère de la Défense nationale et des anciens combattants, déchargeant ainsi le Président du Faso.

Au cours de la conférence de presse qui s’est tenue sous le hall du bâtiment principal du palais présidentiel, le Premier ministre Paul Kaba Thiéba a affirmé qu’en ce qui concerne le choix des ministres, en tant que chef du gouvernement, il « propose des personnes, le Président du Faso donne son avis, mais c’est lui qui assume ». Donc, « le Premier ministre a les mains libres mais je rends compte à mon chef, le Président du Faso », a-t-il souligné. Concernant les motivations  de ce remaniement, le Premier ministre a fait comprendre qu’il y a d’abord « la volonté d’opérationnaliser le Plan national de développement économique et social (PNDES)», ensuite « le respect des engagements présidentiels en ce qui concerne les enjeux sécuritaires » et enfin « la nécessité de séparer certains ministères en vue d’obtenir plus d’efficacité dans la conduite de l’action gouvernementale ».

 

« Filiga Michel Sawadogo n’a pas démérité, Aminata Congo/ Sana  non plus »

 

Au cours des échanges avec les journalistes, ces derniers ont posé la question de savoir si l’éclatement des ministères ne signifiait pas un alourdissement des dépenses de l’Etat. « Les effectifs restent maîtrisés et les bénéfices attendus sont supérieurs aux coûts. L’éclatement ne se traduira pas par des surcoûts », a-t-il répondu. « 32 personnes dans le gouvernement, n’est-ce pas pléthorique ? », s’est préoccupé un journaliste. Le Premier ministre a estimé que c’était raisonnable et qu’ils « essayaient de faire face aux préoccupations du moment. Le gouvernement que je conduis travaillera sur la base du principe de la modestie financière, du principe des économies de charge et sur la base de l’efficacité ». Et comme exemple, « en matière d’utilisation des véhicules publics, des mesures assez fortes ont été prises pour limiter la circulation des véhicules 4X4 dans les villes. Nous avons également pris des mesures de rationalisation et de distribution du carburant au niveau des missions. Personnellement, je suis de très près les missions à l’extérieur et je cherche à savoir si la mission est cohérente avec la politique du gouvernement et l’intérêt national, avant de l’autoriser », a expliqué le Premier ministre. Quid des ministres remplacés ? Est-ce à dire qu’ils n’ont pas fait de bons résultats au cours de leur mandat ? « Personne n’a démérité. Filiga Michel Sawadogo n’a pas démérité, Aminata Congo/Sana non plus. Et on ne passe pas de concours pour devenir ministre. Il faut lire ces changements sous le prisme de la recherche de l’efficacité. Quant à l’évaluation du ministre, c’est une nécessité. La culture du gouvernement que j’ai essayé d’imposer depuis que le Président du Faso m’a fait l’honneur, est une gestion axée sur le résultat.  Tous les semestres, nous faisons une évaluation et nous essayons de tirer des leçons», a tenu à préciser le Premier ministre. Pour lui, cette démarche ne vise pas à sanctionner les ministres, mais à les inciter à l’efficacité. Parlant d’efficacité, les journalistes ont voulu savoir si l’ancien ministre de la Santé, Smaïla Ouédraogo à qui l’on a confié le département en charge de la jeunesse, pourra répondre aux besoins du gouvernement. Sur ce point, le Premier ministre a laissé entendre que « Smaïla Ouédraogo est un bon ministre, dynamique et qui va donner une nouvelle impulsion au ministère de la Jeunesse, de la formation et de l’insertion professionnelles ». En tout cas, le Premier ministre a tenu à relever que c’est un privilège pour lui de travailler avec le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, pour changer la vie des Burkinabè.

C’est après une quarantaine de minutes d’échanges que le Premier ministre, Paul Kaba Thiéba, a pris congé des journalistes, mettant fin à la conférence de presse.

 

Françoise DEMBELE

 

 

Propos de nouveaux ministres

 

Nicolas Méda, Ministre de la Santé

 

« Nous avons été instruit pour travailler à être large, régulier et proactif dans les concertations pour éviter les crises »

 

« Je ressens de l’appréhension face à cette confiance que le Président du Faso nous accorde. Nous avons été instruit ce matin sur les priorités sur lesquelles nous allons travailler pour mériter davantage cette confiance placée en nous. Le secteur de la santé a connu des soubresauts et j’aurai compris qu’on nous demande de travailler à ce qu’il y ait de l’apaisement au sein de ce secteur. Notre travail sera basé sur les résultats et le PNDES. Nous avons été instruit pour travailler à être très large,  régulier et proactif dans les concertations pour anticiper et éviter les crises »

 

Oumarou Idani, ministre des Mines et des carrières

 

« C’est une marque de confiance de la part du Président du Faso et du Premier ministre »

 

J’ai accueilli cette nomination avec fierté et satisfaction parce que je pense que c’est une marque de confiance de la part du Président du Faso et du Premier ministre. Je saisis l’opportunité pour leur dire merci pour cette marque de confiance. Je suis conscient des défis qui sont les miens dans la mesure où le domaine des mines est un secteur assez important, et qui apporte beaucoup en termes de recettes fiscales. C’est également un secteur sensible qui a besoin d’être mieux organisé, modernisé et dynamisé. Et il est important que les différents acteurs, à commencer par l’Etat, puissent tirer profit de ce secteur important.

 

Alkassoum Maïga, ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche Scientifique et de l’innovation

 

« La plus grosse difficulté au Burkina, c’est l’enseignement supérieur »

 

J’ai trois mots : la grâce, la confiance et le défi. La grâce parce que c’est une grâce divine d’être choisi parmi tant de Burkinabè pour occuper un tel niveau de responsabilités. La confiance parce qu’on a été l’objet de confiance à la fois du Président du Faso et du Premier ministre. Cette confiance doit se mériter. Donc, on doit aller au charbon pour donner des résultats et montrer qu’ils n’ont pas eu tort de venir nous chercher. Le défi parce que la plus grosse difficulté au Burkina Faso, c’est l’enseignement supérieur, avec des universités fortement perturbées du point de vue du cycle des années académiques. Nous sommes dans la logique de la normalisation et le plus grand défi c’est d’arriver à faire en sorte que les acteurs, étudiants, enseignants et administration, se mettent ensemble pour qu’ensemble nous donnions à notre enseignement supérieur son lustre d’antan.

 

Hadja Fatimata Ouattara née Sanon, ministre du Développement numérique et des postes

 

« C’est un grand challenge à relever »

 J’ai accueilli cette nomination avec beaucoup de fierté et avec un sentiment de lourdes responsabilités. C’est un grand challenge à relever et en attendant d’avoir la lettre de missions, il s’agira de travailler à accélérer la digitalisation au Burkina Faso pour aller au tout numérique et accélérer la croissance numérique en s’appuyant sur la jeunesse.

 

Siméon Sawadogo, Ministre de l’Administration Territoriale et de la décentralisation

 

« (…) Il faut nécessairement accompagner les collectivités territoriales dans leur mission de développement à la base et travailler à ce qu’il y ait une conformité entre les plans régionaux, communaux et nationaux de développement pour que la décentralisation soit assez efficace. Je veillerai à ce que la présence de l’Etat se ressente au niveau de la base pour un meilleur développement et que le PNDES puisse être réalisé à la base. L’Etat existe et existera toujours dans le Sahel.

 

Propos recueillis par Françoise DEMBELE

 


No Comments

Leave A Comment