SORTIE DE VIVIANE WADE :Gagner la bataille de l’opinion

Depuis l’arrestation, suivie de la détention de son fils Karim Wade, elle est restée discrète, totalement inaudible sur cette  affaire. Mais l’inquiétude et la peur   auront finalement eu raison de ce que les Dakarois ont qualifié jusque-là d’attitude de dignité.

Viviane Wade, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, est finalement sortie du bois pour dénoncer une « volonté de salir l’image » de son fils.

 

Réaction instinctive d’une mère, ou mise en route d’un plan ?

 

Malheureusement, c’est une sortie qui n’a rien apporté au dossier, dans la mesure où Wade mère n’a fait qu’emboucher la même trompette pour distiller les mêmes notes  que le père et le fils avant elle. Ce faisant, nombreux sont ceux, au pays de la Teranga, qui se posent des questions sur le bien fondé de sa sortie. Si certains veulent bien y voir la réaction d’une mère qui, d’instinct, est portée à défendre son rejeton quelle que soit sa faute, on ne peut néanmoins manquer de se demander pourquoi cet instinct maternel ne se réveille  qu’un an après l’incarcération de son fils. Plus déconcertant encore, le retrait du père, avocat de profession, qui est le maître d’ouvrage de toute la charpente de la défense de Karim Wade, et qui plus est, est celui qui a mis l’aîné des Wade fils dans cette situation.

Alors, réaction instinctive d’une mère, ou mise en route d’un plan qui participe d’une stratégie des Wade pour gagner la bataille de l’opinion ? Une chose est sûre, cette sortie de Viviane  Wade achève de convaincre les Sénégalais que la sérénité ne règne plus tant dans la famille, et que cette confiance que l’on affichait n’est en réalité que de façade.

Du reste, Viviane Wade n’a pu s’empêcher de le reconnaître devant les journalistes de RFI. « Je suis très inquiète ».

Une inquiétude à laquelle est sans doute associé un sentiment de culpabilité, pour avoir propulsé leur rejeton au devant de la scène politique, en le plaçant plusieurs  fois à la tête de ministères taillés sur mesure par son président de  père. Avant de continuer à dénoncer une soi-disante cabale politique  et à descendre en personne dans l’arène pour défendre un grand garçon de la trempe de Karim, Viviane Wade devrait se poser des questions sur sa propre responsabilité dans le sort qu’est celui de son fils aujourd’hui.

 

Tout porte à croire que la France a décidé de s’impliquer à fond dans le dossier Karim Wade

 

L’argument de la cabale politique est devenu si facile qu’on n’hésite plus à le jeter comme un os à la presse, chaque fois qu’on est à cours d’arguments. Des hommes politiques comme Hama Amadou n’ont pas hésité à s’en servir pour justifier une fuite sans honneur, abandonnant son épouse en prison.

Quelles preuves Viviane Wade a-t-elle de l’innocence de son fils ? Quand elle affirme que la justice sénégalaise « parle de milliards et de milliards parce que cela fait rêver les gens », elle reconnaît à quel point elle est déconnectée des réalités que vivent les Sénégalais. Après avoir été pendant plusieurs années première Dame de ce pays, elle ignore que ce dont rêvent ses compatriotes ; ce n’est pas de milliards, mais tout simplement d’un repas   par jour et d’un « gîte » pour se terrer après une dure journée.

Cela dit, vu la tournure que prend ce procès depuis l’évacuation de Bourgi, on peut dire que l’inquiétude de Viviane tire à sa fin, car tout porte à croire que la France qui n’abandonne jamais ses fils, a décidé de s’impliquer à fond dans le dossier pour extirper Karim Wade des griffes de la cour de répression de l’enrichissement illicite : l’acte 1 de cette implication pourrait être le départ organisé de Bourgi en France, pour des soins.

L’acte 2 serait le non-lieu pour manque de preuves, puisque le principal co-accusé, Bourgi, ne retournera pas au Sénégal.

 

Dieudonné MAKIENI