HomeA la uneREPRISE  PARTIELLE DE LA PRESIDENTIELLE AUX COMORES : Un exemple qui devrait inspirer l’Afrique continentale

REPRISE  PARTIELLE DE LA PRESIDENTIELLE AUX COMORES : Un exemple qui devrait inspirer l’Afrique continentale


 

Si l’heure était à la fête, la joie n’aura été que de courte durée !  En effet, à peine le champagne a-t-il été sablé qu’il faudra au candidat Azali Assoumani et à ses partisans, se résoudre à le remettre, à moitié consommé, au frais puis à croiser les doigts,  dans l’espoir de l’ultime libération ! Car, pour une victoire, ça n’en était pas encore une, après la décision de la Cour constitutionnelle des Comores de réorganiser la présidentielle dans 13 localités, du fait « d’irrégularités » constatées lors du scrutin du 10 avril dernier.  Une  véritable douche froide s’il en est,  pour le candidat donné en tête et ses partisans, qui vont, hélas, devoir réorganiser leurs forces pour aller à la reconquête des électeurs des 13 localités concernées. Mais après tout, ce sont là,  les exigences de la démocratie et en la matière, on ne peut que saluer la courageuse décision de la Cour constitutionnelle,  qui, a priori, montre à quel point elle attache du prix à la transparence et à la sincérité du scrutin. Bien que sachant qu’une telle décision  peut modifier les résultats de l’élection, voire remettre tout en cause, (l’écart séparant le « vainqueur » et son principal rival était minime), la Cour constitutionnelle a tranché en faveur de la transparence… jusqu’au bout. Après que la Commission électorale nationale  indépendante a déclaré Azali Assoumani vainqueur, elle aurait pu entériner ce verdict  et clore le débat. Un pas qu’elle s’est heureusement  gardée de franchir. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cet exemple devrait inspirer l’Afrique continentale où les Cours constitutionnelles n’ont pas toujours été  à cheval sur la transparence, pas plus qu’elles n’ont jamais été au service de la vérité. Que dire par exemple du verdict  de la Cour constitutionnelle ivoirienne alors dirigée par Paul Yao N’dré, faisant à nouveau de Laurent Gbabgo président  de Côte d’Ivoire, au terme d’une élection des plus contestées en 2011 ? Le même Yao N’dré avait fini par reconnaître par la suite qu’il avait été… possédé par le diable.   Cela dit, autant il faut tirer son chapeau à la Cour constitutionnelle des Comores qui semble vouloir jouer la carte de la transparence jusqu’au bout, autant il faut saluer l’attitude responsable du candidat Azali qui s’est abstenu d’appeler  ses partisans à descendre dans la rue aussitôt après l’annonce du  verdict de la Cour constitutionnelle.

Les acteurs politiques comoriens doivent mesurer tout le poids de leur responsabilité devant l’Histoire

Certes, son camp a posé des conditions pour aller à cette élection partielle. Mais que son candidat se soit plié à la décision de la Cour, est déjà une attitude hautement responsable.   C’est, somme toute, bien réfléchi de sa part.  Cela est d’autant plus bien réfléchi que si, à l’issue de ce scrutin partiel, sa victoire venait à être confirmée, celle-ci n’en serait que plus éclatante. Et la légitimité de Azali Assoumani  n’en serait que plus renforcée.   Et puis, il faut ajouter à cela, qu’un règlement de ce contentieux électoral relatif aux 13 localités, pour autant que ce scrutin complémentaire se déroule en toute transparence,  peut contribuer à prémunir les Comores contre les périls qui les guettent.  A contrario, une victoire sur fond d’irrégularités  ferait du nouveau président sorti des urnes,  un dirigeant mal élu et rendrait, par conséquent, son exercice du pouvoir difficile.  Cela dit, quelle serait l’attitude de ses partisans si Azali Assoumani venait à être évincé par son rival, le candidat du pouvoir, Mohamed Soilihi  qui, quoi qu’on dise, conserve  aussi ses chances de l’emporter ?  N’y verront-ils pas  là, la main du pouvoir sortant ? Autre question : derrière cette volonté de transparence, la Cour constitutionnelle ne serait-elle pas, en réalité, à la solde du  pouvoir en place ?  Le porte-parole du camp du candidat du gouvernement, Said Larifou, balaie, en tout cas, les accusations  de quelconques pressions qui seraient exercées par le pouvoir en place. Quoi qu’il en soit, il importe de rappeler à tous les acteurs politiques comoriens, que ce pays a une longue tradition de violences. Ils doivent, par conséquent, mesurer tout le poids de leur responsabilité devant l’Histoire. A tout prix, il faut éviter à ce pays, de renouer avec  les démons de l’instabilité.

 « Le Pays »


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