REPRISE DES POURPARLERS DE PAIX INTERMALIENS : Que va faire le MNLA à Alger ?

Un nouveau round des pourparlers de paix entre  les frères ennemis maliens s’ouvre aujourd’hui à Alger. Comme on peut le constater, l’Algérie et le reste de la communauté internationale sont encore loin de renoncer à trouver une solution politique à cette crise du Nord-Mali. Les délégations des pays voisins ainsi que celles de l’Union européenne (UE) et des Etats-Unis d’Amérique sont déjà sur place. Mais l’incertitude  demeure en  ce qui concerne une adhésion de toutes les parties  au contenu du  document  final. L’attitude de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), en effet,  n’incite pas du tout à l’optimisme. En effet, Bilal Ag Acherif et sa bande n’en finissent pas de narguer la communauté internationale par des séries de déclarations  tout  aussi insensées que déplacées, quand ce ne sont pas tout simplement des fuites en avant. Jugez-en. La CMA a bel et bien annoncé qu’elle sera présente à ce nouveau round des pourparlers de paix. Mais dans le même temps, elle s’est empressée de préciser  que ce déplacement est juste un geste de courtoisie à l’endroit de la communauté internationale qui l’a invitée. En termes clairs, la délégation de la CMA se rend à Alger, mais n’apportera aucune contribution de nature à faire avancer la cause de la paix. Ses membres  y vont-ils  pour faire du tourisme aux frais du contribuable algérien ?

Dans tous les cas,  cette attitude du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA),  bien que choquante, ne devrait pas étonner outre mesure les autres délégations présentes à Alger, dans la mesure où le MNLA et ses alliés ne sont pas à leur premier outrage du genre.  Cette attitude remet au goût du jour la question de la bonne foi des  meneurs du mouvement et ce, depuis le début des pourparlers à  Alger.

Il est temps que la communauté internationale arrête de caresser dans le sens du poil, les agitateurs

Tout se passe comme si les rebelles touaregs  cherchent à divertir les autres parties afin de gagner du temps pour appliquer un agenda qu’ils gardent bien secret. Sinon, comment comprendre qu’au moment où la communauté internationale se plie pratiquement en quatre pour leur faire entendre raison, ces rebelles organisent à Kidal, de façon outrecuidante, le troisième anniversaire d’une  république fictive ? Il est temps que la communauté internationale arrête de caresser dans le sens du poil, ces agitateurs  intrigants qui tiennent en otage la vie de toute une population et qui la manipulent au gré de leurs calculs machiavéliques. Sinon, ce n’est pas demain la veille  que les populations maliennes retrouveront la paix tant recherchée.

Cela dit, le MNLA, à force de tirer sur une corde déjà  bien raide, court le risque d’hypothéquer tout le capital de sympathie dont il jouissait auprès de nombre de ses partenaires. Son attitude n’est pas étonnante,  dans la mesure où les principaux meneurs du MNLA ignorent que le respect de son interlocuteur fait partie des règles élémentaires de la courtoisie. Mais peut-être même qu’avant d’en arriver là,  l’aile modérée  de ce mouvement aura pris ses responsabilités en décidant de rejoindre le camp de  ceux qui cherchent  réellement  la paix. A ce moment, ce mouvement qui sert de prétexte à une cohorte de trafiquants de tous poils qui parlent au nom  de toute une population mais dont  les agissements sont aux antipodes du bonheur de celle-ci, se retrouvera affaibli. Déjà, en effet, des voix discordantes commencent à s’élever pour dénoncer l’attitude maximaliste de certains hommes du MNLA, et les déclarations contradictoires qui émanent de ses propres rangs sont peut-être les signes avant-coureurs de son implosion. Certains membres de la CMA refusent à présent de se laisser mener en bateau par des responsables plutôt égoïstes, qui se servent de la cause de leur peuple pour se faire une notoriété et mieux, une fortune.

En tout cas, il n’est pas encore tard pour le MNLA de reconsidérer sa position sinon, c’est un lendemain chargé d’interrogations qu’il prépare  pour ce peuple du désert.

Dieudonné MAKIENI