HomeA la uneSANCTION AMERICAINE CONTRE LES DIGNITAIRES GAMBIENS : Attention à ne pas rendre Jammeh sympathique !

SANCTION AMERICAINE CONTRE LES DIGNITAIRES GAMBIENS : Attention à ne pas rendre Jammeh sympathique !


 

L’Oncle Sam vient de bander les muscles contre Yahya Jammeh et sa clique. En effet, Washington a décidé, le 3 octobre 2016 dernier, de ne plus délivrer de visas aux hauts dignitaires gambiens. Cette décision s’applique notamment à tous les responsables du gouvernement gambien et des entités qui y sont liées. Elle s’applique également à leurs familles, conjoints et enfants. Ce qui explique ce coup de sang des Etats-Unis d’Amérique, c’est le refus de Banjul de délivrer à ses propres ressortissants en instance d’expulsion aux Etats-Unis, les passeports et documents de voyage qui leur sont nécessaires. Les autorités américaines en sont arrivées à cette mesure extrême après avoir exploré vainement tous les recours diplomatiques avec la Gambie. Elles projettent même de bander davantage les muscles, si jamais le problème n’est pas résolu. Les citoyens gambiens qui attendent au pied de l’avion, baluchon en main, d’être expédiés dans leur Gambie natale, seraient au nombre de 2 000. Cette attente risque d’être très longue. Car, Yahya Jammeh a plus d’une raison de ne pas se plier aux desiderata de l’Oncle Sam. La première raison est d’ordre économique. En effet, 2 000 personnes représentent 2 000 bouches à nourrir.

Les Américains ont été mal inspirés

Ce qui n’est pas une mince affaire pour l’économie gambienne déjà suffisamment éprouvée par les rapports difficiles entre le pays de Yahya Jammeh et le puissant grand voisin sénégalais. La deuxième raison pourrait être d’ordre politique. La probabilité est forte que parmi les 2 000 Gambiens indésirables aux USA, il y ait des gens qui, excédés par les dérives dictatoriales de l’homme fort de Banjul, ont décidé d’aller voir ailleurs. Et lorsque des citoyens se retrouvent dans cette situation, où le simple fait de respirer l’air, est la chose la moins évidente, l’aventure pour eux devient le moindre mal. De telles personnes, qui plus est, ont eu sans doute le privilège de goûter au style de vie des Yankees, fondé on le sait, sur la liberté, peuvent être perçues comme un danger par le régime moyenâgeux de Jammeh, en ce sens qu’elles peuvent susciter des émules au sein des populations locales. Le dictateur risque gros donc en leur permettant de regagner le bercail. D’ailleurs, tous les pays régentés par des dictateurs fonctionnent de cette manière. Pour en sortir, c’est la croix et la bannière. Et pour y revenir, c’est la même chose. Les citoyens qui ont eu la veine de se mettre à l’abri, d’une manière ou d’une autre, ne sont pas disposés d’ailleurs à y retourner, à moins d’y être contraints par des mesures d’expulsion. C’est pourquoi l’on peut avoir du mal à comprendre que les autorités américaines, qui savent pourtant que la Gambie de Yahya Jammeh est un véritable goulag à ciel ouvert, aient pris la décision d’expulser de leur pays, 2 000 Gambiens. De ce point de vue, l’on peut dire que les Américains ont été mal inspirés. L’on peut même les accuser de vouloir remettre dans le terrier du loup, les agneaux qui avaient réussi la prouesse et la chance de s’en évader. L’on peut être d’autant plus choqué par la volonté des Américains de ramener ces 2 000 malheureux Gambiens au pays du satrape et fantasque Jammeh, que, de par le passé, l’on a vu les mêmes Etats-Unis ouvrir généreusement leurs bras pour accueillir sur leur sol, des populations qui fuyaient la mort et les exactions du fait de leurs dirigeants.

Jammeh sait qu’il ne subira pas le même sort que Noriega du Panama

Le respect du parallélisme des formes, obligeait donc moralement et politiquement les Américains à tolérer sur leur sol, les Gambiens dont la plupart, vraisemblablement, ont dû quitter leur pays pour les mêmes raisons. Ce faisant, le département d’Etat donne l’occasion en or à Yahya Jammeh, de monter sur ses grands chevaux pour crier à la face du monde que ses compatriotes aux Etats-Unis, sont victimes d’injustice. En tout cas, il pourra surfer sur cette opportunité pour montrer aux yeux de son opinion tout comme aux yeux de l’opinion internationale, que l’Amérique pratique une politique de deux poids deux mesures dans sa politique migratoire. Au regard de ce qui précède, l’on peut avoir envie de suggérer aux Américains de mettre de l’eau dans leur vin, en régularisant la situation de ces 2 000 Gambiens pour leur permettre d’avoir un espoir de vie meilleure. Autrement, ils courent le risque de rendre Yahya Jammeh sympathique. Si l’Amérique avait décidé de sévir contre Yahya Jammeh pour des raisons liées à sa façon de diriger les Gambiens et les Gambiennes, personne n’aurait crié au scandale. Mieux, tous les démocrates d’Afrique et d’ailleurs auraient applaudi à tout rompre. Car, cela aurait eu l’avantage d’avoir un effet dissuasif sur les autres dictateurs. En ce qui concerne Yahya Jammeh, l’on peut toutefois se demander si la mesure de lui fermer les portes des Etats-Unis, peut l’amener à humaniser et à civiliser son régime. Bien au contraire, il pourra brandir cela comme un motif de fierté pour signifier urbi et orbi qu’il n’est pas du genre à se laisser intimider par l’Amérique. Il peut d’autant plus le faire qu’il sait que les Américains ne se comporteront pas avec lui comme ils l’ont fait avec Noriega du Panama. L’on se souvient, en effet, que les Etats-Unis, fâchés par les excès de ce président, avaient débarqué au Panama, l’avaient destitué et ramené dans leurs bagages sans autre forme de procès. Yahya Jammeh sait qu’il ne subira pas le même sort que Noriega du Panama. En outre, il sait qu’il tire l’essentiel de ses subsides non des Etats-Unis, mais des monarchies arabes du Golfe. De ce point de vue, les Américains peuvent faire tout ce qu’ils veulent avec leur colis encombrant, pourvu qu’il ne soit pas acheminé en Gambie, peut-on dire. Car, il y a longtemps, très longtemps que le sort des Gambiens de l’intérieur comme de l’extérieur, a cessé d’être une préoccupation pour Yahya Jammeh et pour tous ceux qui ont choisi de s’asseoir sur leur conscience pour l’accompagner dans ses basses œuvres.

« Le Pays »


Comments
  • très pauvre comme analyse.soutenons l’un des président qui ose tenir tête au impérialiste

    7 octobre 2016

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