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SANDRINE ZERBO, DIETETICIENNE


Manger bien, c’est certainement la meilleure façon d’être et de rester en forme. Malheureusement, les fruits, les légumes, le poisson, etc., coûtent cher. Les Burkinabè sont obligés de faire des choix de plus en plus difficiles, d’où la malbouffe. L’auteur de cet écrit, la diététicienne Sandrine Zerbo, dans ces colonnes, parle de la malbouffe qui, pour elle, est la cause de plusieurs maladies. Lisez !

 

« Le Pays » : Qu’est-ce que la malbouffe ?

 

Sandrine Zerbo : Entre l’excès de graisses qui provoque des infarctus, l’excès de sel, une HTA ou une insuffisance rénale et l’excès de sucre un diabète, la malbouffe est responsable de maladies graves et potentiellement mortelles. « La malbouffe est l’un des fléaux de notre époque, surtout chez les jeunes et cela n’est pas sans danger pour notre cerveau », expliquent des chercheurs américains. Le «junkfood » ou malbouffe est l’un des fléaux de notre société actuelle, et elle est encore plus parlante chez les jeunes qui se nourrissent de kebabs, hamburgers et autres panini très en vogue dans nos villes. Aujourd’hui, il est bien plus facile de trouver un vendeur de panini qu’un vendeur de fruits et légumes… Pourtant, cette malbouffe, à haute dose, a de graves conséquences sur la santé de ceux qui en usent et en abusent, jusqu’à l’addiction parfois. Trop sucrés, trop salés, pauvres en apports en fibres et en vitamines et évidemment bourrés de produits chimiques. Il faudrait en consommer le moins possible mais ça, nous le savons depuis longtemps…

 

Quelle sont les dangers de la malbouffe ?

 

Aujourd’hui, la plupart des aliments sur notre table sont transformés, c’est-à-dire qu’ils sont passés par un processus industriel, tandis que notre consommation de produits frais, elle, baisse. Mais le consommateur, dans tout cela, risque-t-il de tomber malade ?

 

Quels sont les effets de la malbouffe sur l’organisme de l’homme? 

 

De plus en plus, les spécialistes  de l’alimentation accusent la nourriture industrielle d’être trop grasse, trop sucrée, trop salée et trop pauvre en fruits et légumes frais. La malbouffe serait, pour certains, responsable de ces chiffres alarmants : 8 millions d’obèses, plus de 500 000 insuffisants cardiaques, 10 millions d’hypertendus, plus de 2 millions de diabétiques et 25% de cancers liés à une mauvaise alimentation dans le monde. Cependant, l’excès de gras, par exemple, augmente directement le risque des maladies cardio-vasculaires. Le cholestérol bouche les artères et peut provoquer un infarctus. Pourtant, un adulte sur cinq présente un taux de cholestérol sanguin supérieur à 2,5 g par litre. Ainsi, l’excès de sel, quant à lui, augmente le risque d’avoir de l’hypertension artérielle ou une insuffisance rénale, alors que l’excès de sucre accroît celui d’avoir un diabète sucré. Et lorsqu’il est associé à un manque d’activité physique, c’est l’obésité qui guette. Plusieurs autres maladies sont liées à notre mauvaise alimentation, avec le manque de vitamines et de sels minéraux. Une carence en vitamine D et en calcium aggravent la perte de densité osseuse et peut ainsi entraîner l’ostéoporose. A l’inverse, de nombreuses études rapportent le rôle protecteur des fruits et des légumes contre plusieurs cancers. Une alimentation qui n’est donc pas assez variée, qui manque de fibres, augmente le risque de cancer, notamment les cancers digestifs. Cependant, entre malbouffe ou légumes, certains ont fait leur choix… Ainsi, quand on n’aime pas les légumes, le repas devient vite un régal de produits transformés, avec beaucoup d’huile, de sucre et de sel. Aujourd’hui, des scientifiques de l’université de Yale (Etats-Unis) nous expliquent également, dans un rapport, qu’un régime trop riche en graisses et en glucides provoque une inflammation d’une partie du cerveau (l’hypothalamus), en seulement trois jours… Les chercheurs ont en effet découvert que des modifications structurelles se produisaient parmi les cellules microgliales. Il faut rappeler également qu’un régime quotidien de « malbouffe » présente de nombreux risques comme…

 

Surpoids – Obésité

 

Aujourd’hui, au Burkina Faso, il y a des jeunes qui sont déjà en surpoids voire en obésité. Ce n’est pas un secret, le junkfood est très riche en graisses de toutes sortes et va donc venir s’installer insidieusement dans le corps de nos ados. Qui plus est, ces adolescents ne sont pas très enclins à se dépenser physiquement et n’élimineront pas les graisses accumulées par des repas trop fréquents au fast-food du coin !

