RENFORCEMENT DU MANDAT DE LA MONUSCO : Un message fort à Kabila
Çà y est ! L’ONU vient de renouveler pour un an, le mandat de sa mission en République démocratique du Congo (RDC). Mieux, elle a renforcé son mandat en vue des élections générales prévues pour le 23 décembre prochain. La MONUSCO, ainsi s’appelle-t-elle, aura deux priorités : apporter un soutien logistique et assister techniquement la RDC dans le cadre de l’organisation des élections avec surtout en toile de fond, la protection des civils. Cela dit, le renouvellement et le renforcement du mandat des Casques bleus, en RDC, n’ont rien de surprenant. La couleur avait été déjà annoncée. C’est le contraire qui aurait plutôt étonné, eu égard au contexte électoral caractérisé par la répression tous azimuts des manifestations de rue de l’opposition et de la société civile. Naguère, l’ONU, elle-même, n’avait pas caché son inquiétude face à la multiplication des groupes armés sur fond de violations massives des droits de l’Homme au pays de Joseph Kabila qui, envers et contre tous, est resté accroché à son fauteuil, et ce, à l’issue même de ses deux mandats constitutionnels. Ceci pouvant expliquer cela, on comprend pourquoi les autorités de Kinshasa souhaitaient, quant à elles, le départ des troupes de la MONUSCO. Sans doute veulent-elles continuer à massacrer en rond et cela, à l’abri de tout regard extérieur. Disons-le tout net, la MONUSCO est devenue la mauvaise conscience du régime kinois si fait que ce dernier, surfant sur un nationalisme de mauvais aloi, n’hésite pas à la qualifier de force d’occupation. Or, faut-il le rappeler, n’eût été l’intervention hardie des forces onusiennes, Kabila aurait été chassé du palais de la Nation, tel un malpropre par les rebelles du M23 qui, après avoir pris le contrôle de plusieurs villes, déferlaient, la fleur au fusil, sur Kinshasa en octobre 2013.
C’est une véritable douche froide pour le satrape congolais
Aujourd’hui, en désaccord avec les Nations unies, notamment sur la question d’un troisième mandat présidentiel, Kabila voue aux gémonies ceux qui, hier seulement, l’ont tiré d’affaire quand il ne les traite pas de tous les noms d’oiseaux. Pouvait-il en être autrement ? Assurément, non ! Car, les dictateurs sont ainsi faits qu’ils n’aiment pas qu’on leur rappelle leurs défauts. Ils ont, par contre, un penchant particulier pour ceux-là qui, jouant les Raspoutine, leur font croire que leurs dérives ne sont rien d’autre que des actes vertueux. En tout cas, en décidant de renforcer le mandat de ses troupes en RDC, l’ONU coupe l’herbe sous les pieds de Kabila qui, on le sait, est engagé dans une logique de répression systématique et aveugle. Le message est d’autant plus fort que la résolution précise, avec force détails, que la MONUSCO relèvera toutes atteintes aux droits de l’Homme et les signalera au Conseil de sécurité. C’est une véritable douche froide pour le satrape congolais. Cela dit, en décidant de donner un mandat robuste à ses hommes, l’ONU ôte un argument à Kabila ; lui qui a toujours prétexté des violences dans le Kasaï, pour repousser les élections initialement prévues pour décembre 2017. C’est, du moins, ce que souhaitaient certaines organisations de la société civile, en l’occurrence la LUCHA (Lutte pour le changement) qui, rappelons-le, avait déjà donné de la voix à travers un sit-in organisé le 26 mars dernier, devant les locaux de la MONUSCO de la ville de Butembo. Son cri du cœur semble avoir été entendu. Et c’est peu dire !
B.O