HomeA la uneREPRESSION DE MANIF AU TOGO . Faure casse le thermomètre mais il ne fait pas tomber la fièvre

REPRESSION DE MANIF AU TOGO . Faure casse le thermomètre mais il ne fait pas tomber la fièvre


Le sang a encore coulé au Togo. C’est le moins que l’on puisse dire. Car, sortis pour réclamer le retour à la Constitution de 1992 qui limitait à deux le nombre de mandats présidentiels et autorisait le vote de la diaspora, des manifestants ont été dispersés à coups de gaz lacrymogènes et de matraques, le 19 août dernier. Les affrontements entre les forces de l’ordre et les manifestants qui répondaient à l’appel du Parti national panafricain (PNP), ont dégénéré en une véritable chasse à l’homme dans  les rues de Lomé, Crié, Sokodé et Kara. L’opposition avance le chiffre de sept morts et de nombreux blessés alors que le pouvoir, quant à lui, parle de deux macchabées sur le carreau. En tout cas, des témoins rapportent que très tôt dans la matinée du 19 août, des fourgons blindés et des chars à eau avaient pris d’assaut les grands carrefours de Lomé, alors qu’un check-point de militaires inhabituel, était installé sur les hauteurs de l’état-major général des armées togolaises. On se croirait dans un pays sous état de siège où, généralement, sont confiés les pleins pouvoirs à l’autorité militaire pour le maintien de l’ordre. Rien de surprenant puisque nous sommes au Togo où les espaces politiques et les libertés individuelles sont très réduits, si fait que manifester publiquement s’apparente à un crime de lèse-président. Certes, il est vrai que les manifestants, au cours de la marche de ce week-end, ont bravé l’autorité en refusant de respecter les itinériaires à eux proposés par le gouvernement, mais faut-il pour autant tirer au déboulé sur des citoyens comme le ferait un chasseur face à des bêtes sauvages en plein milieu de la forêt ? De toute évidence, si le pouvoir de Lomé pensait qu’en cassant le thermomètre, il ferait baisser la fièvre sociopolitique, il en aura pris pour son grade. Car, plutôt que de décourager l’opposition, cette répression n’aura fait que la galvaniser. En témoigne le communiqué du chef de file de l’opposition en la personne de Jean-Pierre Fabre qui, même n’ayant pas appelé à manifester, dit partager les mêmes préoccupations que ses camarades du PNP.

 

Le peuple togolais a fort à faire

 

« Je demande au peuple togolais, sur toute l’étendue du territoire national, de continuer la mobilisation sans faillir. Je vois les signes de la fin de ce régime et je dis simplement que nous ne pourrons pas accepter que le régime recherche par tous les moyens, des subterfuges pour échapper à la mise en œuvre des réformes auxquelles il s’est engagé dans l’accord politique global», a-t-il déclaré, tout en réitérant son soutien aux militants du PNP. Faut-il le rappeler, parmi les mesures dont l’opposition togolaise réclame la mise en œuvre, il y a la limitation du nombre  de mandats présidentiels, l’organisation de scrutins à deux tours et la réforme de plusieurs institutions. Autant dire que le bras de fer ne fait que commencer, puisque le président  Faure Gnassingbé n’entend pas reculer, notamment en ce qui concerne la limitation du nombre de mandats présidentiels. Car, on se rappelle d’ailleurs comme si c’était hier, que c’est le Togo et la Gambie alors dirigée par Yahya Jammeh, qui s’étaient, en 2015, opposés à cette clause lorsque la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), s’inspirant de ce qui était arrivé au Burkina avec Blaise Compaoré, tenait à limiter le nombre de mandats présidentiels à deux au sein de tous les pays membres. C’est dire que le peuple togolais a fort à faire.

 

Boundi OUOBA


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