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SUSPENSION DU MALI DE L’OIF


Dans un communiqué rendu public, le 25 août dernier, l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), après délibération du Conseil permanent de la Francophonie réuni en visioconférence, suspend la République du Mali de toutes ses instances, tout en maintenant « les actions de coopération bénéficiant directement aux populations civiles ainsi que celles concourant au rétablissement de la démocratie ». Cette sortie de l’OIF n’est en rien surprenante car l’on imagine comment l’institution qui réunit les nations qui ont en partage la langue française, pouvait se mettre en marge de la communauté internationale qui a unanimement condamné le coup de force qui s’est opéré au Mali. L’organisation est d’autant plus dans son rôle qu’elle a inscrit dans ses principes, la promotion de la démocratie et en a fait une valeur fondatrice de son identité et une condition pour l’appartenance à l’organisation. Elle ne pouvait donc pas déroger à l’exigence de respecter ses propres textes face au cas malien, sans être accusée d’avoir des postures à géométrie variable.  En suspendant ainsi le Mali, l’OIF enfonce le clou des sanctions déjà prises par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), destinées à mettre la pression sur la junte militaire au Mali et qui causent déjà beaucoup de mal au pays. En effet, depuis l’entrée en vigueur de ces sanctions, les guichets de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) sont fermés, entraînant, pour les nouvelles autorités maliennes, des difficultés d’engager des dépenses y compris pour payer les fonctionnaires ou pour approvisionner le Mali en carburant. 

 

L’OIF enfonce le clou des sanctions déjà prises

 

Le commerce avec les pays de la sous-région, est aussi à l’arrêt et l’on imagine aisément le traumatisme créé par cet état de fait sur les populations dans un pays qui a de longues traditions marchandes. L’on sait, en effet, que depuis l’époque médiévale, les différents empires qui se sont succédé sur le territoire actuel du Mali, ont fondé leur puissance économique sur les échanges commerciaux qui ont mis en relation l’Afrique subsaharienne et l’Afrique du Nord et même avec tout le pourtour méditerranéen. Le constat que l’on peut donc établir suite à cette avalanche de sanctions destinées à faire partir la junte militaire du pouvoir est amer, tant ces sanctions font  malheureusement et terriblement mal aux populations civiles.  Et l’on donc peut se poser la question sur la fermeté de la communauté internationale qui semble s’être trompée visiblement de cible. Cette situation, l’on ne peut que la déplorer et ce, d’autant plus que toutes ces organisations régionales ou internationales qui ont décidé de soumettre les Maliens à la diète, ont élaboré des mécanismes sur la bonne gouvernance et ne les ont, en aucun moment, appliqués pour ramener le président Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) sur le bon chemin lorsqu’il prenait des libertés dans la gestion des deniers publics. Le peuple malien est donc grillé comme une galette sur les deux faces, et par la mal gouvernance de IBK qui a dilapidé   les maigres ressources nationales et les sanctions financières de la communauté internationale dont le Mali était devenu dépendant.  Face à cette situation, Assimi Goita et ses frères d’armes qui président aujourd’hui aux destinées des Maliens, ne comptent cependant pas se laisser conduire comme des moutons de Tabaski à l’abattoir.  Ils multiplient les rencontres d’échanges avec les forces vives de la Nation pour trouver en interne les ressources dont la prive la communauté internationale.   Mais la question que l’on peut se poser est la suivante : de quoi accoucheront ces conciliabules tous azimuts ?

 

Il faut donc craindre les intérêts personnels et partisans des uns et des autres

 

 La question n’est pas saugrenue, tant les Maliens ont pris l’habitude de mettre plus l’accent sur ce qui les divise que sur ce qui peut les unir. Il faut donc craindre que les intérêts personnels et partisans des uns et des autres, ne prennent le dessus sur l’intérêt de la Nation au moment même où le Mali a besoin de se poser les bonnes questions pour trouver les solutions au mal cyclique de l’instabilité politique qui lui colle à la peau. Et ces bonnes questions sont les suivantes : qu’est-ce qui condamne le pays à revivre de façon régulière  les coups d’Etats qui se sont succédé sans résoudre les problèmes des Maliens ? Quelles prescriptions faut-il établir pour une gouvernance vertueuse au Mali ? Quels dispositifs faut-il inscrire dans les textes fondamentaux du pays, pour à la fois, encadrer cette gouvernance et éviter sans cesse le retour à la case départ qu’imposent les coups de force militaire ? Mais l’on peut bien se douter que ces questions qui permettent un diagnostic profond du mal malien, ne seront pas posées par la junte qui, visiblement, est plus préoccupée à trouver les moyens pour s’installer le plus durablement possible au palais de Koulouba. 

 

« Le Pays »


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