SOMMET DE LA CEDEAO A DAKAR : l’Organisation sous-régionale doit revoir ses textes
Le sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) convoqué par le président en exercice, le sénégalais Macky Sall, a accouché de résultats banals ; mais chaque cas a été traité. En rappel, les échéances électorales au Burkina Faso, en Guinée-Conakry et en Côte d’Ivoire d’une part, et la crise politico-institutionnelle en Guinée- Bissau d’autre part, ont constitué l’ordre du jour. A cela, s’est ajouté le Mali avec la Minusma pour laquelle la CEDEAO a essentiellement demandé la dotation en équipements appropriés pour l’accomplissement de sa mission. En ce qui concerne la Guinée-Bissau, les chefs d’Etat de la sous-région ont recommandé une modification constitutionnelle pour expurger de la loi fondamentale de ce pays, toutes les imperfections qui induisent des blocages politiques et institutionnels répétitifs. Pour ce cas précis, la CEDEAO a fait preuve d’une lecture critique très juste, pour une solution salutaire. Car, la Constitution de la Guinée-Bissau porte en elle-même les germes de l’instabilité en favorisant l’installation à la tête de l’Etat de deux personnalités, le Président de la République et son Premier ministre, avec des prérogatives différentes certes, mais avec des rapports de collaboration de nature potentiellement conflictuels. S’il est définitivement acquis, comme le dit l’adage, qu’il ne saurait y avoir deux capitaines dans un bateau, alors la modification de la Constitution devrait permettre aux Bissau-guinéens, de mettre un terme aux combats de coqs au sommet de leur Etat. Pour ce qui est des pays comme la Côte d’Ivoire et la Guinée Conakry qui pourraient connaître des élections sous tension, la CEDEAO a appelé à recourir, autant que possible, au consensus pour éviter les crises et à une évaluation critique des organisations chargées de l’organisation des élections. Sur ce plan, l’on comprend vite que les chefs d’Etat de la sous-région ont en ligne de mire, d’une part, le Burkina Faso pour qui ils ont tenté d’imposer « l’inclusion » aux élections couplées d’octobre 2015 avec notamment la prise en compte des candidatures des ténors de l’ex-majorité, et d’autre part, la Côte d’Ivoire d’Alassane Dramane Ouattara et la Guinée Conakry d’Alpha Condé, où les commissions électorales nationales indépendantes sont à l’index pour leur supposée « partialité ». Considérant l’environnement dans lequel les élections vont se tenir dans ces pays, il était de bon ton, pour l’instance sous-régionale, de rappeler aux acteurs leur responsabilité. Alpha Condé, par exemple, n’a jamais eu la quiétude depuis son arrivée au pouvoir, englué qu’il est dans un tourbillon politique incessant. Les élections d’octobre s’annoncent problématiques. Pour la Côte d’Ivoire, le climat n’est pas aussi serein qu’on le souhaite. Les démons de la crise post-électorale de 2010 n’ont pas encore quitté la lagune Ebrié. La preuve a été faite avec la manifestation de l’opposition contre la validation de la candidature du président sortant, ADO. Le Burkina Faso, quant à lui, est un cas spécifique pour les chefs d’Etat de la CEDEAO.
