HomeA la uneTENTATIVE DE DEGUERPISSEMENT D’UNE FAMILLE A NONSIN : « Si on n’a aucun endroit où aller, jusqu’à la mort, nous ne céderons pas », dixit Eugène Maurice Kaboré

TENTATIVE DE DEGUERPISSEMENT D’UNE FAMILLE A NONSIN : « Si on n’a aucun endroit où aller, jusqu’à la mort, nous ne céderons pas », dixit Eugène Maurice Kaboré


MAQUETTE JPZ 31/01/2012 1Un différend sur une parcelle a fait des gorges chaudes, le 12 mars 2016, à Nonsin, à Ouagadougou. Les occupants de la parcelle litigieuse en l’occurrence, la famille Kaboré, ont été sommés de la quitter. Face à leur refus, les forces de l’ordre y ont été déployées. Nous avons cherché à en savoir davantage.

 

Une ambiance inhabituelle régnait à Nonsin, le 12 mars dernier. En effet, non loin du 10 Yaar, les forces de l’ordre, la gendarmerie nationale en l’occurrence, étaient présentes. Elles avaient sécurisé un tronçon, obligeant les usagers à bifurquer. En face d’elles, une foule de badauds observait. A la question de savoir la raison de la présence des forces de l’ordre, un jeune homme explique en substance qu’une cour devait être rasée, mais que les personnes qui l’occupent refusent de la quitter. Selon ses propos, les forces de l’ordre étaient là pour les obliger à s’en aller.

Effectivement, au sein de la zone sécurisée par la gendarmerie, un Caterpillar était stationné. Devant des cours, des gens, en petits groupes, discutaient passionnément. Pour en savoir davantage, nous avons décidé de les approcher. C’était peu après 9h.  « Vous ne pouvez pas aller plus loin », nous a dit un élément des forces de l’ordre. Et d’ajouter qu’il n’est pas admis qu’on fasse des photos. Mais cela, il l’a dit trop tard car le photographe avait déjà fait des prises.

Quelques minutes après, nous avons pu contacter une habitante de la cour litigieuse. Par un chemin détourné, celle-ci nous a conduit à son domicile. Pendant ce temps, les forces de l’ordre déployées dans la zone quittaient les lieux. Il était presque 10h. Au milieu de la cour, un sexagénaire, Eugène Maurice Kaboré, 63 ans, nous accueille. Il nous explique que tout a débuté en 1947.

 

On était prêt à se sacrifier

 

« Mon papa a construit une maison en étage. A l’époque, cela lui a coûté plus de 6 millions de F CFA.

Lors du tracé de l’avenue de l’Entente, ladite maison a été saisie. Le papa a alors appelé le maire de l’époque, Jean André Diallo et lui a dit qu’au lieu d’être dédommagé, il préférait qu’une portion de terre qu’il possédait soit délimitée. Requête à laquelle le maire Jean André Diallo a accédé. Les techniciens sont venus délimiter le terrain, puis le cadastre est venu borner. Ils nous ont remis le plan de bornage et celui de la délimitation. Le tout consigné dans l’arrêté 628. En 1984, les Comité de défense de la révolution (CDR) ont morcelé notre terrain en 8 parcelles et les ont attribuées », a raconté Eugène Maurice Kaboré. Il a ajouté que la famille compte plus de 40 personnes, et qu’aucun d’entre eux, n’a eu un terrain.  Eugène Maurice Kaboré explique que « le harcèlement » dont ils sont victimes dure depuis 1985 et qu’il est rare qu’un mois passe sans qu’on essaie de les faire partir de force. « Nous avons écrit au président Blaise Compaoré. Il nous a promis de régler cette affaire. Mais il a quitté le pouvoir sans le faire. Nous avons alors écrit au président Michel Kafando. Lui, il nous a envoyé la délégation spéciale. Elle est venue nous voir et moins d’un mois après, elle a fait ses enquêtes puis nous a convoqués pour des confrontations. Elle nous a alors dit qu’elle allait envoyer le dossier dans l’arrondissement 2 », a dit Eugène Maurice Kaboré. Et d’ajouter que la semaine passée, ils se sont rendus  audit arrondissement pour voir si le dossier était arrivé à leur niveau. Un agent les a alors assurés qu’il allait les appeler si le dossier arrive à la mairie. Notre interlocuteur conçoit difficilement qu’une fois de plus, on leur demande de déguerpir alors que le dossier est en instance à la mairie. « Ceux à qui les terrains ont été cédés veulent nous faire déguerpir. Nous avons demandé qu’on cherche une place pour nous. Si on n’a aucun endroit où aller, jusqu’à la mort, nous ne cèderons pas », prévient Eugène Maurice Kaboré. Comme preuve de sa détermination, il montre des bouteilles remplies d’essence.  « Aujourd’hui, on était prêt à se sacrifier », a-t-il conclu. Quant à ceux à qui les parcelles ont été attribuées, nous n’avons pas pu entrer en contact avec eux.

 

Thierry Sami SOU

 

 

 

 


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