HomeA la uneSALEH KEBZABO NOMME PREMIER MINISTRE DE DEBY FILS   : La politique a ses raisons que la raison ignore

SALEH KEBZABO NOMME PREMIER MINISTRE DE DEBY FILS   : La politique a ses raisons que la raison ignore


– Le 10 octobre 2022, le Général Mahamat Idriss Deby, initialement investi pour 18 mois à la tête du Tchad, a vu son bail prorogé à l’issue du dialogue national inclusif souverain.  – Le 11 octobre 2022, soit seulement le lendemain, le Premier ministre, Albert Pahimi Padacké, présente sa démission et celle de son gouvernement au chef de l’Etat qui les accepte. – Le 12 octobre 2022, Saleh Kebzabo est nommé Premier ministre. C’est lui qui aura la lourde tâche de conduire le gouvernement d’union nationale censé ramener le Tchad à l’ordre constitutionnel normal à l’issue de la transition en cours. Vous l’aurez donc compris. Les choses sont allées vite voire très vite au Tchad si bien que certains se demandent si le président Mahamat Idriss Deby n’avait pas déjà fait le choix de son futur chef du gouvernement avant même le lancement et la clôture des travaux du Dialogue national inclusif souverain (DNIS). Finalement, l’histoire semble donner raison à tous ceux qui ont refusé de prendre part à ce DNIS, estimant qu’il s’agissait d’une entourloupe visant à légitimer le pouvoir de Déby fils qui, en plus de bénéficier d’une prolongation de deux ans au Palais rose, est aussi autorisé à se présenter à la  prochaine présidentielle. Et pour l’accompagner dans sa forfaiture, il a jeté son dévolu sur un opposant historique, en la personne de Saleh Kebzabo. Qui est ce dernier ? Né le 27 mars 1947 à Léré dans le Sud-Ouest du Tchad, Saleh Kebzabo, âgé de 75 ans, est un ancien journaliste qui a vite fait de rejoindre l’arène politique et ce, au moment où le pays était à la croisée des chemins. Plusieurs fois candidat malheureux à la présidentielle face à Idriss Déby Itno, il est le président de l’Union nationale pour la démocratie et le renouveau (UNDR) qui comptait déjà deux ministres dans la précédente équipe gouvernementale.

 

Pour l’opposant historique tchadien, on peut combattre le père sans pour autant combattre le fils

 

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la nomination de Saleh Kebzabo n’a pas surpris outre mesure au Tchad. On le voyait venir, est-on tenté de dire. D’autant que ce dernier, dès le lendemain de la mort de Déby père, n’avait jamais fait mystère de son soutien au fils au moment où des voix, et pas des moindres, s’élevaient pour dénoncer une succession dynastique du pouvoir au Tchad. Premier vice-président du comité d’organisation du DNIS, il n’avait eu de cesse d’appeler les Tchadiens à la concorde. Morceau choisi : « Le gros obstacle qui était Déby (père) n’est plus là. On doit s’asseoir, se regarder dans les yeux et se dire la vérité pour repartir sur de nouvelles bases dans une structure démocratique », avait-il récemment déclaré. Dont acte ! Pour l’opposant historique tchadien, on peut combattre le père sans pour autant combattre le fils. Récemment encore, il défendait les conclusions controversées du dialogue politique au Tchad. A ce moment-là, avait-il déjà conclu avec le jeune Déby, un deal, celui qui semble l’avoir hissé aujourd’hui au rang de Premier ministre ? L’avenir nous dira si l’intention du président de la Transition n’était pas de le presser comme un citron avant de s’en débarrasser par la suite. Auquel cas, l’ancien journaliste ne pourrait s’en prendre qu’à lui-même, lui qui semble avoir plus pensé à lui d’abord qu’au peuple tchadien. Comme quoi la politique a parfois ses raisons que la raison ignore. Car, la position des uns et des autres évolue en fonction du moment et suivant leurs intérêts. Si fait que l’on voit des ennemis jurés qui finissent par faire de bons alliés de circonstance. Cela dit, on espère que Saleh Kebzabo, désormais Premier ministre, saura se montrer à la hauteur des attentes des Tchadiens qui, de guerre lasse, n’aspirent qu’à la paix. Il doit mettre les bouchées doubles pour faire taire à jamais le langage des armes et cela, en faisant en sorte que toutes les différentes factions rebelles entrent dans la république. Ce qui n’est pas gagné d’avance quand on sait que le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT) dont on dit qu’il a été l’origine de la mort de Déby père, a boycotté le DNIS.

 

B.O


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