SOMMET DE L’ASI EN INDE : L’Afrique saura-t-elle en tirer profit ?
La capitale de l’Inde, New Delhi a abrité, le dimanche 11 mars, le premier sommet de l’Alliance solaire internationale (ASI) ; une initiative conjointement lancée par la France et l’Inde lors de la COP 21 à Paris en décembre 2015 et portée sur les fonts baptismaux deux ans plus tard (décembre 2017) comme une organisation internationale pour lutter contre le changement climatique tout en promouvant les énergies renouvelables dont le solaire. La participation des pays africains à ce sommet s’avère d’autant plus importante que le besoin en énergie pour leur développement socioéconomique, n’est plus à démontrer. C’est dire si c’est une opportunité à saisir pour l’Afrique qui est le continent le plus ensoleillé si étant donné que l’ASI qui regroupe 121 pays situés entre les tropiques du Cancer et du Capricorne, vise, entre autres, à réduire les coûts de l’énergie solaire, à répondre à la forte demande énergétique dans les pays en développement. Il appartient donc aux chefs d’Etat africains de tirer le meilleur parti de cette Alliance qui doit mettre en œuvre une cinquantaine de projets- témoins, en marge de ce premier sommet. On ne le dira jamais assez, les pays africains sont de très loin les moins pollueurs de la planète, mais ils sont les premières victimes des changements climatiques. Et c’est peu de dire qu’ils ont besoin de ressources financières pour y faire face, la plupart étant en voie de développement. On le sait, dans nombre d’Etats africains, les questions énergétiques sont au stade domestique, c’est-à-dire que le principal défi est d’arriver à fournir l’électricité aux populations de façon permanente et de permettre aux industries agro-alimentaires produisant essentiellement pour la consommation locale, de pouvoir tourner à plein régime.
Il sied pour les dirigeants des pays du continent noir, d’être assez vigilants
N’étant pas encore sur le chemin de la grande industrialisation, pour nombre de pays africains, la question des énergies renouvelables constitue un défi pour pouvoir renforcer leur processus de développement. Pour y arriver, il s’avère impérieux d’afficher une réelle volonté politique pour travailler à surmonter les obstacles que sont le financement et l’accès à la technologie. Et pour une certaine durabilité, il va falloir mettre sur la table, la question du transfert de cette technologie vers les pays demandeurs, et miser sur la formation des étudiants. Et ce, d’autant plus que par le passé, dans de nombreuses situations, il a fallu, pour changer un simple écrou d’une machine, faire déplacer un technicien du pays fournisseur. Le soleil est là, encore faut-il que la technologie soit suffisamment maîtrisée par les Etats dits les plus ensoleillés. Par ailleurs, il est tout de même à se demander si le lobby pétrolier va croiser les bras et laisser faire. L’on pourrait craindre une éventuelle offensive de sa part pour saper les initiatives de l’ASI. Il y a aussi de forts risques de voir les majors occidentales de l’électrification, se livrer une bataille de positionnement sur le continent africain, au détriment même des intérêts des pays demandeurs.
Cela dit, il sied pour les dirigeants des pays du continent noir, d’être assez vigilants pour éviter que la course au solaire ne se transforme en un fardeau pour les générations futures à travers des surendettements. Si l’un des objectifs principaux de l’ASI est de mobiliser plus de 1 000 milliards de dollars pour produire un 1 TW (térawatt) d’énergie solaire en 2030, cela sous-entend qu’il faudra casquer pour se procurer cette source d’énergie propre. Certes, le sommet de l’Inde vise à « créer un marché commun afin de faire baisser les coûts, de renforcer le contrôle qualité, de mieux adapter les produits aux besoins, et d’améliorer les technologies ». Et la France entend dégager un milliard d’euros pour les prêts et dons d’ici à 2022 pour les pays qui exprimeront le besoin de financements pour accéder convenablement au solaire. Mais il y a lieu de faire en sorte que cette course aux énergies renouvelables pour des pays qui n’ont ni les moyens ni la technologie, ne soit pas l’occasion de tomber dans une certaine dépendance qui va davantage les tirer vers le bas parce qu’ils auront eu à se surendetter pour en acquérir, au lieu de leur permettre de se hisser vers l’émergence.
Drissa TRAORE
Franck
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Que ce que le président français vient foutre là dedans? On dirait un cheveu dans la soupe.
12 mars 2018