 

Les maladies cardiovasculaires

 

Les graisses saturées contenues dans la malbouffe empêchent le fonctionnement normal des artères et finissent par les boucher. Une étude menée par des chercheurs de l’Institut de Cardiologie de Montréal en 2012, montre que les artères se dilatent 24% moins bien après un repas de malbouffe. Le sang coagule donc plus facilement, forme des caillots qui bouchent les artères et entraînent au mieux un accident cardiaque se résolvant par la pose de stents dans les artères, au pire par une crise cardiaque fatale !

 

Le diabète

 

Des chercheurs ont inventé un “pansement électrique” pour prévenir les infections.

Les repas servis dans ces restaurants sont souvent trop riches en graisses et en sucres ; cela peut provoquer des désordres métaboliques dont le diabète. En ingérant trop de sucre, l’organisme ne produit plus assez d’insuline pour réguler le taux de glycémie. Le diabète se dévoile en général vers 40 ans mais touche malheureusement de plus en plus d’enfants et d’adolescents « victimes » de leur époque et donc de la malbouffe.

 

L’hypertension artérielle

 

En plus du gras et du sucre, les repas sont souvent également chargés en sel, ce qui augmente la pression du sang, détériore les parois des vaisseaux sanguins et donne de l’hypertension.

 

Les risques de cancer

 

Tous les facteurs énoncés ci-dessus peuvent à terme provoquer le cancer de certains organes comme la prostate, le pancréas, l’intestin ou l’utérus. En affaiblissant l’organisme par le manque de vitamines, de protéines ou encore de fibres dont ces en-cas sont souvent dépourvus.

 

La malbouffe a-t-elle des conséquences sur notre cerveau ?

 

Obésité, insuffisance cardiaque, hypertension, diabète et même cancer. La malbouffe est de nos jours accusée de tous les maux. Et aujourd’hui, les scientifiques affirment même qu’elle peut avoir des conséquences sur le fonctionnement du cerveau. Lorsque nous avalons des chips, un hamburger, etc., différentes zones de notre cerveau se mettent en branle.

 

Notre cerveau pris dans un cercle vicieux

 

C’est d’abord notre système de récompense qui s’active. Notre cerveau libère de la dopamine… à forte dose. C’est elle qui nous procure ce sentiment de bien-être que nous connaissons bien. L’ennui, c’est que notre cerveau, se sentant submergé, peut avoir tendance à créer de nouveaux récepteurs à dopamine. Résultat : pour atteindre un même niveau de plaisir, nous aurons besoin de manger toujours plus de fast food. Sous l’action du sucre, c’est ensuite notre hippocampe qui s’enflamme. Or, l’hippocampe est le siège de la sensation de satiété. Lorsqu’il est attaqué, il n’a plus de cesse que de nous envoyer des signaux de faim. Là encore, un véritable cercle vicieux !

 

Comment lutter contre les effets de la malbouffe ?

 

La bonne nouvelle est que la tendance peut être inversée. En mangeant davantage de fruits et de légumes, riches en antioxydants, nous combattons les inflammations initiées par la malbouffe. Les poissons  et les avocats par  exemple, quant à eux, dopent le taux de fabrication de nouveaux neurones. Et l’exercice physique a un effet positif sur la neuroplasticité du cerveau.

 

Des conseils pour retrouver une bonne alimentation ?

 

Quand on a pris de mauvaises habitudes avec les chips, les pizzas et les sucreries, la consultation avec un diététicien  peut aider à retrouver progressivement les repères qui permettent d’avoir une bonne alimentation. Au final, pas de morale guerrière dans cet article, juste une mise en garde pour les plus jeunes (et les plus vieux aussi) qui pensent que manger rapidement et que ce genre de nourriture n’a pas d’influence sur leur santé… Dans l’immédiat peut-être mais dans dix ou vingt ans, rien n’est moins sûr !

 

Valérie YAMEOGO/TIANHOUN

 

 

 

La malbouffe s’attaque au cerveau des enfants

 

Le cortex préfrontal joue un rôle majeur dans le contrôle de nos impulsions. Et celui-ci n’arrive à maturité qu’aux alentours de l’âge de 20 ans. Or, des expériences menées sur des rats, le montrent. Consommer du sucre à outrance peut altérer le développement du cortex préfrontal. Des adultes ayant bu des sodas en quantité dans leur enfance et leur adolescence, pourraient ainsi présenter des difficultés à suivre les règles.

 Entre bêtise et tristesse

 

La malbouffe peut également nous rendre idiots, au sens propre du terme. Car, avaler cheeseburgers et pizzas à longueur de temps, nuit à la plasticité du cerveau, indispensable à la création de nouveaux souvenirs et à l’apprentissage. Et la malbouffe, quoi qu’on en dise, nous rend finalement tristes. Comment ? En réduisant le taux de fabrication de nouveaux neurones par l’hippocampe. Des recherches ont en effet établi un lien entre un nombre réduit de jeunes neurones et des maladies neurologiques telles que la dépression. Parce que manger gras et sucré nous remonte momentanément le moral, nous avons tendance à manger de plus en plus gras et de plus en plus sucré. Un comportement qui, en fait, nous rend encore plus tristes. Un cercle vicieux de plus à mettre à l’actif de la malbouffe !


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