HomeA la uneSORTIE DE RIEK MACHAR : Coup de bluff ou menace réelle ?

SORTIE DE RIEK MACHAR : Coup de bluff ou menace réelle ?


 

Depuis  Khartoum où il a échoué après la longue pérégrination qui l’a mené en RD Congo et en Ethiopie, l’ex-vice-président du Soudan du Sud, Riek Machar, vient de briser le mur du silence où il avait trouvé refuge. Dans un communiqué daté du 25 septembre, il remet en cause l’accord qui scellait avec son frère ennemi,  la paix des braves et  appelle à la réorganisation  de ses forces pour mener une résistance populaire armée contre le régime « autoritaire et fasciste » du président Salva Kiir. Il appelle par ailleurs la communauté internationale à considérer l’équipe de Salva Kiir comme un «gouvernement voyou», après avoir fait la liste de ses exactions et de ses violations de l’accord de paix.  Il souhaite, de ce fait, la mise au ban de la Communauté internationale, de ce gouvernement jusqu’à la «résurrection» de l’accord de paix. Une «résurrection» qu’il se dit être prêt à favoriser. La question que l’on peut se poser est de savoir si ses appels seront entendus. Il y a de fortes raisons de croire que l’homme prêche dans le désert. D’abord, il subsiste de sérieux doutes quant à la réactivité de ses troupes. Tout laisse croire en effet que les brebis se sont éparpillées dans l’affolement, quand le berger a été frappé. En effet, après les escarmouches meurtrières qui ont acté l’ostracisme dont il fait l’objet aujourd’hui, ses troupes, traquées, se sont fondues dans la nature.  Plusieurs de ses lieutenants ont même rejoint avec armes et bagages, les rangs ennemis.  Au nombre de ces derniers, figure Taban Deng Gai, son ancien chef des opérations militaires  et principal négociateur,  qui a  pris sa place au sein du gouvernement, fin juillet et qui semble se complaire dans son rôle. Donc, pour nombre de ses camarades, il n’est plus qu’un « has been ». Ensuite, il y a aussi peu de chances que son appel à la communauté internationale trouve écho car celle-ci commence à être blasée de cette guerre à n’en pas finir. C’est donc vraisemblablement un combat perdu d’avance que mène Machar.

Riek Machar doit savoir apprendre de ses erreurs

On pourrait donc croire que  l’homme est aux abois.  Sa sortie, dans ce cas de figure, ne serait sans doute qu’un coup de bluff destiné à monter les enchères pour troubler le sommeil de ses protagonistes. Mais, dit-on,  « il ne faut jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué ». Peut-être l’ex-numéro 2 du gouvernement sud-soudanais bénéficie-t-il encore du soutien de son présumé parrain, le président Omar El Béchir. Le gîte et le couvert  que ce dernier lui offre, confirment les atomes crochus entre les deux seigneurs de guerre. Riek Machar peut servir de pion à Khartoum pour garder la main sur le Soudan  du Sud dont l’indépendance  arrachée de force par les Américains,  est restée comme un os en travers de la gorge du Soudan. Mais plus que par désir de vengeance, la loi des intérêts économiques contraint Khartoum à ne pas s’éloigner de Juba. En instrumentalisant Riek Machar, Omar El Béchir  tient désormais  en joue Juba dont la stabilité dépend de lui. Il peut, à tout moment, réarmer son homme et troubler le sommeil de Salva Kiir. Cela dit, quelles que soient ses assises, Riek Machar doit savoir apprendre de ses erreurs car l’on ne peut vivre éternellement de guerres et de rapines. S’il aime vraiment son pays, il devrait se préparer à venir défier Salva Kiir par les urnes plutôt que par les armes. Faute d’épouser cette sagesse, il se pourrait qu’il puisse ne plus avoir la même veine pour sauver sa peau, comme lors des derniers affrontements  qui ont acté sa défaite.

SAHO


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