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SOUPÇONS DE FRAUDES ELECTORALES AU MALI


 La Cour constitutionnelle face à ses responsabilités

Alors que les résultats définitifs du premier tour de la présidentielle du 29 juillet dernier sont attendus demain 8 août 2018, le ton monte à Bamako, au Mali. En effet, après avoir déposé des recours auprès de la Cour constitutionnelle, 18 candidats de l’opposition ont organisé une conférence de presse, hier, 6 août, pour dénoncer ce qu’ils appellent « un coup d’Etat électoral ». Tout en exigeant un recomptage des voix, Soumaïla Cissé et ses camarades qui, dans un premier temps, réclamaient la démission de 6 juges constitutionnels dont ils doutent de l’impartialité, demandent désormais le départ immédiat du ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation,  Mohamed Ag Erlaf, qui est le principal organisateur du scrutin. Et ce n’est pas tout. L’opposition organise un meeting aujourd’hui, 7 août, pour dénoncer des « fraudes massives » lors du dernier scrutin qu’elle qualifie de «mascarade électorale ». Et ce faisant, elle appelle au « rassemblement et à l’unité d’un front dit républicain » pour faire échec au président Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK). En tout cas, si jusque-là, les uns et les autres avaient salué l’élégance de l’opposition malienne qui, pour faire entendre sa cause, a décidé de recourir aux voies légales, il y a cependant lieu d’être  inquiet quand celle-ci appelle ses militants à descendre dans la rue. C’est un pas qu’elle a vite fait de franchir.

Les juges constitutionnels se doivent de trancher en toute impartialité

Certes, on comprend qu’il s’agit, pour elle, d’une manière   de mettre la pression sur la Cour constitutionnelle, mais le contexte sociopolitique du Mali, il faut le dire, ne se prête pas à ce genre de manifestations publiques. Car, en plus de la menace djihadiste qui est une réalité, il faut craindre un affrontement entre les partisans des deux camps rivaux qui, faut-il le rappeler, sont sur leurs nerfs. C’est pourquoi il y a lieu d’en appeler à la responsabilité de la classe politique malienne. Le Mali n’a pas besoin d’une crise post-électorale, surtout que sont déjà prégnants les clivages ethno-régionalistes dans ce pays où Peuls, Touaregs, Sonrhai et Malinké se côtoient sans  vraiment  se faire confiance. Face à ce climat tendu qui menace de nouveau l’unité nationale du Mali, les juges constitutionnels se doivent de trancher en toute impartialité, pour autant qu’ils ne veuillent pas jeter de l’huile sur le feu. Ils y ont d’ailleurs intérêt. Car toute autre attitude suspecte ne ferait qu’apporter de l’eau au moulin de l’opposition qui crie haro sur le baudet.

En tout cas, la Cour constitutionnelle malienne est face à ses responsabilités. Car, de sa capacité à rester à équidistance des chapelles politiques et à se mettre au-dessus de la mêlée, dépendra l’avenir du peuple. En tout cas, les grands juges kényans, eux, avaient fait le choix d’entrer dans l’histoire par la grande porte en prenant le parti du peuple. Ceux du Mali en feront-ils autant ? On attend de voir.

B.O


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