SUSPENSION DES ACCORDS ET CONVENTIONS ENTRE LA RDC ET LE RWANDA : En attendant la rupture des relations diplomatiques ?
Depuis que les rebelles du M23 ont repris du poil de la bête en donnant du fil à retordre aux Forces armées de République démocratique du Congo (FARDC), la tension ne fait que monter, chaque jour que Dieu fait, entre Kinshasa et Kigali. On se rappelle, en effet, que l’ambassadeur rwandais à Kinshasa avait été convoqué, il y a de cela quelques semaines, par les autorités congolaises qui lui avaient remis une lettre dans laquelle elles dénonçaient le soutien rwandais au M23. Un groupe rebelle qui, en début de semaine en cours, a fini, à l’issue de violents affrontements, par prendre le contrôle de la ville stratégique de Bunagana située à la frontière avec l’Ouganda. Toute chose qui a irrité davantage le président congolais, Félix Tshisékédi qui, à l’issue d’un Conseil supérieur de la défense, a franchi un palier en annonçant la suspension de tous les accords et conventions conclus avec le Rwanda. Certes, pour l’instant, il ne s’agit que d’une simple suspension des accords et conventions, mais à l’allure où vont les choses, les deux voisins, à l’instar de l’Algérie et du Maroc, risquent d’aller vers une rupture diplomatique comme le souhaitent ouvertement certains Congolais qui en ont gros sur le cœur contre Kigali. En témoigne la manif du 15 juin dernier à Goma où des milliers de Congolais ont crié leur ras-le-bol, tout en exprimant leur soutien indéfectible aux forces de défense et de sécurité engagées au front dans le Rutshuru.
La RDC et le Rwanda ont tout intérêt à trouver un terrain d’entente
Cet élan de patriotisme, somme toute compréhensible, suscite cependant des appréhensions d’autant qu’il peut déboucher, s’il n’est pas encadré, sur la culture de la xénophobie, notamment vis-à-vis des Rwandais qui vivent sur le territoire congolais. C’est sans doute afin de prévenir de telles dérives aux conséquences incalculables, que le Conseil supérieur de la défense a instruit le vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur à prendre toutes les dispositions nécessaires pour éviter à tout prix la chasse à l’homme, la stigmatisation et tout acte susceptible de troubler l’ordre public. Il s’agit là d’une hauteur de vue qu’il convient de saluer, tant en plus d’éviter les amalgames, elle pourrait donner plus de chances aux médiations angolaise et kényane en cours. En tout cas, la RDC et le Rwanda, condamnés qu’ils sont par l’histoire et la géographie, ont tout intérêt à trouver un terrain d’entente face au différend qui les oppose. Ils y ont d’autant plus intérêt qu’une déstabilisation de leur zone frontalière commune pourrait profiter aux groupes armés terroristes qui écument actuellement le Sahel, et qui n’attendent que le bon moment pour s’inviter à la danse. Ce serait le coup de grâce pour les deux voisins.
B.O