HomeA la uneREPRESSION SANGLANTE DE MANIFS AU SOUDAN  

REPRESSION SANGLANTE DE MANIFS AU SOUDAN  


Les manifestants contre la junte ont, une fois de plus, croisé le fer au Soudan, le week-end écoulé. En effet, sortis nombreux pour dire non à la prise du pouvoir par les miliaires, ils ont dû faire face à l’armée qui, comme à l’accoutumée, n’a pas hésité à sortir l’artillerie lourde, allongeant ainsi la liste des victimes de la contestation. Le bilan fait état de cinq cadavres laissés sur le carreau et une vingtaine de blessés pour la seule journée du 13 novembre 2021. Face à cette escalade, on ne peut s’empêcher de se poser la question suivante : qui pour sauver le peuple soudanais ? Tout se passe, en effet, comme si les sanctions prises par les grandes puissances n’ont eu aucun impact sur le général Al-Burhan visiblement décidé à mener les Soudanais à la baguette, soutenu dans sa furie meurtrière par bien des pays du Golfe qui, on le sait, se soucient de la démocratie comme d’une guigne. Et l’homme, il faut le dire, semble être allé trop loin si bien qu’on l’imagine difficilement en train de reculer à moins que les Soudanais, dans un élan solidaire, refusent de courber l’échine en maintenant la pression jusqu’au bout. Il ne faut surtout pas compter sur la communauté internationale dont les prises de position évoluent souvent selon les intérêts géostratégiques. Autrefois, seule la Cour pénale internationale (CPI), par ses sorties avisées, arrivait à freiner les ardeurs des dirigeants sanguinaires. Mais dans le cas d’espèce du Soudan, elle est, on ne sait pour quelle raison, restée aphone jusque-là.

 

 

La kalach ni le bazooka ne peuvent venir à bout d’un peuple déterminé

 

Est-ce parce qu’elle a toujours été accusée, à tort ou à raison, de ne s’acharner que sur les dirigeants africains ? En tout cas, le constat est fait que le peuple soudanais, dans la lutte qu’il mène contre les putschistes, est orphelin. Il ne bénéficie d’aucun soutien.  De qui donc le général Al-Burhan a-t-il peur ? Personne, est-on tenté de répondre, surtout quand on sait que le nouveau bain de sang enregistré le week-end écoulé, intervient au lendemain de l’appel à la retenue lancé par l’ONU aux autorités de Khartoum. Cela dit, s’il y a quelqu’un qui, face à cette situation chaotique qui prévaut au Soudan, rira sous cape, c’est bien l’ancien dictateur Omar el-Béchir qui, après deux décennies de règne sans partage, a été évincé du pouvoir par une rue en colère soutenue par l’armée. Et à l’allure ou vont les choses, il y a fort à parier que certains Soudanais, excédés par les turpitudes et l’incurie des militaires, finiront par le regretter. En fait, ce qui se passe actuellement au Soudan est la preuve que la cogestion du pouvoir par les militaires et les civils, est très difficile pour ne pas dire impossible ; les premiers ne comprenant que le langage des armes. Mais ils oublient volontiers que ni la kalach ni le bazooka ne peuvent venir à bout d’un peuple debout et déterminé. Le général Al-Burhan qui continue de faire le dos rond, l’apprendra sans doute à ses dépens s’il n’encourt pas le même sort que Béchir.

 

Boundi OUOBA


No Comments

Leave A Comment