HomeA la uneTOURNEE AFRICAINE D’EXPLICATION DU GOUVERNEMENT BURUNDAIS : Nkurunziza joue le dernier acte de sa forfaiture

TOURNEE AFRICAINE D’EXPLICATION DU GOUVERNEMENT BURUNDAIS : Nkurunziza joue le dernier acte de sa forfaiture


 

Quel sacré gymnaste! Après avoir passé haut les mains, les obstacles menant à son 3e  mandat, Pierre Nkurunziza vient d’entamer  la dernière étape de sa forfaiture. En effet, le gouvernement burundais vient d’achever une tournée sous-régionale qui l’aura conduit en Tanzanie, en Ouganda et au Kenya.  Objectif: montrer aux yeux de tous que le dialogue politique avec l’opposition burundaise, est en marche avec l’entrée dans les institutions de la République du Burundi, de la figure emblématique de l’opposition burundaise, Agathon Rwasa et cinq de ses  partisans. Et tout laisse penser que les envoyés du pasteur Nkurunziza, parmi lesquels figurait le Judas de l’opposition burundaise Agathon Rwasa, ont été entendus. Si l’on en juge notamment par la réaction du président kényan, Uhuru Kenyatta, qui a indiqué qu’ils peuvent désormais compter sur son soutien. On pourrait donc dire que tout est en passe  de baigner pour Pierre Nkurunziza. En tout cas, il joue le dernier acte de sa forfaiture, celui de chercher à redorer son blason à l’extérieur,  après les assassinats d’opposants, les pires formes de violences infligées aux manifestants anti- troisième mandat. Et sauf cataclysme, Nkurunziza réussira parfaitement son coup. Cela d’autant plus qu’il aura, en bon dictateur, réuni toutes les conditions pour parvenir à ses fins. Qui aurait imaginé qu’Agathon Rwasa plongerait sa barbichette dans la soupe fétide de Nkurunziza? Mais voilà, c’est ce dernier que le pouvoir brandit aujourd’hui comme trophée pour signifier à ceux qui se préoccupent encore du sort du Burundi, qu’ils peuvent dormir tranquille, du moment qu’il n’y a plus le feu dans la maison, que l’opposition et le pouvoir regardent désormais dans la même direction. Assurément, Agathon Rwasa constitue une prise de taille, un atout majeur pour la légitimation du pouvoir contesté de Nkurunziza.

Si Nkurunziza a éprouvé le besoin d’envoyer ses ouailles prêcher, c’est qu’il commence à ressentir le poids de l’isolement

Le leader de l’opposition ayant entériné le troisième mandat du satrape du Burundi, qui peut encore s’y opposer? Pas, en tout cas, les capitales où la délégation gouvernementale s’est rendue, qui n’auraient aucun intérêt à se montrer plus royalistes que le roi. Certes, les autres opposants ne semblent pas avoir dit leur dernier mot.  Mais ces derniers ne comptent que pour du beurre aux yeux de Nkurunziza. C’est dire que les Burundais n’auront désormais que leurs yeux pour pleurer. Et ils peuvent pleurer toutes les larmes de leur corps, Nkurunziza étant aujourd’hui plus que jamais serein. Il est même en roue libre d’autant qu’ il n’y a pas d’actions fortes qui puissent le contrarier d’aucune façon. Bien au contraire. D’ailleurs, il a réussi à mettre Interpol à contribution pour surveiller et arrêter les opposants burundais exilés, faisant valoir qu’ils auraient commis des actes indélicats et qu’ils devraient par conséquent être remis entre les mains de la Justice burundaise. Nkurunziza fortifie donc son pouvoir. Cette épée de Damoclès  va, à coup sûr, réduire la mobilité des opposants burundais comme Onésime Nduwimana dont le passeport a failli être retiré par la police belge, la semaine dernière. En tout cas,  le terrain est favorable à Nkurunziza et il serait difficile, voire impossible pour l’opposition burundaise de faire évoluer la situation en sa faveur. Toutefois, il convient de souligner que si Nkurunziza est en passe de réussir à faire accepter son coup de force, c’est bien à cause de la lâcheté de la communauté internationale qui n’aura rien fait pour l’empêcher d’assassiner la démocratie au Burundi. Si elle avait tapé , dès le début, du poing sur la table, on en serait pas là. Mais il serait injuste de condamner la communauté internationale sans dénoncer le comportement des chefs d’Etat de la région qui, il faut bien le dire, auront aussi préféré caresser Nkurunziza dans le sens du poil, dans leur propre intérêt. En dehors du président rwandais Paul Kagamé qui a pris ses distances avec le boucher de Bujumbura, les autres dirigeants de cette partie de l’Afrique auront plutôt accompagné leur homologue dans sa folie du pouvoir. C’est pourquoi les émissaires du président mal élu n’ont pas fait le déplacement de Kigali . Quelles seront les prochaines destinations ?  Cela dit, si le pasteur Nkurunziza a éprouvé le besoin d’envoyer ses ouailles prêcher la bonne nouvelle qui n’en est pas une, c’est qu’il commence à ressentir le poids de l’isolement. Et cette tournée vise justement à desserrer l’étau autour de lui, à le rendre plus fréquentable et in fine, à crédibiliser son pouvoir acquis illégalement et sur fond de terreur.

Dabadi ZOUMBARA


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