REVERS DU PARTI AU POUVOIR AUX MUNICIPALES EN AFRIQUE DU SUD : L’ANC paie pour les frasques de Zuma
Les Sud-Africains auraient voulu sanctionner le Congrès national africain (ANC) qu’ils ne s’y seraient pas pris autrement. Car, même dans ses bastions historiques, le parti a été battu à plate couture à l’issue des municipales du 3 août dernier. C’est le cas par exemple de la capitale Pretoria et de la ville industrielle de Port Elisabeth qui sont désormais entre les mains des libéraux de l’Alliance démocratique (DA). Certes, l’ANC reste le premier sur l’ensemble du pays avec 54% des voix, mais cette série de revers risque de laisser des marques. Ce d’autant que depuis la fin de l’apartheid, jamais le parti n’avait atteint un score aussi bas. Le parti de Jacob Zuma va-t-il donc tirer toutes les conclusions qui s’imposent, et cela à travers une introspection profonde, comme le souhaite Cyril Ramaphosa ? On attend de voir. Car, à l’allure où vont les choses, l’ANC, si on n’y prend garde, risque de sombrer, et cela, du fait de sa volonté affichée de vouloir coûte que coûte protéger Jacob Zuma dont les frasques le disputent à l’irresponsabilité. A preuve, ils sont nombreux les scandales à répétition dans lesquels se trouve mêlé le président Zuma qui, visiblement, ne semble pas prêt à se remettre en cause. Tant et si bien que, dépités, certains Sud-africains n’hésitent même pas à demander son départ du pouvoir, incapable qu’il est de chausser les bottes de Nelson Mandela. C’est sans doute ce qui explique que même dans son village natal à Nkandla, Jacob Zuma a été battu par ses adversaires. En tout cas, l’ANC paie pour les frasques de Zuma, si fait qu’il se laisse damer le pion par la DA, considérée comme un parti des Blancs. Comment pouvait-il en être autrement, puisque, comme le dit l’adage, « celui qui se fait brebis, le loup le mange ».
Cette série de revers est un message fort que le peuple envoie à l’ANC
A force de soutenir Zuma par tous les moyens, l’ANC en aura pris pour son grade. Et il faut craindre que les choses n’aillent de mal en pis, quand on sait que l’opposition travaillera davantage à consolider sa victoire aux prochaines élections. C’est pourquoi, dans l’intérêt même de l’ANC, Jacob Zuma doit débarrasser le plancher pendant qu’il est encore temps, pour ne pas continuer, par ses excentricités, à éclabousser le parti. Il ne faut donc pas qu’à cause d’un seul individu, fût-il président de la République, le parti qui, jusque-là, bénéficiait de la sympathie du peuple sud-africain, en pâtisse. Rappelons-nous que pour moins que ce que Zuma a fait comme scandales, l’ex-président Thabo Mbeki a été débarqué de l’ANC qui tenait à préserver son image. De toute évidence, cette série de revers enregistrée lors des municipales, est un message fort que le peuple envoie à l’ANC qui devrait, dans les jours à venir, opérer une mue profonde, si tant est qu’il veuille garder sa légitimité historique. Car, comme le dit l’adage, « il n’est jamais trop tard pour bien faire ». Cela dit, il faut se féliciter de l’esprit républicain qui a prévalu durant tout le processus électoral. Il y aura eu plus de peur que de mal, quand on sait que ces municipales, pour reprendre l’expression du président de la commission électorale, étaient « les plus éprouvantes » dans la mesure où elles se sont déroulées dans un contexte de tensions. C’est tout à l’honneur de la classe politique sud-africaine.
Boundi OUOBA