SORTIE DU COLONEL NDAW CONTRE LE GENERAL FALL AU SENEGAL : Que toute la lumiere soit faite
Il s’appelle Abdoulaye Fall. Haut commandant de la gendarmerie à la retraite, il était l’ambassadeur du Sénégal au Portugal. C’est cet homme qui fait la une de l’actualité au pays de la Téranga. En effet, accusé de corruption et de complicité avec les indépendantistes du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC), Abdoulaye Fall vient d’être déchargé de ses fonctions diplomatiques.
Pour une fois, la Grande muette n’a pas été muette
Et pour cause : un de ses anciens collaborateurs, le colonel Abdoulaye Aziz Ndaw, a fait des révélations fracassantes dans un livre intitulé « Sur l’honneur de la gendarmerie sénégalaise ». Révélations qui mettent le général sur la sellette. Le moins que l’on puisse dire, c’est que, pour une fois, la Grande muette n’a pas été muette. Car il est rare qu’au sein de cette corporation où la discipline est de rigueur, un colonel s’en prenne de cette manière à son supérieur hiérarchique. Cela est d’autant plus surprenant que le colonel Ndaw et le général Fall, en plus d’être des militaires, exerçaient des fonctions diplomatiques qui, on le sait, exigent beaucoup plus de réserve. C’est à n’y rien comprendre. S’agit-il là d’un acte de patriotisme ou d’un simple désir de nuire au général Fall ? C’est la question qu’on se pose. Le colonel Ndaw voudrait faire des révélations sur le dossier casamançais qu’il s’y prendrait autrement. En la matière, la presse est la voie la mieux indiquée. Pourquoi donc a-t-il choisi de s’offrir de cette façon en spectacle, avec tous les risques que cela comporte ? D’ailleurs, le colonel Ndaw a été rappelé au pays pour y être entendu, quittant ainsi ses fonctions d’attaché militaire à l’ambassade du Sénégal à Rome où il était en poste. Ainsi donc, en voulant chercher des noises à l’autre, l’homme s’emble s’être tiré une balle dans le pied. Et l’honneur revient au général Fall qui, tirant les conclusions de ces accusations, a démissionné de son poste d’ambassadeur pour se mettre à la disposition de la Justice de son pays. Pour un acte patriotique, c’en est un, surtout dans une Afrique où les dirigeants n’ont pas la culture de la démission. Ils préfèrent s’accrocher à leurs privilèges, foulant ainsi au pied le sens de l’honneur qui devrait les caractériser.
Le Sénégal montre une fois de plus la voie à suivre
Les exemples sont tellement nombreux sous nos tropiques que l’on se perdrait à vouloir tous les citer. Pourtant, dans une démocratie normale et fonctionnelle, tout dirigeant mis en cause dans une sale affaire, se doit de quitter systématiquement son poste pour permettre à la justice de faire son travail en toute sérénité et en toute indépendance. L’un des exemples les plus parlants est celui de Richard Nixon qui avait démissionné de son poste de président, en 1974, accusé d’avoir espionné son opposition. C’est dire si le Sénégal montre une fois de plus la voie à suivre aux autres pays du continent. Sous d’autres cieux, le président Macky Sall aurait développé des artifices pour protéger l’ambassadeur Fall. Mais le sens de l’honneur et la peur de l’opinion nationale ont poussé le sieur Fall à prendre les devants pour ne pas courir le risque de se faire limoger. C’est tout à son honneur. Reste maintenant à espérer que toute la lumière sera faite sur cette affaire. La balle est donc dans le camp de la Justice sénégalaise. Dans l’hypothèse où l’ambassadeur est blanchi, ce serait la preuve que le colonel Ndaw était animé d’une mauvaise intention et que sa démarche avait pour but de nuire. Donc, pour l’heure, c’est le wait and see.
Boundi OUOBA