REVISION DE L’ARTICLE 37 DE LA CONSTITUTION :Le problème n’est plus celui de la légalité mais celui de la légitimité et de l’éthique
Le Burkina Faso a expérimenté pendant longtemps, les régimes d’exception. Tous, ou presque d’une manière ou d’une autre, ont consacré le triomphe des « hommes forts » au détriment des libertés individuelles et collectives. En 1991, les forces vives du pays ont décidé de mettre fin à l’accaparement du pouvoir par un individu et à la violence en politique, en mettant en place une Constitution. Celle-ci, dans sa lettre et dans son esprit, devrait arrimer le pays à la démocratie. La limitation des mandats présidentiels à deux, de toute évidence, s’inscrivait dans cette logique. Il s’agissait notamment de se prémunir de toute velléité de s’éterniser au pouvoir, en permettant l’alternance sans laquelle la démocratie se fossilise et finit par se monarchiser. Ceux qui se battent pour réviser l’article 37 aujourd’hui et dont certains ont pourtant contribué à la rédaction de la Constitution de 1991, semblent perdre de vue cet esprit, pour se cramponner uniquement à la légalité.
Les légalistes savent qu’ils peuvent éventuellement compter sur les achats de consciences
En effet, celle-ci dit que la Constitution peut être révisée. Et c’est ce qu’ils sont en train de vouloir faire par la voie parlementaire, arguant que cela est conforme à la loi.
L’on peut avoir envie de leur dire tout de suite que la déportation des juifs s’inscrivait dans le cadre de la légalité, puisqu’elle était conforme aux lois édictées par les Nazis. Bien d’autres tragédies de l’histoire de l’humanité ont été rendues possibles parce que justement leurs auteurs prétendaient agir au nom de la légalité. C’est pourquoi certains ont eu raison de s’insurger souvent contre la légalité dans leur pays.
Le Général De Gaulle l’a fait contre le régime de Vichy. Blaise Compaoré l’a également fait, en ouvrant un maquis à Pô, suite à l’arrestation de son « ami » et camarade de lutte Thomas Sankara, le 17 mai 1983. Certes, les contextes ne sont pas les mêmes, mais l’on peut avoir envie de dire aux partisans de la révision de l’article 37, que l’argument de la légalité seulement, pourrait ne pas satisfaire bien des Burkinabè. A les entendre défendre leur projet, tout Burkinabè digne de ce nom, à défaut de s’insurger, devrait au moins éprouver de la compassion pour le peuple de ce pays dont le nom est cyniquement invoqué pour justifier ce coup de poignard contre la démocratie.
Et ces fameux légalistes savent qu’ils peuvent éventuellement compter sur les achats de consciences, les fraudes et autres moyens de pression pour faire passer comme une lettre à la poste leur projet à l’Assemblée nationale. De manière générale, ils savent qu’ils peuvent compter sur la misère et l’ignorance des populations, surtout celles des zones rurales, pour faire prospérer pendant longtemps encore leur pseudo-démocratie. Cette légalité-là est nauséabonde, parce qu’elle utilise les instruments de la démocratie contre la démocratie. Légalité pour légalité, la taxe de développement communal (TDC) était aussi légale puisqu’elle avait été votée massivement par les députés. Pourtant, elle n’a pas été appliquée parce que le peuple n’en voulait pas.
Dans l’histoire des royaumes de notre pays, les monarques qui ont passé 27 ans sur leur trône peuvent se compter
Le 30 octobre prochain, tout porte à croire que la messe de l’article 37 sera dite. Blaise Compaoré, légalement, pourrait alors rebeloter autant de fois qu’il le souhaiterait puisque c’est légal. En attendant que ce coup de grâce soit asséné à la démocratie au nom de la légalité, tout le pays est en ébullition. La majorité de la partie du peuple, qui peut se prévaloir d’un minimum de conscience politique, semble se positionner contre le passage en force de Blaise Compaoré. Tous les micros-trottoirs réalisés à Ouagadougou notamment, confirment cette impression. Pour sacrifier au principe de l’équilibre de l’information, certains journalistes sont même obligés d’aller au siège du CDP, pour espérer entendre un autre son de cloche. Et malgré tout, l’on préfère franchir le rubicon en brandissant l’unique argument de la légalité. De ce point de vue, l’on peut affirmer que le problème au Burkina n’est plus celui de la légalité mais celui de la légitimité et de l’éthique.
