RESULTATS DES EXAMENS SCOLAIRES : Qui sème la paresse récolte l’échec
En fin de semaine écoulée, je passais devant un établissement de la place. Entre-temps, j’ai entendu des cris de joie et des pleurs qui allaient crescendo. Comme d’habitude, j’ai voulu en savoir davantage, en m’approchant dudit établissement avec bien sûr la crainte d’être éconduit inamicalement. C’est là qu’on m’a informé qu’il s’agissait de la proclamation des résultats du BEPC (Brevet d’études du premier cycle). J’ai vu des gens sauter de joie en se trémoussant à qui mieux mieux, alors que d’autres, fondant en larmes, étaient inconsolables. Ainsi se terminent les années scolaires. Elles font chaque fois des heureux et des malheureux. C’est une loi de la nature qui veut que ceux qui ont mouillé le maillot, voient leurs efforts récompensés. Car, comme on le dit, celui qui sème la paresse récolte l’échec. En réalité, chaque élève ne fait que récolter ce qu’il a semé. Ceux qui ont passé le temps à fainéanter ne devraient pas, à mon avis, se laisser surprendre par leurs résultats. Puisque, pour ces gens-là, les résultats sont connus bien avant l’examen. Mais ce qui me fait mal, c’est que ce sont ces candidats-là qui passent leur temps à pleurer quand on les déclare ajournés ou recalés. Ce qui ressemble souvent à de la pure diversion destinée à faire croire à leurs parents, qu’ils ne méritent pas leur sort. Or, la plupart de ces élèves passent leur temps dans les débits de boisson ou à consommer la drogue, pendant que leurs camarades sont en classe. D’autres, de peur d’être réprimandés par leurs parents, trouvent moyen d’aller en classe, mais passent le temps à perturber les autres. Si fait que d’année en année, le résultat reste le même. Pire, certains finissent même par être renvoyés, obligeant leurs parents à leur trouver un nouveau point de chute. Et comme par miracle, ces élèves se retrouvent avec de très bonnes notes dans leurs bulletins, leur permettant d’accéder à de nouveaux établissements, sans même s’être engagés à se ressaisir. Voyez-vous, l’école burkinabè est malade. J’allais même dire qu’elle est très malade.
Il y a des enfants paresseux dont l’avenir a été sacrifié à la base par des chefs d’établissements véreux
Elle a besoin d’une thérapie de choc. En fait, comme vous le savez, il y a des établissements scolaires, notamment privés de la place, qui passent le temps à flatter les enfants, oubliant qu’ils sont en train de sacrifier ainsi leur avenir. De quoi s’agit-il ? Je veux parler de ces établissements qui passent le temps à donner des notes de complaisance aux enfants, si fait que ceux-ci passent d’année en année en classe supérieure parce qu’ils veulent que l’on dise que leur école produit de bons résultats et est l’une des meilleures de la place. Or, ces élèves sont sans niveau. Résultat : arrivés au BEPC et au BAC, les enfants se retrouvent bloqués pour toujours. Du coup, tout le monde est déboussolé, surtout les parents qui, au regard des notes qu’on leur présentait, passaient le temps à se féliciter du rendement de leur progéniture. Je vous le dis, en vérité. Ce n’est pas bien. La bonne manière de faire la publicité de son école consiste à faire dans la rigueur, comme certains privés qui, on le sait, ne savent pas faire dans la complaisance. Soit l’enfant mérite, soit il ne mérite pas. Ces établissements scolaires méritent d’être encouragés. Mais quant aux marchands d’illusions, je dis qu’ils n’ont pas leur place au Burkina, car au lieu d’accompagner l’Etat dans sa politique d’éducation, ils se comportent en affairistes peu soucieux de l’avenir des enfants des autres. Ce qui importe le plus chez eux, c’est faire en sorte que l’établissement ait beaucoup d’élèves pour se faire beaucoup de sous. Le reste, on s’en fout. C’est cela la triste réalité, chez nous, ici, au Burkina, pays des Hommes intègres. Et c’est ce qui explique certains échecs scolaires. Certes, il y a des enfants paresseux qui n’aiment pas l’école, si bien que leur échec ne surprend personne. Mais, il y en a aussi dont l’avenir a été sacrifié à la base par des chefs d’établissements véreux. Il faut que l’on ait souvent le courage de se dire la vérité, sans rancune. Car comme le disait un penseur africain, « la vérité rougit les yeux, mais elle ne les crève pas ».
« Le Fou »