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SUSPENSION DE LA CONTRIBUTION AMERICAINE A l’OMS


On le voyait venir, il est arrivé avec ses grands sabots ! Après les menaces, place à l’exécution. Le président américain, Donald Trump, vient de suspendre – rien que ça ! – la contribution financière américaine à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). L’actuel locataire de la Maison Blanche ne décolère pas contre l’agence onusienne, de s’être « alignée » sur les positions de la Chine qu’il accuse d’avoir initialement caché la gravité du virus lorsqu’il y a fait son apparition en décembre dernier. Ce qui, avance-t-il, a « empêché de contenir l’épidémie à la source avec très peu de morts ». Pékin, pour sa part, s’en défend, assurant que Washington avait bel et bien été prévenue du danger. Alors, qui dit vrai, qui dit faux ? La Maison Blanche a-t-elle été laxiste ? A-t-elle pris, à l’époque, la juste mesure du péril ? Rien n’est moins sûr. En tout cas, la réaction du milliardaire américain dans les premiers instants de l’apparition du virus, renseigne suffisamment sur le peu d’attention qu’il accordait à la maladie, alors que celle-ci était déjà présente sur le sol américain. Du reste, Donald Trump ne parlait-il pas de « virus chinois » ? N’est-ce pas le même qui lançait, sans sourciller, à la face du monde, qu’il se voyait mal en train de porter un masque ? En un mot comme en mille, on a envie de dire que le numéro un américain a pris l’affaire très peu au sérieux et se voit rattrapé par sa négligence. De là à se défausser sur l’OMS au point de lui en faire payer le prix fort, c’est un pas dont seul est capable le sanguin et insaisissable Trump. L’OMS, le bouc émissaire tout trouvé ? Cela a tout l’air. Mais en vérité, si l’organisation onusienne subit aujourd’hui les foudres du magnat de l’immobilier, c’est que ce dernier abhorre la critique. Et des griefs formulés à son endroit depuis la survenue de la crise sanitaire, il n’en manque pas, y compris parmi ses concitoyens.

On peut nourrir l’espoir que l’OMS trouvera dans cette épreuve liée à sa brouille avec les USA, une occasion de se réinventer

Il reçoit en plein visage, l’effet boomerang de son aversion pour l’Obamacare (cette réforme phare de son prédécesseur, qui visait à garantir une assurance maladie à tous les Américains) qu’il s’est minutieusement employé à détricoter. Toutes choses qui lui valent les vives critiques de bien de ses concitoyens qui se retrouvent aujourd’hui démunis face à la maladie. Et c’est peu dire que sa négligence associée à la « liquidation » de l’Obamacare pourrait lui coûter bonbon quand l’heure viendra, pour lui, de solliciter à nouveau les suffrages du peuple américain. Cela dit, la « politisation » trumpienne du virus, comme l’a, du reste, regretté le patron de l’OMS, Tedros Adhanom, risque d’impacter grandement l’organisation dans la mesure où les Etats-Unis en sont les plus gros contributeurs avec plus de 400 millions de dollars par an. Au-delà, c’est toute l’humanité entière qui risque d’y laisser des plumes, et en particulier l’Afrique. Car, en décidant de couper les vivres à l’OMS, à un moment pourtant aussi crucial, les Etats-Unis la contraignent à revoir ses ambitions à la baisse dans sa politique de riposte contre la pandémie. Cela, hélas, dans un contexte où seule une attitude d’unité et de solidarité permettra à ce monde en détresse, de surmonter cette dure épreuve sanitaire. On peut toutefois nourrir l’espoir que l’OMS trouvera dans cette épreuve liée à sa brouille avec les USA, une occasion de se réinventer. C’est parfois dans l’adversité que l’on avance. Si les Etats-Unis continuent dans leur logique de repli sur soi, l’OMS devrait trouver les ressorts nécessaires pour rebondir au risque de continuer à subir les caprices et autres foucades du milliardaire américain. On peut par ailleurs s’interroger : et si le vide laissé par les Etats-Unis, était comblé par la Chine, en termes de contributions financières supplémentaires ? Parallèlement, les autres pays membres de l’organisation reverraient à la hausse leurs apports. Une façon de résoudre l’équation de la suspension financière du pays de l’Oncle Sam. Si l’ambition des USA est de rompre définitivement les amarres avec l’OMS, encore faut-il qu’il prenne la juste mesure de ce qu’il gagne et de ce qu’il perd dans cette nouvelle aventure somme toute risquée.

« Le Pays »


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