HomeA la uneREPRESSION DE LA MANIFESTATION DES FEMMES : Qui pour sauver l’Ouganda ?

REPRESSION DE LA MANIFESTATION DES FEMMES : Qui pour sauver l’Ouganda ?


 

Alors qu’elles avaient reçu de la Police, l’autorisation de manifester, une trentaine de femmes  qui entendaient protester contre un projet de loi relatif à la suppression de la limite d’âge pour les juges et les commissaires de la Commission Electorale,  ont subi l’ire du régime. Elles ont été interpellées  et embarquées manu militari  alors qu’habillées de blanc en signe de pacifisme, elles  s’étaient regroupées devant le théâtre national en face du Parlement, pour dénoncer les velléités de déverrouillage de la limite d’âge des candidats à l’élection présidentielle. En décidant d’user de la force pour réprimer ces femmes qui n’usaient que de leur droit constitutionnel à manifester sans atteinte à l’ordre public, le régime de Yoweri Museveni fait la preuve que ces amazones des temps modernes,  font preuve de clairvoyance car comme le dit l’adage, « qui se sent morveux, se mouche ».  Il est en effet suspect que ce soit aux seules autorités dont les compétences ont trait aux élections, que le régime décide d’octroyer ces privilèges à vie. Soit Yoweri Museveni cherche à acheter leur silence à propos des différentes mascarades électorales successives dont il est coutumier, soit, effectivement, il les prépare à entériner le passage en force qu’il envisage pour les prochaines élections qui lui sont constitutionnellement interdites.  Mais faut-il encore s’étonner des agissements de cet homme qui appartient à la pire espèce des dictateurs qui écument encore largement l’Afrique centrale, celle des tripatouilleurs constitutionnels et des bourreaux des peuples ? A le croire lui-même, l’Ouganda est sa « bananeraie » et il en décide comme bon lui semble. Un homme qui s’inscrit dans un tel paradigme, est un accro du pouvoir et seule la mort peut l’en séparer. Dans cette nauséeuse mare de dictature qu’est l’Ouganda, il faut saluer le courage héroïque de ces femmes. Elles ont montré le chemin de l’honneur aux Ougandais, en  défiant l’arsenal répressif du pouvoir pour réclamer non seulement leur droit à participer aux décisions qui engagent la vie de la Nation, mais aussi pour défendre la Constitution, caution à tous les tripatouillages par le régime. Plus donc qu’à leur bourreau, c’est au peuple martyr de l’Ouganda que s’adresse leur geste qui se voudrait une invite à s’assumer. Et les Ougandais devraient saisir au vol cette opportunité  pour secouer la chape de terreur qui recouvre le pays car comme disait Thomas Sankara, « l’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte, ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort ».

Yoweri Museveni devrait savoir lire les signes des temps

Quant au dictateur, sans nul doute que, pour lui, cette manifestation ressemble à de l’eau que l’on déverse sur les plumes d’un canard. Si  les rébellions armées ne l’ont pas assagi, ce ne sont certainement pas les robes blanches qui peuvent l’émouvoir. C’est donc finalement le peuple ougandais qu’il faut pleurer, lui qui, après les lubies meurtrières de Idi Amin Dada, échoit entre les serres d’un terrible prédateur des libertés. Plus déplorable est le silence de la communauté internationale face aux affres de ce peuple orphelin. Malgré le fait qu’il dirige d’une main de fer le pays, constituant ainsi l’une des dictatures les plus féroces du continent, le satrape bénéficie du soutien sans faille des Américains dont il est littéralement le chouchou. L’homme, en effet, joue un rôle de stabilisateur  dans la région, en raison du fait que bien des régimes dans la zone, lui restent redevables dans leur ascension au pouvoir. Et c’est ce qui lui vaut encore d’être souvent sollicité comme médiateur dans les crises qui secouent l’Afrique centrale. C’est donc le pyromane appelé en sapeur-pompier.  Quoi de plus normal alors qu’il se soit ouvert dans cette région du continent, un nouveau printemps des dictatures. Mais Yoweri Museveni devrait savoir lire les signes des temps. Les manifestations des femmes en Afrique sont souvent des mauvais signes prémonitoires pour les dictatures. En témoignent le cas malien avec Moussa Traoré ou celui du Burkina Faso de Blaise Compaoré.

 

SAHO


No Comments

Leave A Comment