TRANSITION POLITIQUE AU BURKINA : Macky Sall fait le point
Dans le cadre du suivi de la transition, le président de la République du Sénégal a effectué une visite éclair au Burkina Faso le 15 janvier 2015. Au cours de son bref séjour, le président Macky Sall a rencontré les forces vives de la Nation pour échanger sur la transition. Auparavant à l’aéroport, il s’est prononcé sur l’actualité, à savoir l’interdiction de la vente au Sénégal des numéros de Charlie Hebdo et de tout autre journal ayant repris la Une de cet hebdomadaire qui a caricaturé le Prophète Mahomet.
C’est aux environs de 11h 30mn que l’avion du président sénégalais, Macky Sall, s’est posé sur le tarmac de l’aéroport international de Ouagadougou. Après les formalités d’usage entre le président Michel Kafando et son homologue dans le salon présidentiel, le président Macky Sall s’est prêté aux questions des journalistes qui lui ont permis de situer l’objet de sa visite. « Je suis venu voir le président Kafando, le gouvernement ainsi que le Conseil national de la transition (CNT) pour faire le point avec eux et rendre compte au groupe de suivi tripartite (Nations unies – Union africaine – CEDEAO). C’est une visite normale qui entre dans le cadre de la relation fraternelle, surtout de la mission pour le contact de la CEDEAO.
A propos de l’interdiction de vente de « Charlie Hebdo » au Sénégal
Ma présence à Paris le dimanche 11 janvier 2015 aux côtés du président François Hollande, du gouvernement et du peuple français, est une présence qu’il fallait comprendre comme une manifestation de solidarité face à une agression barbare que les Français ont subie suite à la tuerie des membres de la rédaction du journal Charlie Hebdo. Bien entendu, à travers cette présence, j’ai voulu indiquer que le Sénégal s’indignait face à ces méthodes barbares, intolérantes et inacceptables. Je voulais aussi apporter notre solidarité au gouvernement et au peuple français qui nous a été très solidaire. Rappelons-nous ce qui s’est passé au Mali. N’eût été l’intervention du président Hollande, de la force Serval, la sous-région aurait connu des difficultés. C’est cela le sens de ma présence. Ce n’est pas d’être ou de ne pas être Charlie. La question de la liberté de la presse se pose partout dans le monde. Nous sommes des partisans de la liberté de la presse. De notre point de vue, la liberté de la presse ne doit pas nous entraîner vers ce que l’on peut considérer comme de la provocation tout à fait inutile. Du point de vue des Français, la caricature fait partie des dispositifs de la liberté de la presse. De notre point de vue, lorsque cette liberté s’exprime sur une matière extrêmement sensible comme la religion, nous disons attention ! Et lorsqu’on reprend les caricatures de Mahomet, pour le président de la République du Sénégal que je suis, à 95% musulman, je ne peux pas cautionner une telle publication. C’est aussi simple que cela. Donc le soutien à la France pour la lutte contre le terrorisme est resté constant et nous sommes pleinement engagés dans ce combat avec la France. Mais nous ne pouvons pas, au nom de la liberté de la presse, cautionner ou ne pas réagir face à ce qui pourrait être des sources de tensions sérieuses sur l’ensemble de la planète, parce qu’il faut savoir que la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres. C’est dans la compréhension que nous pourrons ensemble respecter ces principes de la liberté de presse, d’expression et d’opinion, mais aussi respecter la liberté de culte. Voilà le sens de l’interdiction du journal qui ne remet pas en cause le soutien fraternel que j’ai vivement exprimé à Paris le dimanche 11 janvier dernier».
Dans l’après-midi, le président sénégalais a rencontré les différentes forces vives de la Nation, la Commission électorale nationale indépendante (CENI), les autorités coutumières et religieuses, les partis politiques, les membres de la société civile et les membres du Conseil national de la transition (CNT). Les échanges avec ces différentes forces vives ont porté sur la transition, l’organisation des élections transparentes et équitable, etc.
Françoise DEMBELE et Colette DRABO