La révision de l’article 37 n’est pas légitime pour la simple raison qu’elle n’est pas fondée en raison. Elle est même déraison. En effet, après 27 ans de pouvoir de Blaise Compaoré, tout acte politique devant permettre à celui-ci de s’accrocher encore au pouvoir, quitte à embraser le pays, pourrait même s’apparenter à de la folie. Un tel acte est d’autant plus criminel qu’il semble ne pas prendre en compte ces milliers de Burkinabè, qui ont la gorge nouée, crient leur ras-le-bol du système Compaoré en vigueur depuis 1987. Tout le monde devrait comprendre que ces Burkinabè aient légitimement envie, surtout dans une démocratie, que Blaise Compaoré cède enfin la place à un autre Burkinabè. A ce problème de légitimité pourrait s’ajouter un problème d’éthique. Comment en effet, peut-on s’accrocher au pouvoir après 27 ans, sans courir le risque d’aller contre les principes de la morale ? Et la morale dans presque toutes les sociétés pourfend l’égocentrisme, le narcissisme, la boulimie du pouvoir et tous les excès de manière générale. Tous ces défauts pourraient être reprochés à Blaise Compaoré aujourd’hui. Même dans l’histoire des royaumes de notre pays, les monarques qui ont passé 27 ans sur leur trône peuvent se compter sur le bout des doigts. Pourtant, nous sommes dans une République et Blaise Compaoré semble ne pas s’en contenter. Pire, il force pour continuer. Pour combien de temps encore ? Dieu seul le sait. En attendant, le Burkina est la risée du monde entier ; notre réputation « d’Hommes intègres » en a pris un sacré coup. Avant Blaise Compaoré, les Burkinabè étaient pauvres mais dignes. Avec Blaise Compaoré, la pauvreté colle à leurs fesses mais le pire, c’est qu’au milieu des autres, l’on peut avoir honte d’exhiber sa nationalité gondwanaise.
Pousdem PICKOU
le Croyant
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Bel article. Honte a Blaise et a son regime predateur.
28 octobre 2014Ismael
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En toute connaissance de cause, en ton âme et conscience, toi, député de l’Assemblée Nationale, tu as le poids d’une décision sur tes épaules. Que vas-tu décider pour ta Patrie, pour les générations futures?
29 octobre 2014La postérité te jugera!
roger
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Ce que les gens ne comprennent pas, c’est que même l’occident qui certainement aurait aimer que Blaise soit là pour la stabilité de la sous région, n’a pas l’argumentation nécessaire pour le soutenir, au vue du fait que Blaise est président depuis pratiquement 30 ans bientôt. les principes de la démocratie auxquels nous avons souscrit ne permettent pas aujourd’hui de soutenir et de défendre notre président même si on le voulait. Posons nous la question de savoir quel pays aujourd’hui pourrait trouver un argumentaire solide et convaincant pour soutenir que la position actuel de notre président est démocratique ? Malheureusement beaucoup de proches de Blaise lui ont fait comprendre que le peuple ne l’aimait pas, ce qui n’est pas forcement vrai, car même ceux qui l’aime pense qu’il est temps de s’arrêter afin de ne pas subir les mêmes sorts que d’autres ont connu après leur 25 ans de pouvoir. Même le regretté HOUPHOUET a géré difficilement ses derniers moments au pouvoir. Peut-être que nous autres ne sommes pas suffisamment intelligents c’est pourquoi nous pensions que Blaise doit arrêter. Bref, dans tout les cas le choix lui revient, personne ne peut choisir à sa place même si on le veut.
29 octobre 2014YAWOTO
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C’est maintenant qu’on va savoir quel genre de députés nous avons à l’assemblée, qui ils représentent et qu’Est-ce qui les préoccupe!
29 octobre 2014Bédjou
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Très bel article. Rien de raisonnable ne peut justifier le désir de Blaise de s’accrocher au pouvoir. Ceux qui continuent à le soutenir dans cette machination cherchent à assurer les avantages qu’ils tirent de ce maintien(postes, privilèges, gains matériels et financiers). Que c’est triste.
29 octobre 2014Sheiky
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Bien dit.
29 octobre 2014Il est clair qu’à partir de maintenant plus rien ne sera comme avant au Faso.
