SOMMET DES BRICS
L’Afrique en renfort contre le diktat de l’Oncle Sam ?
Hier, 25 juillet 2018, s’est ouvert à Johannesburg, le dixième sommet des BRICS, un regroupement de cinq pays désignés par cet acronyme anglais, qui comprend le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et le pays hôte de ce dixième sommet, l’Afrique du Sud. Ces pays à forte croissance se retrouvent annuellement depuis 2011, dans un regroupement économique qui devrait faire contrepoids aux grandes puissances occidentales et leur donner plus de poids dans l’économie mondiale. La particularité de ce dixième sommet, est qu’il verra non seulement la participation de la Turquie qui y représentera les pays de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) dont elle assume la présidence tournante, mais aussi celle d’une demi-douzaine de pays africains, en l’occurrence le Togo, le Gabon, le Sénégal, l’Ouganda, l’Angola et le Rwanda, qui seront représentés au plus haut sommet de l’Etat, à cette rencontre.
C’est une guerre de tranchées qui se profile à l’horizon
Dans ce contexte de guerre commerciale lancée par les Etats-Unis, tout porte à croire que c’est une guerre de tranchées qui se profile à l’horizon entre les poids lourds de l’économie mondiale. Surtout que dans le même temps, le président américain, Donald Trump, a réussi à se mettre presque tout le monde à dos, de l’Union européenne à certains pays africains comme le Rwanda, en passant par la Chine, le Mexique et le Canada, à travers des mesures de rétorsion ou des mesures unilatérales de taxation de produits d’exportation. Bien entendu, cela lui a valu une réaction proportionnelle de la part de certains pays qui entendent lui rendre la monnaie de sa pièce, à travers des mesures similaires. Ainsi, la riposte de l’Union européenne, par exemple, devait se traduire dans l’adoption de nouvelles taxes sur les importations de produits américains. C’est pourquoi l’on ne peut s’empêcher de se demander si ce dixième sommet des BRICS, qui s’est ouvert à autant de pays du continent noir, n’est pas une façon d’appeler l’Afrique en renfort contre le diktat de l’Oncle Sam. Il y a lieu de le croire. D’autant plus que dans la guerre commerciale lancée tous azimuts par le locataire de la Maison Blanche et qui le frappe aussi, l’Empire du Milieu, par exemple, ne cache pas sa volonté de se servir de ce sommet comme tremplin pour renforcer sa position face aux Etats-Unis. C’est ce qui justifie, entre autres, l’offensive diplomatique et commerciale dans laquelle le président Xi Jinping s’est lancé sur le continent africain. Et le sommet de Johannesburg est une bonne opportunité pour lui, en ce qu’il vise non seulement à renforcer les partenariats entre pays membres des BRICS, mais aussi à les étendre à plusieurs pays africains.
La question que l’on pourrait alors se poser est la suivante : quelle répercussion cette guerre commerciale pourrait-elle avoir sur le continent noir ? Le pire serait qu’elle vienne fragiliser davantage des économies déjà à la peine.
Il est impératif que les dirigeants africains sachent saisir les opportunités
Car, au-delà des rivalités entre grandes puissances, c’est l’équilibre de l’économie mondiale qui est ici en jeu. Et dans ce combat de titans, chacun, visiblement, se bat pour ses intérêts. L’Afrique ne saurait donc légitimement être en reste, encore moins se
retrouver dans la posture de l’herbe qui pâtit de la bagarre de deux éléphants. Ce n’est pas pour rien qu’elle fait l’objet de tant de convoitises. Puisqu’elle est devenue, par la force des choses, peut-on dire, le champ de bataille privilégié des grandes puissances, en raison de son potentiel qui en fait aujourd’hui encore, aux yeux de beaucoup, le continent de l’avenir. C’est pourquoi il est impératif que les dirigeants africains sachent saisir les opportunités qui s’offrent à eux, dans l’intérêt de leurs peuples.
Cela dit, dans cette bataille rangée qui se dessine, l’Afrique pourra-t-elle tirer ses marrons du feu ? C’est tout le mal qu’on lui souhaite. Mais, quand on connaît la propension du président américain à brandir des menaces de sanctions pour parvenir à ses fins, l’on se demande si certains n’iront pas à ce rendez-vous tout en ménageant l’oncle Sam. Quoi qu’il en soit, si les BRICS peuvent permettre à l’Afrique de se frayer un chemin vers le développement, il appartient aux pays africains, à travers leurs représentants, de savoir saisir l’opportunité de s’engager dans un partenariat gagnant-gagnant pour renforcer leur position sur l’échiquier économique mondial, en attendant l’opérationnalisation de leur propre Zone de libre-échange (ZLEC).
« Le Pays »