HomeA la uneSITUATION POLITIQUE EN RDC : Kabila traqué de toutes parts

SITUATION POLITIQUE EN RDC : Kabila traqué de toutes parts


 

En RDC, ce 04 octobre, sont entrées en conclave les têtes de pont de l’opposition politique dite radicale, en l’occurrence les camps  Tshisekedi et  Katumbi. Objectif affiché : se donner  tous les moyens pour que Kabila ne reste pas une minute supplémentaire au Palais de Marbre, à l’expiration de son mandat constitutionnel. Contrairement donc à l’opposition modérée conduite par Vital Kamerhe qui a pris acte du glissement du calendrier électoral et validé de ce fait, le prolongement du bail du président Kabila à la tête de l’Etat, le Rassemblement, plateforme réunissant les ténors et la plus grande partie de l’opposition, se montre ferme sur ses positions. En effet, il demande la dissolution de la Commission électorale,  estimant qu’elle a échoué, et l’engagement de Kabila à quitter le pouvoir au terme des délais constitutionnels. Et, à dire vrai, cette radicalisation était prévisible. Après le prix du sang payé lors des manifestations des 19 et 20 septembre derniers avec un bilan oscillant entre 32 morts selon la police et 100, selon l’opposition, un retour en arrière était difficilement envisageable.

On peut se risquer à avancer que la traque de Kabila se généralise

En attendant que soient connues les conclusions de ce conciliabule, on peut imaginer d’ores et déjà que les décisions qui en sortiront, vont accentuer la pression sur le pouvoir. Et le moins que l’on puisse dire, au regard des capacités de mobilisation et des moyens financiers et matériels dont disposent les deux ennemis jurés du régime, les nuits s’avèreront de plus en plus longues pour Kabila. Et ce n’est pas le départ de la Conférence Episcopale Nationale du Congo de la table des négociations, qui devrait arranger ses affaires. Alors que de l’intérieur, la pression sur le régime devrait connaître de nouveaux pics à l’issue de cette rencontre au sommet de l’opposition, elle s’intensifie aussi de l’extérieur. Et pour preuve, cette nouvelle sortie du patron du Quai d’Orsay, Jean-Marc Ayrault, qui se veut des plus fermes à l’égard de Kabila. « Il faut absolument que la Constitution soit respectée »,  estime-t-il.  Le responsable de la diplomatie française exige qu’une date soit fixée pour les élections et qu’un dialogue national inclusif soit vraiment engagé, ce que souhaite d’ailleurs l’opposition radicale qui demande un autre facilitateur en remplacement d’Edem Kodjo.  Il n’exclut pas, comme les Etats-Unis viennent de le faire contre deux généraux de l’armée qui ont été frappés au portefeuille, l’éventualité de sanctions.  Quand on ajoute à cela, les menaces d’enquêtes internationales proférées par l’ONU, on peut se risquer à avancer que la traque de Kabila se généralise et il doit bien se rendre compte qu’il est de plus en plus isolé dans son aventure. La fuite en avant qu’il a orchestrée à travers son idée de dialogue politique national, risque de se terminer dans l’immense rets que lui tend la Communauté internationale. Toutefois, s’il faut se féliciter de la fermeté de la France vis-à-vis de Kabila, il faut craindre que sa politique de « deux poids, deux mesures »,  ne vienne à rendre sympathique le satrape congolais. En effet, la France n’a pas fait montre du même attachement aux principes et valeurs démocratiques quand il s’est agi de Denis Sassou Nguesso au Congo Brazzaville ou de Pierre Nkurunziza au Burundi. Pire, elle semble aphone devant des dictateurs qui ont rayé de leur schème l’alternance, comme l’Ougandais Yoweri Museveni, à qui elle a déroulé le tapis rouge il n’y a pas si longtemps, ou le Camerounais Paul Biya.

On peut se demander si Kabila pliera l’échine

C’est dire que son attitude manque de lisibilité, toute chose qui fait naître un certain sentiment d’ambivalence chez les démocrates du continent.  En tout cas, ils sont de plus en plus nombreux ceux qui lisent dans les prises de position françaises sur les crises politiques sur le continent, la logique des intérêts surtout économiques. Dans le cas d’espèce, Kabila trinque pour son rapprochement de la Chine pour l’exploitation de ses immenses ressources minières ; ce qui ne peut manquer de faire bondir les puissances occidentales qui voient leurs intérêts lésés. Mais, en montrant ainsi leur frilosité quand leurs intérêts sont menacés, la France et toutes les démocraties occidentales apportent de l’eau au moulin de Kabila, qui peut crier au complot et à l’ingérence dans les affaires internes de la RDC. Mais il n’est pas exclu que la France ait appris de ses erreurs au Congo Brazzaville, où elle s’est prononcée trop tôt, ou au Burkina où c’est après la chute de Blaise Compaoré que l’opinion publique s’est rendue compte que le président François Hollande lui avait écrit pour le dissuader de toute velléité de modification constitutionnelle. Dans ce cas de figure, cette sortie, on ne peut plus claire, servirait, de ce fait, à  rompre avec l’image d’éternel équilibriste qui lui colle à la peau, pour faire preuve d’une salutaire pro-activité. Cela dit, on peut se demander si Kabila, traqué de toutes parts aujourd’hui, pliera l’échine. Il est à craindre que non. En fauve traqué, du fond de son antre, il voudra sans nul doute se battre jusqu’au dernier râle, soutenu sans nul doute par sa cour de courtisans, dans un rêve que l’opposition s’est jurée de transformer en chimère.  Depuis donc son Palais de Marbre, face aux nouvelles manifestations qui ne pourront manquer à l’issue de la rencontre entre les états-majors des deux têtes d’affiche de l’opposition, il pourrait encore se montrer violent, comme lors de la répression des 19 et 20 septembre derniers. Mais que peut un homme seul debout contre tout un peuple, qui plus est, a le soutien de la Communauté internationale ? Il est encore peut-être temps pour lui, alors que la table des négociations est encore dressée, de battre en retraite et de négocier sa reddition.  Il se mettrait non seulement du bon côté de la marche de l’Histoire et sortirait par la grande porte, mais il éviterait aussi à son peuple une nouvelle effusion de sang.

 

« Le pays »


Comments
  • Merci mes frères pour le travail que vous élaboré, devons nous continuent a demeurent sous influence de nos dirigeants qui vole et pratiquent de l’injustice aux yeux et au vu du mon? Qui est cette africains qui est plus valerer que les autres?

    6 octobre 2016

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