REMISE ANNONCEE D’OMAR EL BECHIR A LA CPI
Après trente ans de règne sans partage, Omar El Béchir, destitué par l’armée catapultée par une rue en colère, doit répondre des crimes à lui reprochés devant la Cour pénale internationale (CPI). Il aura à ses côtés l’ex-gouverneur de l’Etat du Kordofan-Sud, Ahmed Haroun et l’ancien ministre de la Défense, Abdel Rahim Mohamed. Ainsi en ont décidé les autorités soudanaises de la transition qui, en février 2020, avaient déjà pris l’engagement verbal de favoriser la comparution de l’ex-boucher du Darfour sous le coup d’un mandat d’arrêt depuis une décennie, devant la Justice internationale. Il est accusé de « crimes contre l’humanité et génocide » au Darfour où un conflit a opposé son régime à majorité arabe aux rebelles issus de minorités ethniques. Les violences qui en ont résulté font état d’environ 300 000 personnes tuées sans compter les milliers de déplacés, selon les Nations unies. La descente aux enfers ne fait donc que se poursuivre pour l’ex-dirigeant soudanais qui, déjà reconnu coupable de corruption, est actuellement détenu à la prison de Kober à Khartoum. Triste fin pour celui-là qui a fait la pluie et le beau temps dans son pays. C’est la preuve, pour ceux qui en doutaient encore, que bon ou mauvais, le passé de chacun le rattrapera. Du reste, pouvait-il en être autrement quand on sait qu’Omar el Béchir, au faîte de sa gloire, se prenait pour l’Alpha et l’Oméga du Soudan si fait qu’il n’hésitait pas à tuer et à massacrer à tour de bras ? Le voilà aujourd’hui groggy de ses propres turpitudes.
Rien, et surtout pas le pouvoir, n’est acquis définitivement
Il n’a pas eu la même chance qu’ont eue certains de ses pairs du continent qui, chassés du pouvoir, ont réussi à fuir leurs pays respectifs. Si seulement ce qui arrive aujourd’hui à Omar El-Béchir pouvait servir de leçon à tous les autres satrapes africains qui, non seulement refusent de s’imaginer une autre vie en dehors du pouvoir, mais aussi se croient tout permis. C’est le cas, par exemple, de Paul Biya du Cameroun, Denis Sassou Nguesso du Congo, Téodoro Obiang Nguema de la Guinée équatoriale, Paul Kagamé du Rwanda… qui oublient ou feignent d’oublier que la roue de l’histoire tourne si bien qu’ils doivent éviter de croire que ça n’arrive qu’aux autres. Rien, et surtout pas le pouvoir, n’est acquis définitivement. D’où la nécessité de savoir se montrer bon prince lorsque l’on est aux affaires. Les crimes politiques, les assassinats, les détournements et autres dérives du même acabit, doivent être proscrits. En fait, ce que semblent oublier certains dirigeants qui se sont mués en dictateurs invétérés, c’est que même s’ils arrivent à échapper à la justice des hommes, ils ne pourront pas échapper à la justice immanente qui, elle, est impartiale et infaillible. Cela dit, s’il y a un homme qui, avec la remise annoncée de Béchir à la CPI, se félicite, c’est bien le nouveau procureur Karim Khan qui vient de réussir là où ses prédécesseurs Luis Moreno Ocampo et Fatou Bensouda ont échoué.
B.O