HomeA la uneSITUATION DES DROITS DE L’HOMME EN RDC ET AU RWANDA : La CPI au secours de Kinshasa, Kigali épinglé par Human Rights Watch

SITUATION DES DROITS DE L’HOMME EN RDC ET AU RWANDA : La CPI au secours de Kinshasa, Kigali épinglé par Human Rights Watch


Saisie par le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC), d’une requête aux fins d’investiguer « sur les crimes présumés relevant de sa compétence commis au Nord-Kivu du 1er janvier 2022 à ce jour », la Cour pénale internationale (CPI) a annoncé, le 14 octobre dernier, la « réactivation » de ses enquêtes au pays de Félix Tshisékédi. Et ce, à la suite de la visite du vice-ministre de la Justice congolaise à La Haye une semaine plus tôt, et après que le procureur Karim Khan a effectué une visite en RDC en mi-juin dernier, en plus d’avoir reçu du gouvernement congolais, de nouveaux documents étayant sa demande. Toujours est-il que dans son communiqué, la Cour s’est voulu claire et intraitable en précisant que tous les auteurs de crimes présumés, seront visés. Et elle ne croit pas si bien dire puisque ce n’est pas la première fois qu’elle est sollicitée par les autorités de Kinshasa pour investiguer sur des crimes de guerre commis dans le pays. En 2004 c’était déjà le cas, et ses enquêtes avaient permis la comparution de figures emblématiques comme Jean-Pierre Bemba, Thomas Lubanga et Bosco Ntaganda.

 

Cette implication de la CPI dans le dossier du Nord-Kivu, est une bonne chose pour les défenseurs des droits de l’homme

 

Soit dit en passant, le dernier cité avait été reconnu coupable de 18 chefs de crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis en Ituri en 2002-2003 et condamné, en 2019, à une peine d’emprisonnement de 30 ans.  C’est dire si le Tribunal de La Haye peut avoir la main lourde. Et c’est dire aussi si ses déclarations ne sont pas des menaces en l’air. Toujours est-il qu’en se saisissant du dossier des violences dans l’Est de la RDC, la CPI vole au secours de Kinshasa qui ne sait plus où donner de la tête, depuis que le M23 a repris les armes en fin 2021 pour mettre cette région orientale du pays, sous coupe réglée. Et, au-delà des autorités de Kinshasa qui ont des raisons de se réjouir d’une telle décision, cette implication de la CPI dans le dossier du Nord-Kivu est une bonne chose pour les défenseurs des droits de l’homme dont le vœu le plus cher est que tous ceux qui se sont rendus coupables d’exactions inqualifiables contre des populations innocentes, puissent payer pour leurs crimes. Pour sa part, il ne fait pas de doute que le gouvernement congolais va coopérer pour faciliter au mieux le travail des enquêteurs de la CPI. Et si cette déclaration de la Cour de La Haye peut contribuer à dissuader d’éventuels apprentis criminels de guerre, c’est tant mieux ! En attendant, avec cette saisine de la CPI, c’est un autre fer que Kinshasa met au feu dans sa lutte contre le M23 qui sévit dans cette partie du pays et qui est clairement ciblé dans cette affaire. Un groupe rebelle qui s’est rendu coupable des pires exactions contre des populations civiles et qui bénéficie du soutien du Rwanda qui a plus d’une fois été épinglé par des rapports onusiens. Et comme si cela ne suffisait pas, c’est un autre rapport accablant, cette fois-ci de Human Rights Watch, publié le 15 octobre dernier, qui pointe du doigt Kigali pour des « atteintes graves aux droits humains y compris la torture » devenue « monnaie courante dans de nombreux centres de détention du Rwanda ».

 

Ce rapport de Human Rights Watch révèle la face sombre du régime de Kigali

 

Une mauvaise publicité dont le régime de Paul Kagame aurait sans doute aimé se passer, au moment où il semble au creux de la vague dans l’opinion internationale, en raison de son implication dans la guerre en RDC et de son soutien aux rebelles du M23 aujourd’hui dans le collimateur de la Justice internationale. Toujours est-il qu’entre dénonciation de cas de tortures, de détentions arbitraires, d’embastillement d’opposants, de journalistes et autres activistes de la société civile sur fond d’informations dites crédibles faisant état d’exécutions sommaires entre juillet 2016 et mars 2017, ce rapport révèle la face sombre du régime de Kigali pourtant auréolé des succès d’une prospérité économique. Et c’est d’autant plus une douche froide pour les autorités rwandaises que ce rapport contribue à écorner l’image du régime. Et ce, dans un contexte où la voix d’une organisation de défense des droits humains comme Human Rights Watch de laquelle le Comité des Nations unies pour la prévention de la torture a embouché la trompette de préoccupation par la situation au Rwanda, est une voix qui compte. La question qui se pose à présent est de savoir quelle sera la réaction de Kigali face à de telles accusations qui pointent du doigt non seulement la législation du pays qui ne serait pas conforme aux standards internationaux, mais met aussi en évidence un manque de volonté politique d’enrayer le phénomène des tortures. Va-t-elle faire dans le démenti et le déni comme à son habitude ? Ou bien Kigali fera-t-elle le dos rond pour laisser une fois de plus passer la tempête ? C’est là, la vraie question.

 

 « Le Pays »

 

 

 

 

 


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