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SOMMET JAPON-AFRIQUE : Les Nippons peuvent-ils faire mieux que les autres ?


La Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (Ticad) s’est ouverte le 27 août à Tunis. Le Japon, dont le Premier ministre, Fumiro Kishida, n’a pas pu faire le déplacement de Tunis, pour avoir contracté le Covid-19, a mis, entre autres, sur la table, une aide de 30 milliards de dollars sur trois ans pour des projets de financement en Afrique. En outre, l’Empire du soleil levant s’est engagé à augmenter ses aides au continent noir de 40% pour les trois années à venir. La philosophie qui sous-tend l’aide nippone à l’Afrique, selon les autorités du Japon, est la suivante : instaurer un vrai « partenariat » avec l’Afrique, un développement de qualité mené par les Africains. Ce sommet est le huitième du genre. Deux d’entre eux se sont tenus en terre africaine. Il s’agit du Kenya et de la Tunisie. A l’occasion de chacun de ces sommets, le Japon ne manque pas de brandir la philosophie de son partenariat avec l’Afrique. Le paradigme n’a jamais varié d’un iota. C’est de bonne guerre que lui aussi, il présente à l’Afrique son offre en matière d’appui au développement.

 

Il revient au continent africain de savoir tirer profit de la concurrence

 

 

Cela est d’autant plus légitime que toutes les puissances de ce monde s’intéressent à l’Afrique. De ce fait, le continent noir est devenu un véritable pôle d’attraction et de compétition de tous les grands de la planète. Et chacun d’eux a mis en place un sommet dédié à l’Afrique : Sommets France-Afrique, Etats-Unis-Afrique, Chine-Afrique, Inde-Afrique, Turquie-Afrique, Russie-Afrique, Japon-Afrique, etc. Il y a donc, peut-on dire, une pléthore de prétendants qui font les yeux doux à l’Afrique pour rentrer dans ses grâces. Il revient à ce continent de savoir tirer profit de cette concurrence. Le Japon, par exemple, lui propose à l’occasion de cette Ticad, un vrai « partenariat », c’est-à-dire un développement de qualité mené par les Africains. On sait que ce pays est réputé pour avoir une technologie efficace qu’il peut mettre à la disposition de l’Afrique pour tirer ce continent vers le développement. On sait également que ce pays met l’accent sur les investissements du secteur privé et les actions de développement portées par les associations de la société civile plutôt que sur les financements publics au développement. On sait enfin que l’Empire du soleil levant attache du prix aux questions des droits humains et de l’environnement. Toutes ces caractéristiques du partenariat japonais avec l’Afrique, sont on ne peut plus nobles. Mais on peut légitimement, se poser la question de savoir si les Nippons peuvent faire mieux que les autres, c’est-à-dire tous les pays qui ont mis en place un sommet qu’ils ont dédié à l’Afrique. En tout cas, quand on fait le bilan en termes d’actions fortes qu’ils ont posées allant véritablement dans le sens du développement et de l’autonomie de l’Afrique, comme le prônait Thomas Sankara lorsqu’il parlait « d’aide devant aider à assassiner l’aide », on peut se permettre de dire que ce foisonnement de sommets n’apporte pas grand-chose à l’Afrique.

 

On peut suggérer à l’Afrique de compter d’abord sur elle-même

 

En tout cas, si le développement d’un continent se mesurait à l’aune du nombre de sommets qui lui sont dédiés, l’Afrique serait de loin le continent le plus développé de la planète. De ce point de vue et à la question de savoir si les Nippons peuvent faire mieux pour l’Afrique, que les autres, on peut en douter. Car, tous ces bons samaritains, si on peut les appeler ainsi, interviennent en Afrique, d’abord pour défendre leurs intérêts. En tout cas, ce n’est pas pour les beaux yeux de l’Afrique que les uns et les autres se précipitent à son chevet pour l’aider à  sortir la tête de l’eau à coups de sommets. Mobutu Séssé Seko a eu le courage d’évoquer cette réalité à la tribune de l’ONU, en 1973, quand il était aux affaires du Zaïre, actuelle République démocratique du Congo. En réalité, le Japon est dans son bon droit de chercher à vendre son produit en mettant un point d’honneur à ce que l’emballage soit attrayant. C’est aussi de bonne guerre que l’Empire du soleil levant critique de manière allusive, le rival historique qu’est la Chine, lorsqu’il dit que le partenariat qu’il propose à l’Afrique, se veut respectueux des droits humains et de l’environnement. Dans le même registre, on peut mettre le souci du Japon de soutenir un développement centré sur les êtres humains, mené par les Africains eux-mêmes. De tout ce qui précède, l’on peut suggérer à l’Afrique de compter d’abord sur elle-même pour autant qu’elle veuille véritablement s’arracher de la misère pour se hisser au rang des pays qui lui font la cour aujourd’hui de façon assidue. Et l’exemple d’un pays comme le Japon, peut l’inspirer. En effet, voilà un pays qui a été totalement ruiné par la Seconde Guerre mondiale. Mais, au lieu de passer tout son temps à pleurnicher et à tendre la sébile comme le font bien des pays africains, il a su puiser dans son génie créateur, les ressources qu’il faut pour se relever et cela, bien que son sous-sol soit pauvre. Ces genres d’exemples doivent fouetter l’orgueil des Africains de sorte à les amener à travailler à inverser les tendances. Pour finir, on serait incomplet sur ce Ticad, si on n’évoquait pas l’incident diplomatique entre le Maroc et la Tunisie. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’absence d’un pays comme le Maroc, ne compte pas pour du beurre. C’est pourquoi Macky Sall, pendant son allocution à la cérémonie d’ouverture, a évoqué le sujet en souhaitant que le différend historique entre le Maroc et l’Algérie sur le Sahara occidental, prenne fin.

 

« Le Pays »


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