TRADITION ET POLITIQUE : Médiation réussie du Mogho Naaba
C’est finalement dans la cour royale du Mogho Naaba que s’est joué le dernier acte de la crise entre le RSP et les Forces Armées Nationales. Bien d’autres crises engageant la vie de la Nation, se sont dénouées sous les arcanes de cette emblématique bâtisse, prouvant qu’à l’image des enclaves diplomatiques inviolables, le palais du Mogho Naaba est une haute enclave morale. Il se construit ainsi dans l’imaginaire collectif national et international que cette cour qui s’affirme comme un lieu de règlements de litiges et de consensus est le symbole de la paix et de la concorde nationale. A quoi est due cette notoriété ? D’abord à l’histoire. C’est dans ce palais que s’est organisée la lutte pour la reconstitution de la Haute-Volta créée en 1919 puis supprimée en 1932 et repartie entre les colonies du Niger, du Soudan français et de la Côte d’Ivoire. Naaba Sagha IV, à travers le parti qu’il avait créé à cet effet, l’Union Voltaïque, s’est fait le porte-étendard de cette lutte au nom de toutes les populations voltaïques, jusqu’à la reconstitution en 1947. Ce palais est donc le berceau de la Nation et quand la vie de cette nation est menacée, les Burkinabè vont y puiser les ressources du vivre-ensemble. Ensuite, à la personnalité de l’actuel locataire de ce palais, le Naaba Baongo. Soucieux de préserver l’héritage de ses pères et de le léguer aux générations futures, l’homme s’est toujours mis au service de la paix et de la concorde, bien conscient que cet à ces seules conditions que l’on peut construire l’avenir. Son nom de règne, Baongo, c’est-à-dire, plaine ou bas-fond, est en ce sens très évocateur.
Il faut rendre hommage à l’attitude positive de la chefferie traditionnelle et coutumière
Réceptacle de toutes les eaux avec parfois tous les détritus, il est le creuset de la régénérescence. Brisant le mythe de la peur qui s’empare de vous lorsqu’on vous convoque à la cour, il a fait de son palais un havre de paix. Incarnant les valeurs traditionnelles et morales dans ce qu’elles ont de plus noble, il est devenu le modèle auquel s’identifient de nombreux Burkinabè. Mieux, s’étant mis au-dessus de la mêlée en ne s’affichant à aucune chapelle politique malgré l’activisme de certains de ces ministres, il n’épouse que l’intérêt national. L’homme a résisté à tous les chants de sirènes des partis politiques pour faire preuve d’une bienveillante neutralité. Quand on sait que certains souverains (et ils sont nombreux) ont décoiffé des chefs parce qu’ils n’étaient pas du même bord politique, on ne peut qu’admirer la grandeur d’âme de cet homme. Au-delà du Mogho-Naaba, il faut rendre hommage à l’attitude positive de la chefferie traditionnelle et coutumière face à la situation nationale, notamment celle aussi du chef suprême des Bobo Mandarè, qui a vite aussi épousé l’intérêt général. Quelle leçon faut- il tirer de cette action positive des dépositaires de nos traditions ? D’abord, il convient de soustraire la chefferie traditionnelle de la politique. Cette marginalisation positive des dépositaires de nos traditions les mettrait à l’abri de la manipulation politique et renforcerait leur autorité morale. Ensuite, il faut constitutionnaliser ce pouvoir et prendre des textes pour encadrer l’exercice de ce pouvoir afin de le rendre compatible avec l’Etat de droit républicain.
SAHO
le consultant
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Belle analyse, tous les dignitaires coutumier et religieux devaient se comporter de la sorte
23 septembre 2015Mechtilde Guirma
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Enfin mr. Saho en reconnaissant l”importance de la chefferie traditionnelle, vous reconnaissez du coup l’urgence de leur donner un statut ? Depuis le temps qu’on en parle. Sans statut ce sont des gens quii n’existe pas. Cela fait combien de décennie déjà que la question est sur la table déjà sans réponse adéquate ? L’Église la Mosquée. rien qu’à les évoquer sont déjà des statuts à elles confirmées.Tandis que la reconnaissance du statut des chefs coutumiers dans leur rôle spécifique confirme le droit des religions. La chefferie coutumière est une source inépuisable de règles de droit, une source inépuisable d’inculturation et du dialogue inter-religieux, non seulement pour l’action politique, mais aussi pour le développement social, économique.et culturel.
23 septembre 2015Tapsoba Innocent
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Mon seul souhait est d’avoir des informations fiables.
24 septembre 2015