HomeA la uneSANTE DES CHEFS D’ETAT AFRICAINS : Talon suit le bon exemple  

SANTE DES CHEFS D’ETAT AFRICAINS : Talon suit le bon exemple  


 

Après près d’un mois d’absence pour raison médicale, le président béninois, Patrice Talon, est rentré le 18 juin dernier de la France où « il a subi une intervention chirurgicale au niveau de la prostate à l’occasion». C’est le message véhiculé par la présidence béninoise à l’endroit de ses compatriotes, pour expliquer l’absence prolongée du chef de l’Etat qui commençait à alimenter les conversations. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en communiquant aussi clairement sur son état de santé,  le président béninois a fait preuve d’esprit d’ouverture. Et le fait est assez rare sous nos tropiques pour être souligné. C’est un acte de transparence qui mérite d’être salué à sa juste valeur, car  ce n’est pas la chose la mieux partagée sur le continent africain où la santé des chefs d’Etat confine bien souvent au tabou. Mais le hic est qu’en pareilles circonstances, en l’absence d’informations précises et d’une véritable communication sur un sujet qui reste encore quelque peu sensible, ce genre de situations laisse souvent libre cours aux rumeurs les plus folles, aux spéculations les plus fantaisistes et aux supputations les plus alarmistes.

Les chefs d’Etat sont des êtres humains comme tout le monde, susceptibles de tomber malades

C’est pourquoi il n’est pas exagéré de dire que Patrice Talon suit le bon exemple, en éclairant ses compatriotes sur son état de santé, qui plus est, avec force détails. Cette démarche de transparence est un exemple à suivre. Car, au-delà de toutes considérations, le peuple béninois a le droit de savoir si ceux qui le gouvernent sont en bonne santé et jouissent de toutes leurs facultés pour mener à bien la mission qui leur a été confiée. Il en va de même pour tous les autres peuples. Surtout que la fonction de chef de l’Etat n’est pas de tout repos, particulièrement sous nos tropiques où les priorités sont nombreuses et les ressources limitées. Il y a donc de quoi s’inquiéter si le destin de toute une nation doit être confié à un président valétudinaire. C’est pourquoi les examens de santé exigés lors des élections présidentielles aux candidats, ne doivent pas être une simple formalité, mais une étape importante voire éliminatoire, que le peuple devrait suivre avec intérêt. Car, il ne s’agit pas de porter à la tête de l’Etat, un malade qui viendra pomper les caisses de l’Etat pour aller se soigner. Cela dit, pour rare que cela soit, ce n’est pas la première fois qu’un président en exercice communique peu ou prou sur son état de santé en Afrique. Le président ivoirien, Alassane Ouattara, avec sa sciatique et le Malien Ibrahim Boubacar Kéïta avec sa tumeur bénigne, ont déjà sacrifié à la tradition. Et avec le cas Talon, il y a lieu de croire que de plus en plus, les chefs d’Etat africains seront obligés de briser le tabou de l’omerta qui entoure bien souvent leur état de santé. La fonction de président de la république confère, il est vrai, un statut peu ordinaire, mais il n’en demeure pas moins que les chefs d’Etat sont des êtres humains comme tout le monde, susceptibles de tomber malades sans que cela ne mette outre mesure la nation en ébullition. Même si le président n’est pas n’importe qui, cette façon d’entretenir le mystère autour de son état de santé au point d’en faire presqu’un sujet tabou, ne s’explique pas. Car, c’est cette façon qui les pousse quelquefois à certains excès, notamment à la boulimie du pouvoir. En tous les cas, avec l’avènement des réseaux sociaux, bien des habitudes risquent d’être bousculées dans les palais présidentiels.

Il était de l’intérêt du président Talon de s’exprimer pour éclairer l’opinion publique

Car, si vous ne donnez pas la bonne information au peuple, le peuple ira lui-même chercher l’information et se fera son opinion qui peut être loin de la réalité. Combien de fois le président nigérian par exemple, Muhammadu Buhari, n’a-t-il pas été donné pour mort par ses compatriotes qui s’inquiètent de ses absences multiples et prolongées hors du pays pour raison de santé ? Combien de fois la santé du président algérien, Abdel Aziz Bouteflika, aujourd’hui cloué dans un fauteuil roulant,  n’a-t-elle pas fait l’objet de toutes sortes de polémiques ? La réalité est que même si la tendance est aujourd’hui évolutive et que cela fait progressiste, ce n’est pas demain la veille que certains chefs d’Etat africains s’acquitteront de ce devoir de transparence qui pourrait coûter à certains leur fauteuil, en cas d’incapacité physique et mentale avérée. Mais l’on peut aussi se convaincre que plus on cherchera à cacher les choses, plus cela aiguisera la curiosité des gens. Bien au contraire, quand une information est d’office rendue publique, elle passe quelquefois même inaperçue. Dans le cas du Bénin, il était de l’intérêt même du président Talon de s’exprimer pour éclairer l’opinion publique, même si par son acte, il a surpris plus d’un de ses compatriotes pour qui cela est une première dans leur pays. Cela est donc à l’honneur du natif d’Abomey, d’avoir ajouté un plus à une démocratie qui est déjà reconnue comme étant parmi les plus avancées sur le continent.

 « Le Pays »


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