La CEDEAO doit cesser de jouer les sapeurs-pompiers en exigeant le respect des textes
En effet, cette CEDEAO aura tout essayé, sous le diktat de certains de ses membres, pour que les partisans de Blaise Compaoré participent aux élections législatives et présidentielle au Burkina. Cet activisme de certains chefs d’Etat de la sous-région a fini par démontrer le caractère suspect de présidents décidés à protéger, d’une manière ou d’une autre, un des leurs chassé du pouvoir par son peuple et cela, au mépris des aspirations profondes des Burkinabè à la justice, à la démocratie et au respect des droits de l’Homme. Mais, les Burkinabè se sont montrés capables d’écouter les conseils des pays amis et frères, et de respecter les principes énoncés par les textes internationaux auxquels ils ont souscrit. Ils sont aussi restés fermes sur leurs choix politiques en démontrant leur capacité à se surpasser pour sauvegarder l’intérêt général. Ainsi, Macky Sall, ADO et quelques autres chefs d’Etat de la CEDEAO, sont restés bouche bée devant le choix des candidats dit « exclus » des compétitions électorales, de respecter les décisions du Conseil constitutionnel. De façon responsable, le Burkina Faso a montré aux pays de la CEDEAO la voie à suivre. L’un dans l’autre, toutes les crises qui ont fait l’objet des discussions au pays de la Téranga sont liées à des questions de gouvernance politique pour lesquelles la CEDEAO se fait fort depuis longtemps, d’en définir les règles, les principes et d’en assurer l’application. Seulement, le constat s’avère très amer. Faut-il le rappeler, sans l’insurrection populaire, Blaise Compaoré serait aujourd’hui au pouvoir et continuerait de rêver pour encore 15 ans à Kosyam. C’est dire que la CEDEAO, s’alignant sur la « Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance » qui, dans son préambule, affirme la « volonté collective d’œuvrer sans relâche pour l’approfondissement et la démocratie » et se préoccupe des « changements anticonstitutionnels de gouvernement », n’a jamais fait mystère de son soutien à des chefs d’Etat qui foulent aux pieds ces principes. De par son laxisme et son indifférence suspecte, la CEDEAO retarde dangereusement la concrétisation du rêve des peuples, surtout la frange jeune, à la démocratie, rendant service aux princes régnants accrochés aux privilèges du pouvoir. L’institution sous-régionale devrait donc travailler à ne pas remettre en cause l’option définitive des pays comme le Burkina pour une démocratie véritable, et à mettre en échec tous ces tripatouilleurs constitutionnels qui souillent par leurs pratiques la gouvernance vertueuse à laquelle aspirent les peuples. Les pays anglophones de la CEDEAO, à part le potentat de Banjul, qui ont brillé par leur absence à la réunion de Dakar, pour plusieurs raisons, voudraient dénoncer les tripatouilleurs francophones, qu’ils ne s’y prendraient pas autrement. Nigeria, Ghana, Libéria, entre autres, eux préfèrent laisser leurs homologues francophones se confondre dans leur propre hypocrisie. Ici et maintenant, la CEDEAO doit cesser de jouer les sapeurs-pompiers en exigeant le respect des textes, et au besoin, les relire pour éviter que les cancres de la démocratie ne continuent d’imposer leur vue aux Etats vertueux. Kadré Désiré Ouédraogo et Macky Sall peuvent se réjouir du niveau de la démocratie dans les pays de la sous-région, mais il ne faut pas s’en contenter. L’exemple de quelques pays « vertueux » se noie dans le vaste océan des tripatouillages et des velléités de régner à vie.
Michel NANA
Anonyme
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Il n’y a pas de meilleure démocratie que celle imposée par tout un peuple. Je viens de me rendre compte que les hommes politiques du Burkina on bien compris le message et ont démontré (pour une fois !)que notre pays mérite bien son nom “Pays des hommes intègres”. Une bonne leçon à la CEDEAO qui s’est toujours comportée comme un syndicat de chefs d’Etat ou de régime. On laisse pourrir les situations et on vient en sapeurs pompiers; les situations de crise dans nos pays font l’affaire de certains et nous devons refuser cela afin que nous puissions assurer notre développement dans la continuité.
15 septembre 2015YABSORE
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dans un diagnostics des crises au Sahel , les progressistes en réunion sous régionale les 5 et 6 Décembre 2013, a BAMAKO, ont retenu les conflits de compétence ou le manque de cohérence des textes des organisations régionales et/ou régionales : ces subtilité juridiques ont exploité pour les conservateurs de pouvoir: c’est le cas nous avons déplorons entre la CEDEAO et L’UA par rapport à la charte de l’UA notamment en rapport à l’article 52 qui celle certains acquis les plus favorables dans les constitutions .
15 septembre 2015