TIRAILLEMENTS AUTOUR DE LA PRESIDENTIELLE AU SENEGAL : Force doit rester aux institutions
L’on n’est visiblement pas encore sorti de l’imbroglio politique au Sénégal, tant la confusion demeure totale autour de la date de la prochaine présidentielle. En effet, dans des sorties différentes, l’une après l’autres, le Gouvernement et le Conseil constitutionnel ont annoncé, le 6 mars dernier, deux dates de l’élection présidentielle, respectivement le 24 et le 31 mars. Des tiraillements entre l’Exécutif et les « Sages » qui viennent confirmer toutes les difficultés des Sénégalais à déterminer une date précise pour aller élire le cinquième président de leur histoire qui ne sera certainement pas Macky Sall, lui qui est en fin de mandat et constitutionnellement disqualifié de la course à la magistrature suprême. Mais à la lumière des deux propositions, un constat se dégage, patent : la date de l’élection a été avancée, et elle pourrait même avoir lieu avant la fin du mois de mars, donc avant la fin du mandat du président sortant qui arrive à son terme le 2 avril prochain. C’est assurément un pas en avant pour le Sénégal, au regard des différentes dates qui ont été proposées jusque-là après le report du 25 février. Et cela est à mettre à l’actif du Conseil constitutionnel qui s’est toujours opposé à toute date fixant le scrutin au-delà de la durée du mandat du président en exercice. Et ni l’Assemblée nationale, qui avait reporté la présidentielle jusqu’au 15 décembre 2024, ni le président Macky Sall encore moins les membres du Dialogue national qui eux, avaient proposé la date du 2 juin, n’ont réussi à faire fléchir les «Sages», déterminés qu’ils sont, à faire respecter la Constitution.
Les institutions ont toujours porté la démocratie au Sénégal
Il faut donc saluer cette force des institutions au Sénégal, notamment le Conseil constitutionnel qui sauve sans doute ce pays. En effet, il a toujours su rester dans son rôle malgré le passage en force maintes fois tenté par le président Macky Sall pour s’offrir un précieux temps additionnel sur la durée de son mandat à la tête de l’Etat. Aussi, dans la crise politique qui secoue le pays depuis que le natif de Fatick a allumé la mèche en reportant l’élection présidentielle du 25 février dernier, cette institution a souvent été le dernier rempart pour éviter que la situation ne s’explose et ce, à travers ses positions ou décisions prises. C’est la preuve d’une vitalité démocratique au pays de la Teranga qui est jusque-là présenté comme l’une des démocraties modèles sur le continent. Et pour préserver cette image qui a dernièrement été écorchée par le président Macky Sall, force doit rester aux institutions, elles qui ont toujours porté la démocratie dans ce pays. Cela est d’autant une nécessité qu’il urge de dresser un calendrier clair afin de permettre aux millions de Sénégalais de se rendre dans les urnes pour choisir leur président et ainsi mettre fin à la crise qui secoue le pays depuis plusieurs semaines. Cela dit, l’exemple sénégalais devrait inspirer bien des pays sur le continent, en particulier dans sa zone francophone où la démocratie est en souffrance. En effet, ce qui s’est passé au Sénégal, avec un président tripatouilleur mis en échec par le Conseil constitutionnel, est difficilement imaginable dans nombre de pays d’Afrique de l’Ouest où les institutions sont pour la plupart, des caisses de résonance au service du parti au pouvoir. De ce fait, si ce n’est pas le président qui allait tenter un coup de force pour se maintenir au pouvoir, ce sont les bidasses qui allaient s’inviter dans la danse. Et de tels scénarios, on en a tellement vu sous nos cieux, malheureusement !
Siaka CISSE