HomeA la uneSAISIE, PAR L’ALGERIE, D’UNE PARTIE DE LA RANÇON DES OTAGES LIBERES AU MALI

SAISIE, PAR L’ALGERIE, D’UNE PARTIE DE LA RANÇON DES OTAGES LIBERES AU MALI


L’information émane du ministère de la Défense nationale de l’Algérie. Un détachement de l’Armée nationale populaire a, au cours d’une opération de ratissage menée dans l’arrière-pays suite aux renseignements fournis par le terroriste Rezkane dit Abou Dahdah capturé quelques jours plus tôt, mis la main sur une partie de la rançon payée pour l’obtention de la libération de l’ancien chef de file de l’opposition malienne, Soumaila Cissé et de l’humanitaire française Sophie Pétronin. La somme de 80 000 euros était destinée à des résidus de groupes terroristes traqués par les services de sécurité au Nord de l’Algérie. Voilà qui ressemble donc à un cadeau de fin d’année pour tous ceux qui avaient suivi, avec l’estomac révulsé, le deal à huis clos sur fond de paiement d’espèces sonnantes et trébuchantes, entre l’Etat malien et le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSI) en vue de la libération des otages du Sahel. « Les voleurs, peut-on soupirer, ont été alpagués avec leur butin et c’est en quelque sorte justice rendue ». Pour le front de la lutte contre le terrorisme, c’est aussi une excellente nouvelle. Car, avec cette somme saisie, ce sont de nouvelles recrues et de nouvelles armes en moins et aussi des moyens en moins pour planifier des attaques contre les populations. Et pour tout cela, l’on est naturellement tenté de jeter des fleurs à l’Algérie qui, d’ailleurs, se félicite à l’occasion de l’efficacité de l’approche adoptée par le Haut-commandement de l’Armée nationale populaire pour venir à bout du fléau du terrorisme et assécher ses sources de financement. On pourrait donc le dire, c’est aussi une opération de « com. » bien réussie pour l’armée algérienne. Mais à y voir de bien près, cette affaire est bien embarrassante pour plus d’un, à commencer par l’Algérie elle-même. En effet, la saisie, sur le territoire algérien, d’une partie de la rançon de libération des otages pris au Mali, prouve au moins deux choses. D’abord, que l’Algérie est, de façon ombilicale, liée aux groupes terroristes qui sévissent au Mali. Et voilà qui vient apporter de l’eau au moulin de ceux qui pensent que Alger est le parrain de certains terroristes les plus recherchés au Sahel et que l’un des piliers de sa stratégie sécuritaire, consiste à fermer les yeux sur leurs activités tant que cela peut les éloigner de ses frontières. Alger aurait réagi exceptionnellement cette fois-ci parce qu’elle a été éloignée du deal entre les autorités maliennes et le GSIM.

Si les Etats peuvent se sentir embarrassés, les groupes terroristes, eux, peuvent se sentir pour le moins roulés

Ensuite, cette opération d’éclat prouve que si Alger voulait véritablement apporter son soutien à la lutte contre le terrorisme en Afrique subsaharienne, elle serait d’une redoutable efficacité. Mais visiblement, c’est la volonté qui manque le plus. Au-delà de l’Algérie, l’affaire est aussi embarrassante pour les autorités maliennes. Elles n’ont jamais officiellement communiqué sur la somme d’argent versée contre la libération des otages. Cette découverte vient apporter la preuve qu’en plus des 200 combattants relâchés dans la nature, une contrepartie financière non avouée a été versée au GSIM. Et cela devrait en rajouter aux acerbes critiques contre les autorités militaires de la Transition au Mali qui, en plus d’étaler leur incapacité à ramener la sécurité au Mali par une réponse militaire adéquate, pillent le Trésor malien pour alimenter des groupes terroristes qui en useront pour se procurer plus d’armes pour revenir endeuiller les populations maliennes. C’est dire si tout cela donne raison à ceux qui ont toujours cru que l’armée ne pouvait pas être une solution au problème malien, parce qu’elle constitue elle-même une partie du problème.  Enfin, la France devrait aussi se sentir gênée aux entournures dans cette affaire. Du reste, l’on peut même penser que c’est elle qui est visée par cette opération de communication de l’armée algérienne. En effet, l’on peut penser qu’à défaut d’être impliquée dans les tractations y compris financières qui ont abouti à la libération des otages, elle a, tout au moins, malgré les protestations officielles, accordé une bienveillante complicité aux parties négociantes. Et cela tranche avec le discours officiel selon lequel la France ne négocie pas avec les terroristes.  Cela dit, si les Etats peuvent se sentir embarrassés, les groupes terroristes, eux, peuvent se sentir pour le moins roulés. Car, ils ont, en plus d’être dépossédés des otages et de l’argent, payé le prix fort. Certains ont été arrêtés par la force Barkhane ou l’armée algérienne pour les plus chanceux. D’autres ont simplement été tués. Il faut donc craindre des actes de représailles et une plus grande radicalisation si la leçon n’est pas bien apprise.

SAHO


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