TABA DOYE, 1er VICE-SG du SAMAE : « La diplomatie burkinabè a mal à Alpha Barry »
Le Syndicat autonome des agents du ministère des Affaires étrangères (SAMAE) a animé, hier 28 février 2018, à Ouagadougou, une conférence de presse pour informer l’opinion publique nationale et internationale de la situation qui prévaut au sein du département. Face aux hommes de médias, le syndicat a dénoncé le fonctionnement « de plus en plus chaotique » qui y prévaut, depuis la nomination de Alpha Barry.
Le SAMAE n’apprécie guère la situation qui prévaut au sein du département en charge des Affaires étrangères. Il l’a fait savoir au cours d’une conférence de presse, hier 28 février. Selon le syndicat, depuis la nomination du ministre Alpha Barry à la tête dudit département en 2016, l’on assiste à un « dysfonctionnement sans précédent ». A en croire les conférenciers, cela fait bientôt 6 mois que le ministère n’a pas de secrétaire général et pire, ont-ils dit, le ministre a érigé « son directeur de cabinet en un super secrétaire général », dans le but de « réduire au minimum les éventuels fronts de contradictions face à sa gestion aventuriste, au mépris des textes, règles et principes chers au corps de la diplomatie et de l’administration publique ». Pour étayer leurs propos, les conférenciers ont évoqué le comportement du directeur de cabinet qui s’est opposé à la prise de service d’un agent affecté au cabinet par la commission d’affectation, sous le prétexte qu’il est un syndicaliste. Un acte que condamne le syndicat qui y voit une atteinte aux libertés syndicales. Par ailleurs, Taba Doyé, 1er vice- secrétaire général du SAMAE, et ses camarades ont fustigé « la démagogie, la ruse et les manipulations qui sont devenues monnaie courante» au sein du ministère et auxquelles s’ajoutent « la légèreté et l’amateurisme » dont fait preuve le ministre en matière de management et de gestion des affaires publiques. « Sans jamais rien assumer, M. Barry rejette toujours les erreurs sur les techniciens qu’il a toujours méprisés et ignorés dans le fonctionnement global du ministère », a martelé M. Doyé qui a cité l’exemple de Dr Der Laurent Dabiré qui « est à la maison depuis 2 ans » et dont le seul tort a été d’avoir attiré l’attention de l’autorité sur la règlementation en matière d’intérim.
Du plomb dans l’aile du protocole d’accord
A en croire les conférenciers, M. Dabiré assurait l’intérim à la direction générale des relations multilatérales. « En matière d’intérim, au-delà de trois mois, la règlementation exige que soit l’on nomme l’intérimaire, ou qu’on nomme quelqu’un d’autre à sa place. Et au terme des 3 mois, il (Dr Laurent Dabiré) a demandé à l’administration de le rétablir dans son droit, c’est-à-dire que, soit on l’enlève, soit on le confirme. Son seul bémol a été de poser ce problème. A ce jour où nous parlons, M. Dabiré est à la maison et cela, depuis 2 ans », a laissé entendre le 1er vice-SG. Pour lui, « la diplomatie burkinabè a tout simplement mal à Alpha Barry » au regard du tableau sombre « qui ne donne aucun espoir aux diplomates et au peuple d’attendre de sa diplomatie de meilleurs résultats ».
Concernant la scission intervenue au dernier remaniement ministériel, le syndicat estime que cela est la « conséquence d’un dysfonctionnement profond » et « ne saurait être un remède ». « Le tailleur a certainement remarqué que l’habit dépassait celui qui le portait et il l’a taillé », a ironisé Jean-Baptiste Gagré, 2e vice-SG.
L’autre point abordé au cours de la conférence de presse a été la non-application du protocole d’accord signé le 29 juin 2017 entre le SAMAE et le gouvernement et dont l’opérationnalisation était prévue au plus tard le 30 septembre 2017. Selon M. Doyé et ses camarades, à ce jour, les termes de cet accord ne sont pas respectés par l’autorité et pire, ont-ils relevé, les préoccupations du syndicat sont toujours renvoyées aux calendes grecques ou tout simplement sacrifiées sur la situation actuelle du ministère. A ce titre, le SAMAE a exigé « la mise en œuvre intégrale et immédiate » dudit protocole. Aussi exige-t-il le pourvoi sans délai aux postes faisant l’objet d’intérim aussi bien à la centrale qu’en ambassades, le respect sous toutes ses formes des libertés syndicales au ministère ainsi que le respect de l’orthodoxie administrative. Pour le SAMAE, en cas de non-respect de ces exigences dans les meilleurs délais, il se réserve le droit d’user de tous les moyens légaux en vue de leur satisfaction.
Colette DRABO