REPRISE PARTIELLE DES MUNICIPALES : Pourvu que les mêmes causes ne produisent pas les mêmes effets !
Le conseil des ministres, en sa séance du mercredi 1er mars 2017, a décidé de la reprise des élections municipales dans 19 communes du pays, le 28 mai 2017. Il faut rappeler que des 19 communes, 16 sont concernées par des élections dites partielles. Nous ferons l’économie, ici, d’en dresser la liste intégrale. Mais il faut retenir que la reprise des élections, dans ces localités, est dictée par deux raisons. La première est qu’il n’avait pas été possible d’y mettre en place le conseil municipal. L’autre raison est que les Conseils municipaux mis en place sont grippés, du fait de divergences. Quant aux trois communes qui ne rentrent pas dans ce registre, il y est envisagé des élections « complémentaires ». Dans ces trois localités que sont Béguédo, Bouroum Bouroum et Zogoré, il n’avait pas été possible de tenir les élections municipales du 22 mai 2016. Comme on le voit, le constat est amer. Les acteurs politiques de ces localités, en toute conscience et pour des raisons diverses, ont choisi de mettre leurs communes en marge de la décentralisation. Et l’impasse dure depuis des mois et des mois. Et ce ne sont pas les médiations qui ont manqué pour amener les uns et les autres à mettre de l’eau dans leur vin pour normaliser la situation. On se rappelle que dans des localités comme Saponé, pour ne citer que ce cas, le gouvernement et les autorités morales ont été mis à contribution pour apaiser les passions, mais en vain. De ce point de vue, l’on peut dire que l’Etat, en décidant de la reprise des élections, a pris ses responsabilités. Mais pour autant, l’on peut se poser la question de savoir si l’on ne va pas retomber dans les même travers. Car, à l’analyse, on peut se rendre en effet compte que le malheur qui s’est abattu sur les localités où l’on doit reprendre les élections, trouve son origine dans les faits suivants. Premièrement, certains acteurs politiques n’ont pas véritablement compris la philosophie de la décentralisation. De ce fait, en briguant le poste de conseiller municipal, leur premier réflexe a consisté à explorer les voies et moyens pour s’enrichir, ici et maintenant. Cette vision exécrable de la politique produit invariablement des hommes et des femmes qui viennent aux affaires locales pour se réaliser en termes d’espèces sonnantes et trébuchantes et ce, à coups de spoliations des populations.
L’instabilité des conseils plombe le développement de nos communes
C’est cette posture « œsophagique » qui explique les combats de chiffonniers auxquels se livrent bien des conseillers municipaux pour arracher les postes les « plus viandés », pour reprendre l’expression d’Amadou Kourouma dans le Soleil des Indépendances. Dès lors que ces postes leur échappent, ils sont prêts à puiser dans leur dernière énergie la force nécessaire pour pourrir le fonctionnement du Conseil municipal. Deuxièmement, la responsabilité des partis politiques peut être pointée du doigt dans la chienlit qui s’est emparée de nos communes. D’abord, ils positionnent des individus sur les listes électorales à partir de Ouagadougou, sans se soucier de leur ancrage social encore moins de leur moralité. Résultat : les populations, à juste titre, les supportent difficilement. Ensuite, les gourous des partis politiques veulent, de leurs bureaux feutrés de la capitale, par le biais de conseillers municipaux qui manquent cruellement de personnalité, régenter les conseils municipaux.
Enfin, le troisième élément qui explique le caractère explosif des conseils municipaux est lié à l’instrumentalisation des ethnies, des tribus et autres clans. En effet, certains hommes politiques, visiblement en panne d’idées pour tirer les mairies vers le haut, ne rechignent pas à dresser les communautés les unes contre les autres pour mieux régner. Et ce mal est en passe de gagner bien de nos localités. A toutes ces raisons qui sont à la base de l’instabilité institutionnelle de nos conseils municipaux, il faut ajouter celle liée au Code général des collectivités territoriales. Visiblement, le code renferme des insuffisances. Une d’elles est celle qui permet, pour un oui ou pour un non, de mettre le maire en difficulté et l’ensemble de l’équipe municipale avec. Très souvent, ce sont des conflits de personnes et d’intérêts égoïstes qui sont à la base du blocage de l’appareil municipal au point de provoquer un clash. De ce point de vue, le gouvernement a été bien inspiré d’ordonner la reprise des élections. Pourvu que les mêmes causes ne produisent pas les mêmes effets ! Cela dit, il est impératif donc de travailler à résorber les causes que nous avons énumérées plus haut. Car, non seulement l’instabilité des conseils plombe le développement de nos communes, mais aussi le coût lié à la reprise des élections pèse énormément dans le budget de l’Etat. Tenez-vous bien, le coût total de la reprise de ces élections-ci, a été évalué à plus d’un milliard 200 millions de F CFA. Et par ces temps qui courent, où les signaux économiques sont loin d’être au vert et où d’autres priorités urgentes du peuple attendent d’être prises en compte, le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est un véritable gâchis. Malheureusement, l’on peut avoir l’impression que les hommes et les femmes qui ont pris en otage nos conseils municipaux, n’en ont pas conscience.
SIDZABDA
Claver DERA
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Bien dit.
8 mars 2017Mais vous avez oublié les communes où certains maires sont considérés çomme sous hommes (esclaves) et ne peuvent donc pas diriger la commune. (Mes cousins peulhs de Barani)
Nous sommes en 2017!!!
C’est ahurissant!!!