RETRAIT DE L’ARMEE FRANÇAISE DU TCHAD : La machine est lancée
Ça y est ! Moins d’un mois après la dénonciation de l’accord militaire qui lie N’Djamena à Paris, les choses vont vite, voire très vite. En effet, après le décollage, le 10 décembre dernier, de trois avions français et ce, après plusieurs décennies de présence au Tchad, N’Djamena a annoncé, le 26 décembre 2024, avoir pris la possession de la base militaire de Faya. Autrement dit, les soldats tricolores ont rétrocédé leur base de Faya aux forces armées tchadiennes dont l’état-major promet de « tenir l’opinion informée sur les futurs désengagements de la base d’Abéché et N’Djamena ». La machine est donc lancée. L’armée française a entamé son retrait progressif du Tchad et ce, à quelque jours seulement des élections législatives, provinciales et locales. Pourra-t-elle respecter le délai imparti, c’est-à-dire la date du 21 décembre prochain, comme le souhaitent les autorités tchadiennes ? On attend de voir. Toujours est-il que le compte à rebours ayant commencé, l’on assiste à une véritable course contre la montre. Tant et si bien que l’on se demande si ce retrait se fera en bon ordre. En tout cas, avec le départ de ses troupes du Tchad, la France aura perdu totalement le contrôle du Sahel où jadis elle faisait la pluie et le beau temps.
La France est victime de ses propres turpitudes
Pour autant, est-elle vraiment à plaindre ? Assurément, non ! Car, la France, il faut avoir le courage de le dire, récolte ce qu’elle a semé. Elle est victime de ses propres turpitudes ; elle qui, pendant des décennies, n’a eu de cesse de jouer les trouble-fêtes, allant jusqu’à s’immiscer parfois dans la politique intérieure de ses ex-colonies. Si donc après le Mali, le Burkina Faso et le Niger, elle croyait avoir le Tchad comme un allié de taille, elle doit être, sans doute, en train de désenchanter. Car, bien plus que Bamako, Ouagadougou, et Niamey, N’Djamena a humilié le président Emmanuel Macron de la pire des manières en choisissant de dénoncer l’accord militaire avec Paris, juste quelques heures après la visite du chef de la diplomatie française au Tchad. Que s’est-il donc passé pour que les deux capitales qui filaient le parfait amour, en viennent au divorce dans un contexte où les autorités françaises, tirant leçon de ce qui se passe, avaient pris l’engagement de réduire leurs effectifs militaires sur le continent africain ? Bien malin qui pourrait répondre à cette question. Pour le moins, on sait que la politique a ses raisons que la raison elle-même ignore. Si fait qu’en la matière, il n’y a ni amis et ni ennemis éternels. Les positions des uns et des autres évoluant selon leurs intérêts.
B.O