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REPORT DES ELECTIONS EN RDC : On voyait venir Kabila


 

Ceux qui pensaient que cette année 2017 verrait la fin du règne du président Joseph Kabila en République démocratique du Congo (RDC), peuvent déchanter. En effet, au détour d’une interview accordée le 7 juillet dernier, le président de la Commission électorale indépendante (CENI) de ce pays a annoncé, à Paris, l’impossibilité de tenir les élections présidentielle et législatives en RDC, avant la fin de cette année, alors que l’accord de la Saint-Sylvestre censé régler le différend électoral, prévoyait la tenue de ces élections au plus tard en décembre prochain. Et vlan ! Pour un coup de massue, c’en est véritablement un. Et l’on peut même dire que cette information est un véritable uppercut que le président de la CENI congolaise a envoyé dans la tronche des signataires de l’accord du 31 décembre dernier, notamment l’opposition qui croyait peut- être naïvement pouvoir se débarrasser à  peu de frais du locataire du Palais de marbre constitutionnellement disqualifié pour briguer un autre mandat, mais qui joue les prolongations depuis le 20 décembre dernier.

Tant que Kabila ne sera pas sûr d’être dans la course à la prochaine présidentielle, il n’y aura pas d’élections en RDC

Pour sûr, le président congolais n’a pas encore dit son dernier mot. Et ce nouveau report qui se profile à l’horizon, n’est ni plus ni moins qu’un coup de Jarnac porté au flanc de l’accord de la Conférence épiscopale qui risque de ne pas s’en relever, puisqu’il court désormais le risque d’être caduc. Et l’officier de service pour faire le sale boulot n’est personne d’autre que le président de l’institution chargée de l’organisation de ces élections, censé observer une position de neutralité, mais qui semble visiblement jouer avec délectation le jeu du président Kabila qui est incontestablement le premier et plus grand bénéficiaire de cette situation. Et c’est la deuxième fois que Corneille Nangaa, puisque c’est de lui qu’il s’agit, tend de la sorte la perche à Joseph Kabila. La première fois, il avait invoqué  le manque de moyens financiers et techniques pour justifier le report des élections. Mais il n’aura échappé à personne que ce sont autant de manœuvres dilatoires visant à donner du temps au maître de Kinshasa  pour mieux peaufiner sa stratégie de confiscation du pouvoir en cherchant à se remettre dans la course. Et l’annonce de la semaine dernière semble procéder de la même logique. En tout cas, en invoquant cette fois-ci la situation sécuritaire dans le Kasaï pour justifier l’impossibilité de tenir les élections, le pouvoir congolais tend à apporter de l’eau au moulin de ceux qui pensent qu’il n’est pas étranger à la dégradation de la situation dans cette localité. Car, il en est véritablement le seul bénéficiaire. Autrement, comment comprendre que six mois après la signature de l’accord de fin d’année, arraché de haute lutte et qui semblait dégager la route pour aller aux élections, rien n’ait été véritablement fait pour tenir le calendrier ? Pour tout dire, en vérité, on voyait Kabila venir. Et l’on peut d’ores et déjà se convaincre que tant qu’il ne sera pas sûr d’être dans la course à la prochaine présidentielle, il n’y aura pas d’élections en RDC. Tous les moyens  seront mis en œuvre  et les prétextes utilisés pour traîner les pieds, en attendant de trouver la formule pour le réintégrer dans le jeu. Et l’opposition n’aura que ses yeux pour pleurer ; elle dont on se demande finalement s’il faut véritablement la plaindre, tant elle semble avoir fait preuve d’amateurisme et de naïveté dans l’application de cet accord. En effet, au lieu de concentrer ses efforts à l’aboutissement du calendrier et de la feuille de route tracés par l’épiscopat, elle s’est inutilement laissée embarquer par le pouvoir dans le foireux débat de la nomination d’un Premier ministre, qui n’était qu’un leurre pour perdre du temps et permettre à Kabila de torpiller l’accord de la Saint-Sylvestre. Et le comble est que  cette même opposition risque, in fine, de se retrouver grillée comme une galette sur les deux faces, car, après avoir perdu le bras de fer de la nomination du Premier ministre face à Kabila, elle risque de voir s’envoler définitivement ses rêves de le déloger du Palais de marbre.

Il appartient au peuple congolais de prendre son destin en main

En effet, maintenant que le report de l’élection semble irréversiblement acté, l’on se demande ce que l’opposition va faire, et de quels moyens elle dispose pour contraindre le pouvoir à revoir sa copie ; elle qui, depuis la mort du vieil opposant Etienne Tshisékédi, semble en manque de repères et de leader charismatique  pour porter son projet et donner la contradiction à un Joseph Kabila plus fort que jamais, après avoir réussi à briser par les moyens que l’on sait, les ailes de l’emblématique ex-gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, qui, seul, semblait en mesure de lui tenir la dragée haute. A l’heure actuelle, il ne faut plus se faire d’illusions. Kabila a joué et a gagné. En tout cas, pour cette année 2017, à moins d’un tremblement de terre ou d’un développement inattendu, il n’y aura pas d’élections en RDC pour l’évincer du pouvoir. Et avec le nouveau report qui se profile à l’horizon, bien malin qui saurait dire quand est-ce que ces scrutins se tiendront en RDC. Qui plus est, avec un Joseph Kabila qui peut désormais se targuer du soutien de l’Union africaine, au sortir du 29è sommet auquel il a pris part la semaine dernière à Addis-Abeba. Et ceci pouvant expliquer cela, l’on peut se laisser aisément convaincre que le timing choisi pour l’annonce de cette information n’est pas le fait d’une simple coïncidence, au regard de la déclaration qui vient au lendemain de sa participation au sommet de l’UA.

En tout état de cause, il appartient au peuple congolais de prendre son destin en main. Autrement, s’il compte, comme cela semble être le cas pour l’opposition, sur la pression de communauté internationale pour faire lâcher prise à l’homme fort de Kinshasa, il risque de ne jamais se réveiller de son cauchemar. Qui pourra alors arrêter Joseph Kabila ?

« Le Pays »


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