Blaise dans sa volonté de continuer pendant quelques années aurait dû négocier profondément et avec grande humilité et transparence un pacte social avec les Burkinabé. Il aurait dû s’exprimer directement et à chaque fois aux Burkinabé. Cela avait peut être une chance de passer. Mais ses attitudes de ces derniers temps, par le biais de sorties hasardeuses et humiliantes à l’étranger ont suscité un dégoût total envers lui et ses acolytes. Il a voulu reduire les burkinabés à de simples moutons au yeux du monde entier. Il devra accepter les conséquences de cette grave erreur. C’est dommage parce que je pensais personnellement qu’il avait compris la nature profondément tolérante, pacifique et endurante des Burkinabés plutôt que celle de faibles et de soumis qu’il croit qu’ils sont.
Nous n’avons une confiance claire des possibles présidentiables au Burkina, mais il est clair que nous préférons passer à autre chose et expérimentez les chemins chaoteux mais salvateurs de la démocratie que subir encore les dérives et humiliations de ce régime et ses valets.
Après 27 ans, Blaise doit se rendre compte que quelque soit le temps et les éfforts fournis pour éffacer l’histoire, la graine semée par la révolution a germée.
QUE DIEU BENISSE NOTRE CHER PAYS
Diem
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Tout député qui votera cette forfaiture en portera la responsabilité devant l’histoire!
29 octobre 2014La rectification
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Il faut que l’armée et toutes les forces de défenses de ce pays rectifient la rectification pour redonner au peuple Burkinabé sa dignité et sa liberté.
29 octobre 2014Bon courage à vous.
Le Flambeau
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A BAS LE POUVOIR DE BLAISE COMPAORE ET SON REGIME INHUMAIN!
29 octobre 2014saloni
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Mr blaise si vs êtes vraiment digne de la famille compaoré prend conscience pendant qu’il est temps ne reverse plus de sang sur ce sol car ns avons marre trop ces trop sache que tu es un mortelle tes chiens de garde ont déjà leurs valises hors du Burkina s’il plait à dieu ont va te delogé comme Laurent BAGBO et tu sera son voisin à la TPI In chalah que dieu ns protège.
29 octobre 2014squad
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Nous avons confiance à notre armée donc empêcher les mercenaires de blaise de nuire à la population burkinabè
29 octobre 2014vous nous faites honte blaise et son clan
Sandiasso
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Cher president,je suis convaincu qu’avec tout ce que tu vois tu prendra conscience que la situation n’est plus maitrisée par tes soit disant protecteurs.Ce sont des goujats et ils n’ont pas cette force de te dire de t’en aller dans la paix et par la grande porte.Et qu’au sein de ton propre parti il y’a des volontaires à ce pouvoir d’Etat.Je suis convaincu qu’au délà ta propre dignité et pour l’interet du peuple vrai que tu retirera ce projet de loi et que tu opteras de sortir par la grande porte.Nous t’aimons bien mais on veut goutter à l’alternance et oublier ses coups d’Etat militaires que mon cher pays a connu autre fois.Ecoute ton peuple et quitte ce pouvoir qui ne t’honnore plus…
29 octobre 2014ngaw
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Cet article dit tout. la légalité doit correspondre à la réalité sociale. D’ailleurs ne dit-on pas que le droit est l’expression de la réalité sociale?
29 octobre 2014anta
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On a séquestré les députés tripatouilleurs à Azalaï hotel pour modifier l’article 63 qui stipule que les séance de l’Assemblée sont ouvertes au public. Ils avaient complètement oublié cet article qui va permettre au peuple d’assister en direct à l’effraction qu’ils veulent opérer sur la Constitution comme des Balla le Pétrolier. On sera-là très tôt le matin pour les surveiller et prendre des noms.Après le vote, ils pourront soit retourner tranquillement chez eux, soit rester jusqu’à la fin de leur vie à Azalaï Hotel.Comme cela, la menteuse de Directrice ne manquera plus de clients, et quels clients ? Des Balla le Petroliers qui ont reçu chacun 50 millions pour prix de la trahison.Chassons l’Usurpateur, chassons Balla le Pétrolier, grand braqueur de Cosntitution
29 octobre 2014Rapoug-Yandé risquent de voter dans une des salles de réunion de l'Hotel Azalaï plutôt Hotel Indépendance. Restons vigilants
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Ces députés séquestrés
29 octobre 2014Alexio
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Le monde a changer.Et la fin proche.
31 octobre 2014