HomeA la uneREPRESSION TOUS AZIMUTS EN RDC : Que va faire maintenant l’opposition ?

REPRESSION TOUS AZIMUTS EN RDC : Que va faire maintenant l’opposition ?


 

En RDC, tout le monde pleure les morts tombés à l’occasion des chaudes journées des 19 et 20 septembre derniers, y compris les bourreaux, peut-on être tenté de dire. Ainsi, le président Kabila se dit profondément touché. De ce fait, il a présenté ses condoléances aux parents des victimes. Dans la foulée, il appelle à nouveau au dialogue, en vue, dit-il, de « renforcer le consensus électoral et politique en construction et d’épargner à notre peuple, des souffrances injustifiées ». L’on peut avoir envie de demander à M. Kabila si le « consensus électoral et politique » dont il parle, est encore possible, après qu’il a pris la responsabilité historique de réprimer dans le sang bien des opposants qui, légitimement, ont manifesté pour simplement lui signifier que la Constitution de la RDC est sacrée et qu’elle doit, par conséquent, être respectée. C’est dire si le président congolais a de fortes chances de ne pas être entendu. Bien avant ce massacre, ils étaient nombreux les Congolais qui avaient pris leurs distances avec son initiative, pour éviter de lui apporter leur caution dans sa course effrénée vers la confiscation du pouvoir par la ruse. Le vieux patriarche, Etienne Tshisekedi et ses camarades, sont de ceux-là. Ce n’est donc pas aujourd’hui qu’ils auront l’indécence d’enjamber les dizaines de macchabées tombés à Kinshasa, pour répondre favorablement à l’appel de leur bourreau. Kabila ne devrait donc rien attendre de ce côté-là. A cela, il faut ajouter le fait qu’il s’est aliéné la caution morale que représente l’Eglise catholique. En effet, les hommes en soutane, pour marquer leur indignation par rapport à la répression qui s’est abattue sur les Congolais, ont suspendu leur participation au dialogue politique national. De ce fait, le cercle des participants à ce conclave s’est rétréci comme peau de chagrin. Et le Clergé catholique a été on ne peut plus clair quant à la condition à remplir par le pouvoir, pour son retour au dialogue. Pour l’Eglise, Kabila doit ouvertement s’engager à respecter la Constitution. Cela suppose qu’il ne peut, en aucun cas, être candidat à la présidentielle à venir. Pour qui connaît Kabila fils, l’on sait que ce n’est pas demain la veille qu’il va se plier à cette exigence. D’abord, parce qu’il semble prendre plaisir à laisser languir les Congolais par rapport à cette question. Ensuite, plus taiseux que lui, il n’y en a pas. Cette attitude est, peut-on dire, le fort de bien des dictateurs. Derrière leur calme et le fait qu’il sont muets comme des tombes, se cachent très souvent des bêtes immondes, prêtes à se repaître du sang de leur peuple pour assouvir leur goût immodéré pour le pouvoir. En ce qui concerne Kabila, cette pathologie est très prononcée. En tout cas, si la paix lui tenait tant à cœur comme il le prétend, il déclarerait, en cette douloureuse occasion, qu’il a pris la pleine mesure de la situation et que de ce fait, il se retirerait du pouvoir à la fin de son mandat pour permettre à un autre Congolais ou à une autre Congolaise de prendre le relais.

Il faut craindre que la situation ne dégénère au point de se transformer en guerre civile

Cette clarification aurait eu le mérite de faire baisser la tension et subséquemment, d’amener les Congolais à envisager l’avenir avec sérénité. Au lieu de s’engager dans cette voie qui peut lui valoir la reconnaissance de ses compatriotes, il a préféré contenir la colère légitime des opposants, en rééditant au Congo, l’opération Condor, du nom de cet arsenal de mesures répressives mis en place en Amérique latine par les présidents dictateurs de l’époque, pour casser de l’opposant. En effet, suite aux massacres consécutifs à la marche de l’opposition congolaise, Joseph Kabila a interdit sur l’ensemble du territoire, toutes manifestations à caractère politique. Il faut ajouter à cela, d’autres mesures répressives. Le procureur, par exemple, s’est engagé à traquer tous les auteurs d’actes répréhensibles, où qu’ils soient. Naturellement, l’on peut facilement imaginer à qui il fait allusion. Et comme si cela ne suffisait pas, le directeur général des migrations vient d’être requis pour interdire toute sortie de Kinshasa et du territoire national, des auteurs de faits graves. L’opération “nettoyage” des opposants est ainsi officiellement lancée. La grande question que l’on peut se poser est de savoir ce que va faire maintenant l’opposition. Va-t-elle renoncer à sa lutte légitime visant à se débarrasser du joug du dictateur ou va-t-elle faire fi des oukases du satrape en poursuivant la lutte ? La probabilité est forte qu’elle opte pour la deuxième hypothèse. C’est pourquoi il faut craindre que la situation ne dégénère au point de se transformer en guerre civile. Car, à force de réprimer l’opposition par tous les moyens, celle-ci pourrait être amenée, à son corps défendant, à faire plier le dictateur en recourant à des moyens dont les conséquences pourraient être dommageables pour l’ensemble du pays. Mais si l’opposition venait à arriver à cette solution, la faute en incomberait à Joseph Kabila. Le président congolais saura-t-il en tirer ici et maintenant la leçon qui sied pour éviter le chaos à son pays ? Ou va-t-il faire comme l’autruche au risque de terminer comme tous les présidents qui ont déjà eu en charge, la destinée de ce pays-continent ?

Pousdem Pickou


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