HomeA la uneRESPECT DES DROITS DES PERSONNES HANDICAPEES : Le cri du cœur de Henri Koné

RESPECT DES DROITS DES PERSONNES HANDICAPEES : Le cri du cœur de Henri Koné


Ceci est un cri du cœur que le sieur Henri Koné, lui-même vivant avec un handicap, lance à l’endroit des dirigeants d’ici ou d’ailleurs pour le respect des droits des personnes handicapées. Pour lui, il s’agit d’un droit inaliénable consacré par la déclaration universelle des droits de l’Homme. Lisez plutôt pour en savoir d’avantage !

 

« Tous les êtres humains naissent libres et égaux en droits et en dignité ». « Tous les Burkinabé naissent libres et égaux en droits… ».  Vous vous en êtes certainement rendu compte, ce sont là les toutes premières dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’homme du 10 décembre 1948 et de la Constitution du Burkina Faso du 02 juin 1991.

Cependant, force est de reconnaître que les inégalités sociales apparaissent et demeurent liées, entre autres, aux signes distinctifs du handicap. Que ce handicap soit physique, intellectuel, sensoriel, mental…, il cause à la personne victime, des désavantages en tous genres qui l’empêchent de participer activement à la vie de tous les jours au même titre que ses concitoyens.

Fort de ce constat, l’Organisation des Nations Unies (O.N.U)  a entrepris de nombreux efforts dans le but de promouvoir le statut des personnes handicapées et d’améliorer leur mode de vie. Ces efforts ont consisté en l’adoption d’instruments juridiques visant à supprimer ou, le moins, à lever les obstacles à leur  participation  à la vie de la société.  Ils contribuent également à effacer l’image négative de «sous être» que certaines personnes affichent à l’égard de la personne handicapée.

Au Burkina Faso, les textes édictés en faveur des personnes handicapées sont considérables et variés[1]. Ils témoignent de l’intérêt qu’accordent les autorités aux problèmes que rencontre cette couche sociale défavorisée et présagent des retombées indéniablement bénéfiques au regard des dispositions y relatives.

Toutefois, une chose est d’adopter des textes, une autre plus importante est de les appliquer. C’est justement à ce dernier niveau que les difficultés et inquiétudes apparaissent. La plupart des textes sur les personnes handicapées, ne sont pas appliqués, compromettant ainsi leur accès aux services sociaux, économiques, politiques…. Une telle situation entraine des inégalités sociales ayant pour conséquences : l’accroissement de leur pauvreté, l’aggravation de leur marginalisation et l’occultation de leur réadaptation.

Ainsi, comment ces personnes peuvent-elles vivre dignement, se prendre en charge, ou tout au plus, être intégrées sans qu’elles ne soient prises en compte dans les programmes et projets de développement, en l’absence de leur représentation dans les instances de décisions, du fait de l’inapplication des textes leur concédant des droits?

L’inclusion des personnes handicapées, ne se limite seulement pas en une adoption d’instruments juridiques en leur faveur, encore moins à leur étalage dans les discours politiques. Elle est la résultante d’un équilibre social où tous les citoyens, surtout la frange vulnérable, participent équitablement à la compétition sociale dans une perspective de bien être individuel et collectif. Et toute action contraire, peut être assimilée à une violation des droits du fait du déséquilibre social qu’elle crée.

La problématique du handicap et ses conséquences néfastes sur la vie des personnes handicapées et de la société entière ne sont pas insurmontables pour peu que :

– les premiers intéressés comprennent qu’ils ne doivent pas seulement être des bénéficiaires passifs, mais des promoteurs, des porte-drapeaux et artisans de leur développement ;

– les pouvoirs publics affichent une réelle volonté politique en créant les conditions visant à assurer l’égalité des chances comme il ressort des différents instruments juridiques auxquels ils ont librement souscrit, à l’origine des droits reconnus aux personnes handicapées;

– les communautés religieuses et coutumières, la société tout entière reconnaissent leur rôle, c’est-à-dire faire en sorte que les personnes handicapées soient prises en compte dans tous les efforts de développement socio-économique, culturel et sportif.

En outre, les multiples séminaires, ateliers… impliquant les personnes handicapées, les chapelets d’intentions énoncés dans les discours prononcés à l’occasion de ces rencontres, ne valent que par les actes qui les traduisent en réalité.

Certes, de nombreux projets et programmes de développement initiés et exécutés au Burkina Faso, prennent en compte le « genre » dans leur élaboration. Mais, la perception controuvée de ce concept ou l’usage restrictif qu’on en fait, n’est pas de nature à faciliter les choses puisque bon nombre de personnes n’y voient que la femme, occultant ainsi certains groupes défavorisés dont les personnes handicapées. Conséquence, ces personnes se trouvent ainsi oubliées dans la mise en œuvre de ces projets et programmes de développement, toute chose qui participe à les marginaliser, à calfeutrer leur inclusion et à accroître leur pauvreté.

L’épanouissement de la personne humaine est une finalité du développement humain en ce que le bien être est un moyen d’y parvenir. C’est dire que la pauvreté a un lien avec la protection et la promotion des droits humains, surtout ceux reconnus aux personnes handicapées parmi les plus pauvres, du fait qu’elle constitue une menace à l’exercice et à la jouissance de leurs droits. La lutte contre la pauvreté passe, inéluctablement, par la mise en œuvre des droits inhérents à la personne humaine car de leur accomplissement, dépend le degré de réduction de cette pauvreté.

N’est-il donc pas de droit que les organisations et associations de personnes vivant avec un handicap soient prises en compte dans la diversité des composantes de la société civile, toutes les fois qu’il s’agit de mettre en place des institutions ou organes publics du genre Conseil économique et social (C.E.S.), Commission nationale des droits humains, commission de ceci … ?

Il est donc grand temps que chacun de nous comprenne que les droits reconnus aux personnes handicapées ne sont pas des obligations facultatives qu’on peut  négliger, ignorer ou supprimer facilement, mais comme des droits fondamentaux dont la mise en œuvre assurerait leur participation à la société sur la base de l’égalité avec les autres.

Peut-on rester indifférent face à de telles aspirations légitimes ?

L’ineffectivité des droits reconnus aux personnes handicapées, résulte d’une crise de silence affichée par ces personnes elles-mêmes, leurs familles, la communauté, les pouvoirs publics. Ce silence affecte le développement politique, économique et social des sociétés où un large potentiel humain reste souvent inexploité. Il y a nécessité et urgence à mettre un terme à cette situation douloureuse.

 

Henri KONE

 

 

 

 

 

 


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