SOUTIEN DE BEDIE A ADO :Vers une traversée du désert pour le Front populaire ivoirien (FPI)

Les dernières sorties du Front populaire ivoirien (FPI), de l’ex-président Laurent Gbagbo, semblent avoir eu encore pour effet de consolider les liens entre le Rassemblement des Républicains (RDR) au  pouvoir, et le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). Et en se ralliant officiellement à son vieux compagnon ADO actuellement au pouvoir, Henri Konan Bédié (HKB) a probablement coupé l’herbe sous les pieds d’éventuels prétendants. De quoi faire grincer des dents !

 

Le socle PDCI-RDR reposera sur le legs d’Houphouët Boigny

 

C’est sous les applaudissements de la foule, chez lui à Daoukro, dans le centre du pays, que HKB a annoncé son soutien à l’actuel chef de l’Etat Alassane Dramane Ouattara (ADO).   Ainsi prend fin donc un doute qui planait depuis plusieurs mois. Reste toutefois à savoir si ADO peut se fier à l’électorat acquis à la cause du PDCI.

Ce soutien de HKB n’a rien de surprenant, et le vieux militant du PDCI n’a point été mal inspiré. Lui et ADO s’étaient déjà par le passé, engagés à demeurer solidaires et surtout fidèles à l’esprit de leur mentor, Feu Félix Houphouët Boigny, fondateur du PDCI, et père de l’indépendance de la Côte d’Ivoire. Le socle PDCI-RDR reposera ainsi sur le legs d’Houphouët Boigny.  

Comme par le passé, le récent tête-à-tête HKB-ADO fait des gorges chaudes. Des voix discordantes, il n’en manque pas au sein du PDCI, lequel ne compte pas que des pro-RDR ou des pro-Ouattara. Des militants du parti de l’Eléphant sont amers, car ils estiment que le PDCI a été payé en monnaie de singe, après avoir contribué à l’avènement d’ADO au pouvoir. Il y a aussi et surtout ceux qui reprochent à HKB d’en faire à sa tête, et donc, de ne pas respecter l’esprit ayant prévalu lors de précédents congrès du PDCI. Ces militants avaient toujours espéré voir le parti désigner son propre candidat, contre celui du RDR.

Que pourraient bien faire les éventuels dissidents ? Voudront-ils rester et faire profil bas, ou démissionner du parti ? Iront-ils jusqu’à créer leur propre parti ? Dans un tel cas de figure, et dans le contexte actuel en Côte d’Ivoire, un tel départ pourrait signifier une mort politique individuelle. Car, et l’expérience le prouve, il sera très difficile de rallier les tenants actuels de l’opposition, les plus radicaux étant justement des pro-Gbagbo, vieux adversaires des Houphouëtistes.

 

L’alliance PDCI-RDR tend à contrarier définitivement tout espoir de retour au pouvoir des opposants actuels

 

Par leur dissidence, il est possible que certains ambitieux du PDCI  cherchent à rallier le FPI pour barrer la route à ADO dont ils digèrent toujours mal le mandat à la tête de la Côte d’ivoire. Mais, une telle coalition est-elle vraiment envisageable et durable ? Le FPI qui se fissure, saura-t-il leur ouvrir les portes aussi facilement ? Rêvent-ils de parvenir à façonner ensemble avec d’autres forces, un grand regroupement des forces d’opposition aux Houphouétistes ?

Même conjoncturelle et donc limitée dans le temps, une telle alliance est difficilement envisageable. Des dissidents du PDCI seraient toujours reçus comme des adversaires potentiels et traités comme tels.   Il vaut mieux, dans le contexte actuel, battre sa coulpe, et savoir attendre son heure. Tout autre choix, basé sur des susceptibilités, relèverait de l’aventure. Sans  oublier que même en dehors du parti qu’on quitte, on devient inévitablement la cible des anciens compagnons, sans avoir la certitude qu’on sera bien accueilli chez ceux d’en face.

Le soutien à ADO a relancé le vieux débat qui déchire le PDCI depuis des années. Mais le souci d’une alliance PDCI-RDR s’inscrit dans la durée. Le Premier ministre étant  issu des rangs du PDCI, toute candidature contre ADO serait délicate. Surtout si les deux candidats devaient s’affronter au second tour. Le PDCI et le RDR sont deux partis avec des militants aguerris. Et HKB sait que la Côte d’Ivoire n’a nullement besoin d’instabilité. Garant de l’avenir du PDCI, il luttera sans discontinuer pour en préserver la cohésion. La stabilité du pays en dépend énormément. Or, le bilan d’ADO et du RDR qui inclut le PDCI est somme toute, positif. La Côte d’Ivoire est en chantier et les investisseurs sont de retour après des périodes d’hésitation. Les visites de l’actuel chef de l’Etat dans les régions ont permis de réconforter les cœurs. Normal que des opposants continuent de ruer dans les brancards, sachant que les manœuvres des Houphouétistes ne leur rendra jamais la tâche facile.

Assurément, l’alliance PDCI-RDR, qui vise l’alternance au pouvoir dès 2020, tend à contrarier définitivement tout espoir de retour au pouvoir des opposants actuels. En particulier, une traversée du désert s’annonce pour le FPI. Car, les deux vieux fidèles du père de l’indépendance chercheront toujours à manœuvrer pour perpétuer le souvenir et les idéaux de l’houphouétisme.

 

« Le Pays »