SOMMET EXTRAORDINAIRE DE LA SADC SUR LA CRISE SECURITAIRE AU MOZAMBIQUE
Les premières attaques dans la province mozambicaine de Cabo Delgado ont été enregistrées en 2017. A l’époque, les autorités mozambicaines, avec à leur tête, le président Filipe Nyussi, ont vite fait de mettre seulement en cause une rébellion locale, promettant de tout faire pour la mater dans les meilleurs délais. Quatre ans après, ladite rébellion locale a pris du galon au point de devenir une préoccupation sécuritaire de premier plan non seulement pour le Mozambique, mais aussi pour l’ensemble de la SADC. Un sommet extraordinaire de la SADC a été convoqué le 8 avril à Maputo, à l’effet de résoudre la crise humanitaire et sécuritaire à Cabo Delgado. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce sommet a été dicté par les réalités du terrain. En effet, en août dernier, les insurgés mozambicains, se revendiquant de l’Etat islamique, ont réussi le tour de force de s’emparer de Mocimboa de Praia. Leur récent acte de témérité et de cruauté a été l’attaque meurtrière de Palma. C’était en fin mars dernier. Il était tout à fait légitime que les pays voisins du Mozambique, qui plus est, partagent une communauté de destins avec ce pays dans le cadre de la SADC, fassent leur le malheur du Mozambique. La sagesse africaine ne dit-elle pas que quand la barbe du voisin prend feu, mieux vaut mouiller sa propre barbe ? Chaque pays membre de la SADC est venu donc à Maputo pour mouiller sa barbe. Bien avant ce sommet, l’UA (Union africaine) avait appelé à une riposte régionale pour briser les reins aux terroristes mozambicains qui sévissent dans la province de Cabo Delgado. Mais il se trouvait que le président mozambicain, Filipe Nyusi, est un homme qui a horreur que les autres, fussent-ils ses voisins et ses partenaires de la SADC, s’ingèrent dans ses affaires intérieures.
Il ne faut pas que le Mozambique reproduise l’erreur du Nigeria
Ce fut le cas d’abord, à la reprise des tensions avec la RENAMO, du nom de l’opposition politique qui avait pris les armes contre les autorités de Maputo. Filipe Nyusi avait récusé la médiation de la SADC, arguant du fait qu’il avait les moyens endogènes pour régler la question. Depuis 2017, date de l’apparition du mouvement djihadiste dans le Nord du Mozambique, il est dans cette disposition d’esprit, celle selon laquelle le Mozambique a les moyens de résoudre l’équation terroriste. Mais le simple fait qu’il a accepté que ce sommet extraordinaire se tienne au Mozambique pour se pencher exclusivement sur la crise humanitaire et sécuritaire à Cabo Delgado, est un signe qu’il n’est pas irrémédiablement et dogmatiquement contre l’intervention de la SADC dans son pays pour l’aider à apporter la riposte qu’il faut à la menace terroriste. Et l’on peut se risquer à dire que ce sont les évènements douloureux de Palma du 24 mars dernier, qui l’ont contraint à mettre un peu d’eau dans son vin… de souveraineté. En tout cas, vivement que ce sommet extraordinaire accouche d’une réponse régionale à la question terroriste qui se pose dans la province de Cabo Delgado. Il ne faut surtout pas que le Mozambique reproduise l’erreur du Nigeria. En effet, au nom de la souveraineté de ce pays, les autorités qui se sont succédé à sa tête, avaient toujours mis un point d’honneur à traiter de manière endogène et autonome, le problème de Boko Haram. Et c’est ce péché originel, peut-on dire, qui a permis à l’hydre terroriste d’étendre ses tentacules dans presque tous les pays voisins du Nigeria. De ce point de vue, la SADC doit, le cas échéant, imposer son intervention au Mozambique. Car, au rythme où vont les choses, l’incendie peut déborder les frontières du Mozambique et embraser toute la région. Et un pays comme la Tanzanie, qui est frontalier de la province de Cabo Delgado, a intérêt à ce que la SADC prenne en charge la question. L’Afrique du Sud, qui est la première puissance économique et militaire de la région, doit peser de tout son poids, pour imposer au besoin, l’intervention de la SADC avant que la bête immonde ne mette l’ensemble de la région dans son escarcelle, comme c’est le cas aujourd’hui du Sahel africain.
Pousdem Pickou