RENCONTRE ENTRE BLAISE COMPAORE ET ZEPHIRIN DIABRE
Près de cinq mois après sa nomination comme ministre de la Réconciliation nationale et de la cohésion sociale, Zéphirin Diabré a effectué une visite sur les bords de la lagune Ebrié. Porteur d’un message du chef de l’Etat burkinabè, il a été reçu en audience, le 5 mai dernier, par le président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara (ADO) avec qui il a échangé sur la coopération entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire, deux pays frères dont on dit qu’ils sont unis par l’histoire et la géographie. Mais ce qui aura le plus retenu l’attention de tous au cours du séjour ivoirien de Zéphirin Diabré, c’est sa rencontre avec l’ex-chef de l’Etat burkinabè, Blaise Compaoré, chassé du pouvoir le 31 octobre 2014 à la faveur d’une insurrection populaire. Première du genre entre un officiel burkinabè et celui-là que l’on appelait l’Enfant terrible de Ziniaré, cette rencontre vise à poser les jalons du forum national de réconciliation nationale que le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, annonçait pour le premier semestre de l’année en cours. On imagine bien l’ambiance qui a prévalu entre Blaise Compaoré et le ministre en charge de la réconciliation nationale quand on sait qu’alors Chef de file de l’Opposition, Zéphirin Diabré a été le fer de lance de la contestation qui a abouti, en fin octobre 2014, aux résultats que l’on sait. Ironie de l’histoire, c’est lui qui, plus de six ans après, est chargé de jouer les rassembleurs dans un pays où les rancoeurs sont encore tenaces et la méfiance palpable.
Blaise Compaoré acceptera-t-il de retourner au bercail sans un minimum de garanties ?
Mais comme qui dirait, en politique, il n’y a pas d’ennemi éternel tant et si bien qu’un contempteur peut devenir un allié voire un médiateur comme c’est le cas entre Zéphirin Diabré et Blaise Compaoré. Du reste, ils sont nombreux les Burkinabè qui se sont félicités de la rencontre entre les deux hommes, même si l’on imagine que ce n’est pas demain la veille que l’ex-président exilé à Abidjan, débarquera avec ses bagages à l’Aéroport international de Ouagadougou au nom de la réconciliation nationale. Il faut en effet être prudent d’autant que trois semaines plus tôt, soit le 13 avril dernier précisément, la Justice militaire procédait à la mise en accusation de 14 personnes dont Blaise Compaoré dans l’affaire de l’assassinat de Thomas Sankara, le 15 octobre 1987. Avec une telle épée de Damoclès qui plane sur sa tête, Blaise Compaoré acceptera-t-il de retourner au bercail sans un minimum de garanties ? Pas si sûr, surtout quand on sait que dans le même temps, son frère cadet François, fait aussi l’objet de poursuites judiciaires dans un autre dossier, en l’occurrence celui de l’assassinat du journaliste Norbert Zongo. C’est dire si la réconciliation nationale que les uns et les autres appellent de leurs vœux, a du chemin à faire. D’autant que, pour une bonne partie de l’opinion nationale, notamment les syndicats et la société civile, la réconciliation ne saurait être entendue comme un arrangement entre hommes politiques au point de passer par pertes et profits certains dossiers emblématiques qui ont marqué les 27 ans de règne sans partage de Blaise Compaoré.
B.O