RENCONTRE DES MINISTRES DES AFFAIRES ETRANGERES DU BURKINA, DU MALI ET DE LA GUINEE A OUAGA: Pourvu que les résultats soient à la hauteur des attentes des peuples !
Le 9 février dernier, s’est tenue à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, une rencontre de haut niveau entre les ministres des Affaires étrangères du Burkina Faso, du Mali et de la Guinée. Un sommet ministériel qui a la particularité de se tenir entre trois pays en pleines transitions militaires. Lesquels pays visent à renforcer leurs relations de coopération dans un contexte sous-régional marqué par la lutte contre le terrorisme qui frappe de plein fouet les pays du Sahel, mais aussi dans un contexte où ces transitions sont tenues à l’œil par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui leur a réaffirmé sa volonté d’un retour à l’ordre constitutionnel dans les meilleurs délais. Ainsi, au Mali, la transition conduite par le colonel Assimi Goïta, est prévue pour prendre fin en mars 2024. Au Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré et son équipe ont en ligne de mire, le mois de juillet 2024 pour l’organisation des élections en vue du passage de témoin à un gouvernement civil.
Le front de solidarité entre pays putschistes qui semble se dessiner aux yeux de certains, pourrait reposer sur d’autres motivations
En Guinée, après plusieurs mois d’atermoiements et de tiraillements, les autorités de la transition conduite par le lieutenant-colonel Mamadi Doumbouya et la CEDEAO, sont parvenues, en octobre 2022, à un délai consensuel de 24 mois pour la durée de la transition. C’est dire que même s’ils ont en commun la situation de quasi Etats d’exception, le Burkina Faso, le Mali et la Guinée sont engagés dans des processus différents de retour à l’ordre constitutionnel, avec des agendas également différents. C’est pourquoi, au-delà de ses conclusions, l’on peut se demander ce que l’on peut attendre de ce conclave entre la cheffe de la diplomatie burkinabè, Olivia Rouamba, et ses pairs du Mali, le colonel Abdoulaye Diop, et de la Guinée, Dr Morissanda Kouyaté, qui ont effectué le déplacement de la capitale burkinabè, pour cette rencontre de haut niveau. La question est d’autant plus fondée qu’au-delà des échéances, si le Mali et le Burkina Faso tirent la justification de leurs putschs respectifs de la situation sécuritaire délétère en lien avec le terrorisme qui sévit durement dans ces deux pays, il en va autrement pour la Guinée qui reste, jusque-là, pratiquement épargnée par le vampire à têtes multiples. C’est dire que le front de solidarité entre pays putschistes qui semble se dessiner aux yeux de certains, pourrait reposer sur d’autres motivations autrement plus profondes. Mais quoi qu’il en soit, pourvu que les résultats soient à la hauteur des attentes des peuples burkinabè, malien et guinéen.
Il importe que cette démarche de rapprochement entre ces trois pays repose sur des bases solides
Si les autorités intérimaires de ces pays se trouvent aujourd’hui des raisons de rapprochement voire des causes communes de lutte, on ose espérer que c’est d’abord et avant tout dans les intérêts de leurs peuples respectifs et pas autre chose. En tout état de cause, il n’y a aucun mal à unir ses forces. Bien au contraire ! Et il y a des raisons de croire que les dirigeants actuels des trois pays se sont laissés inspirer par l’adage bien connu selon lequel « l’union fait la force ». Mais pour ces pouvoirs de transition, le plus important pour eux est de poser des actes qui puissent marquer l’histoire de leurs peuples respectifs à travers l’adoption de résolutions qui feront date. C’est pourquoi il importe que cette démarche de rapprochement entre ces trois pays, repose sur des bases solides. Il importe aussi qu’elle soit empreinte de sincérité. C’est le seul combat qui vaille aujourd’hui pour les peuples du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée, durement éprouvés par les affres du terrorisme ainsi que par une vie qui ne cesse de se renchérir, et qui ne veulent plus se bercer d’illusions. Autant dire que ce sont des peuples qui restent vigilants sur leurs aspirations profondes en termes de sécurité et d’amélioration de leurs conditions de vie. Et leurs dirigeants doivent en tenir compte. Tout comme ils seraient bien inspirés d’éviter de trop se liguer contre la communauté internationale, ce qui rendrait la situation de leurs peuples respectifs encore plus difficile.
« Le Pays »